La vérité si je mens ! Les débuts : pas Yallah !

La vérité si je mens ! Les débuts : pas Yallah !

CRITIQUE / AVIS FILM - "La vérité si je mens ! Les débuts" est un prequel dans lequel on retrouve les héros des trois opus au moment de leur passage à l’âge adulte, avec Gilbert Melki dans le rôle du père de Patrick… Mais c’est bien loin d’être concluant !

Depuis plus de vingt ans et trois opus, on suit les aventures dans le sentier parisien de Patrick (Gilbert Melki), son cousin Serge (José Garcia), et ses amis Dov (Vincent Elbaz, puis Gad Elmaleh, et à nouveau Vincent Elbaz) et Yvan (Bruno Solo). On les a connus dans la mouise, mais soudés par l’amitié, le business et le soutien indéfectible de leurs familles, épouses et parents. C’était par le prisme de Eddie (Richard Anconina) qu’on les avait rencontrés et on les avait tout de suite aimés, pour leurs qualités mais surtout pour leurs défauts : Patrick le tchatcheur, Serge le loser menteur, Dov le tombeur et Yvan le bosseur.

On était un peu resté sur notre faim pour le troisième film, qui signait clairement la fin d’un cycle. Alors, quand les co-scénaristes Gérard Bitton et Michel Munz ont annoncé le prequel La vérité si je mens ! Les débuts, qu’ils allaient réaliser eux-mêmes (exit le réalisateur Thomas Gilou), on s’est plutôt réjoui de ces retrouvailles avec la bande pendant le fameux passage à l’âge adulte, et on s’est dit, pourquoi pas ?

Mais, hélas, on a très vite déchanté. Pourtant, ça partait bien, avec un générique à la manière de Amicalement vôtre, qui donne le ton et parvient à intriguer le spectateur. Grâce au morphing entre les acteurs qu’on connaît et les jeunes qui ne s’en sortent pas trop mal pour ressembler à leurs aînés. On découvre ainsi Yohann Manca sous les traits de Patrick, Anton Csaszar est Serge, Mickael Lumière est Dov et Jeremy Lewin est Yvan. Alors certes, on prend un malin plaisir à retrouver les postures, mimiques, gestuelles et tics de parole des uns et des autres, mais surtout ceux de Patrick et de Serge. Car finalement, La vérité si je mens ! Les débuts tourne autour de ces deux personnages-là, les plus mis en avant.

Yohann Manca est un très bon Patrick, on y croit. Il est clairement à la hauteur de Gilbert Melki, d’autant que c’est ce dernier qui interprète lui-même le père de Patrick, dans une mise en abîme assez vertigineuse. Les scénaristes développent donc les raisons qui ont fait de Patrick celui qu’il est devenu : un glandeur assez visionnaire non respecté par son père, mais adulé par sa mère, et qui s’est mis à bosser suite à une déception amoureuse après sa rencontre avec la capricieuse Marie-Laure (Fleur Geffrier).

On se fiche bien de la jeunesse de Patrick, Serge, Dov et Yvan...

On comprend que Patrick a pris de plein fouet le gap avec ce monde cultivé de bourgeois et d’intellos dont il n’était pas issu, mais qu’il a finalement réussi à percer à force de persévérance et d’opportunisme. Soit. Mais cela ne suffit pas. Car là où le film est paresseux, c’est qu’il ne se passe rien pour les autres personnages que l’on ne sache déjà. Pire, les scénaristes ne se sont même pas donnés la peine de raconter ce qui a fondamentalement soudé cette amitié entre les quatre, malgré une scène qui préfigure leurs futures arnaques.

Et hormis Patrick, les trois autres ne changent pas d’un iota en vingt ans d’existence, et c’en est presque angoissant : ils ne se bonifient pas et n’apprennent rien de leurs errements. Comme si leurs caractères étaient inscrits dans le marbre pour toujours et que les trois étaient condamnés à répéter ad vitam aeternam leurs erreurs et expériences de jeunesse.

Ainsi Serge est déjà un mythomane qui galère avec les filles et ment honteusement à ses parents et à leur propos. Dov se tape déjà l’épouse du patron du magasin, Max (François Berléand), qui lui apprend son métier de vendeur. Le personnage d'Hélène (Audrey Dana) a l'âge d'être sa mère et est présenté comme une mante religieuse manipulatrice affamée de sexe, à laquelle Dov n’a pas pu résister, ce qui crée un certain malaise. D'autant que, n'étant pas mère elle-même, son comportement est montré à l’opposé de celui des mères juives enveloppantes, protectrices, voire castratrices des héros, qui ont manifestement perdu, depuis leur maternité, leurs attraits de femmes. Le souci, c’est que là encore, pour ceux qui connaissent les trois films, rien de nouveau dans le même genre de monologues, en moins drôles qui plus est.

Quant à Yvan, personnage pas très fun et sans grand intérêt, même pour les scénaristes, il est déjà sérieux et ennuyeux à vingt ans, en couple avec la râleuse Illana (Noémie Chicheportiche), et surveillant Patrick, tel son Jiminy Cricket. Car tous les deux sont associés dans un vidéo club mais seul Yvan s’est investi et passe ses journées à rattraper les dettes et les oublis de Patrick. Malgré une reconstitution de décors et de vêtements des années 80 plutôt bien vue, on s’ennuie ferme. Les blagues de potaches sont pathétiques, et les clins d’œil très appuyés qui revisitent les nanars du cinéma français, comme les multiples déclinaisons de Les sous doués ou Les bidasses, sont lourdingues.

Pour les connaisseurs, La vérité si je mens ! Les débuts se révèle donc très décevant par rapport aux attentes qu’on pouvait en avoir, et le rare plaisir éprouvé à partager la jeunesse de certains de ses héros, ne parvient nullement à combler l’absence flagrante de scénario. C’est sans doute pour cette raison que ce film navrant risque plutôt de plaire à ceux qui ne connaissent pas les trois premiers et auront envie de les découvrir. Parce qu'on doit bien admettre finalement que sans les interprètes originels de La Vérité si je mens, ce prequel n’a, au fond, ni sens, ni saveur.

 

La vérité si je mens ! Les débuts de Michel Munz et Gérard Bitton, en salle le 16 octobre 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la Rédaction

"La vérité si je mens ! Les débuts" déçoit et n'est pas à la hauteur de ce que les fans étaient en droit d'espérer de ce prequel.

Note spectateur : 3.18 (7 notes)