Le Passager N°4 : un huis clos spatial en sous-régime

Le Passager N°4 : un huis clos spatial en sous-régime

CRITIQUE / AVIS FILM : Le 22 avril dernier, Netflix a dévoilé son nouveau film de science-fiction : « Le Passager N°4 ». Le cinéaste Joe Penna propose ainsi un huis clos spatial sous tension. Voici notre critique du film.

Le Passager N°4 : quand la science-fiction n'en est plus vraiment

Joe Penna est un cinéaste brésilien de 33 ans qui s'est déjà révélé avec le récent et passionnant Arctic, porté par Mads Mikkelsen. Face à ce succès critique, Netflix distribue son nouveau film : Le Passager N°4. Pour l'occasion, le réalisateur se compose un casting efficace et hétéroclite composé de Anna Kendrick, Toni Collette, Daniel Dae Kim et Shamier Anderson. Il place ces quatre personnes dans une navette spatiale en direction de Mars. Mais ce vaisseau n'est fonctionnel que pour trois personnes. L'histoire chavire quand un quatrième passager, dissimulé quelque part dans le véhicule, apparaît malgré lui.

Le Passager N°4
Le Passager N°4 ©Netflix

Joe Penna cherche avec Le Passager N°4 à proposer un film de science-fiction ultra réaliste. Si l'Homme ne va pas encore sur Mars, le reste du film s'apparente plus à une fiction qu'à véritablement de la science-fiction. Une volonté logique de la part du cinéaste qui signe un huis clos sous tension, mettant en place un survival physique et psychologique intéressant. Le réalisateur veut ainsi aborder le voyage spatial via un portrait concret et pragmatique. Ici, pas de mise en scène excessive, pas de gros twists inattendus, mais bien une exploration spatiale scientifique qui tourne au drame. Ainsi, Le Passager N°4 s'inscrit parfaitement dans la continuité d'Arctic. Que ce soit à travers sa mise en scène ou ses thématiques de survie en milieu hostile.

Un divertissement monotone

Malheureusement, Le Passager N°4 ne parvient pas totalement à soumettre la tension qu'il cherche à mettre en place. Joe Penna n'arrive pas à imposer son rythme, trop lent pour totalement convaincre. Sa durée de 1h56 est trop excessive. En effet, le film aurait gagné en impact et en punch en s’élaguant de quelques séquences dispensables. Le long-métrage manque malgré tout de retournements de situation, préférant rester très cartésien, en mettant en lumière la stratégie de survie de ses protagonistes. Une façon d'aborder l'histoire de manière très terre à terre, tout à fait louable, mais qui manque parfois de variation. De même, Joe Penna ne s’embarrasse pas d'un quelconque éclaircissement expliquant la raison de la présence du personnage de Shamier Anderson dans la navette. Un élément qui manque cruellement au scénario pour lui donner une crédibilité totale. Forcément, difficile de croire totalement à l'histoire par la suite.

Zoe Levenson (Anna Kendrick) - Le Passager N°4
Zoe Levenson (Anna Kendrick) - Le Passager N°4 ©Netflix

Globalement, Le Passager N°4 est un film gentiment soporifique. Une proposition académique qui manque de folie, que ce soit dans l'écriture ou sa mise en scène très conventionnelle. Reste quelques éléments très bien pensés, par exemple dans l'expression d'Hypérion (l'entreprise qui a envoyé les personnages dans l'espace). Cette firme qui dicte les ordres n'est jamais matérialisée, que ce soit visuellement ou de manière auditive. Les protagonistes offrent ainsi des monologues intriguant lorsqu'ils communiquent avec leurs patrons, tandis que les spectateurs ne reçoivent jamais la réponse d'Hypérion. Une manière pour Joe Penna de diaboliser les puissants. Ceux qui prennent les décisions, loin de l'action et du danger, interagissant dans l'ombre. Une entreprise qui restera toujours invulnérable, comme une divinité dangereuse, qui a la vie de ces quatre voyageurs entre ses mains.

Une mise en scène bien pensée, qui pointe du doigt l'hégémonie d'une société où l'individu n'est rien face aux décisions des puissants. Joe Penna explique également que les rouages de cette société sont fragiles. Et que le moindre petit grain de sable imprévu peut entraîner la chute d'un système entier, pourtant parfaitement défini. À noter également les prestations solides de son casting, qui permettent de donner de la vie au produit. Anna Kendrick en tête.

Le Passager N°4 de Joe Penna, disponible sur Netflix à partir du 22 avril. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Un huit clos spatial appliqué et intéressant mais qui ne parvient pas totalement à créer la tension qu'il cherche à mettre en place. Reste un quatuor de comédiens compétents et efficaces.

Note spectateur : Sois le premier