Les Bonnes étoiles : Hirokazu Kore-eda réalise un nouveau miracle

Les Bonnes étoiles : Hirokazu Kore-eda réalise un nouveau miracle

CRITIQUE / AVIS FILM – Trois ans après "La Vérité", Hirokazu Kore-eda est de retour au cinéma avec "Les Bonnes étoiles". Une réussite majeure pour le réalisateur japonais.

Les Bonnes étoiles : une nouvelle affaire de famille

Hirokazu Kore-eda fait partie de ces cinéastes qui parviennent à se réinventer tout en faisant des films similaires, qui se répondent et forment une œuvre cohérente, ce qui ne les empêche pas d’avoir leur propre richesse. Les Bonnes étoiles comporte par exemple de nombreux points communs avec Une affaire de famille mais s'en distingue clairement.

Une nouvelle fois, le réalisateur s’intéresse à une famille qui n’est pas régie par les liens du sang mais par le soutien et l’amour que ses membres s’apportent au fil du récit. Ici, le groupe n’est pas encore établi lorsque le long-métrage débute.

Les Bonnes étoiles
Sang-hyeon (Song Kang-ho) - Les Bonnes étoiles ©Metropolitan FilmExport

Il y a d’un côté So-young (Lee Ji-eun), une jeune mère qui dépose son nourrisson près d’une boîte à bébé par une nuit pluvieuse à Busan. Sang-hyeon (Song Kang-ho) et Dong-soo (Gang Dong-won) récupèrent immédiatement l’enfant, effaçant les traces de son abandon. Ne voulant pas qu’il soit confié à un orphelinat, les deux hommes veulent le vendre à des parents qui seraient capables de l’élever, convaincus que cela lui donnerait davantage de chances pour l’avenir. En parallèle, la policière Su-jin (Doona Bae) et sa partenaire Lee (Lee Joo-young) enquêtent sur ce trafic et espèrent bien coincer Sang-hyeon et Dong-soo en flagrant délit.

Une œuvre terrassante de bout en bout

Sans jamais porter de jugement sur ses personnages, Hirokazu Kore-eda s’intéresse à leur zone grise. Le cinéaste ouvre son film avec des situations et des images qui ne peuvent qu’interpeller le spectateur, à l’image de cette mère qui pose un ultime regard sur son enfant, sans pleurer mais avec toute la tristesse que cette décision comporte.

Les regards, les gestes et les courts échanges bouleversants sur lesquels le réalisateur n’appuie jamais trop, ne sombrant jamais dans l’émotion facile, Les Bonnes étoiles en contient une multitude. Ce sont souvent eux qui en disent le plus sur les motivations des personnages, leurs choix, leur évolution et leurs dilemmes moraux expliquant leurs points de vue complexes sur l’abandon. Et s’ils ont peut-être été jugés durement dans les premières minutes, l’empathie envers eux grandit rapidement.

Les Bonnes étoiles
Les Bonnes étoiles ©Metropolitan FilmExport

Hirokazu Kore-eda les rapproche au cours d’un voyage qui rappelle que prendre la route fait naître la complicité, l’humour et la tendresse, comme c’était le cas dans Un monde parfait et L’Été de Kikujiro. Un arrêt dans un orphelinat, la découverte inattendue d’un petit farceur caché dans la voiture, les anecdotes racontées avec un goût inoffensif pour le mensonge et l’exagération permettent aux protagonistes de se découvrir véritablement, et donc au spectateur aussi. Le réalisateur s’approprie d’ailleurs parfaitement l’humour décalé du génial Song Kang-ho, comme il avait su utiliser la grâce naturelle, la retenue et l’humour cinglant de Catherine Deneuve dans La Vérité.

Un équilibre éphémère

Alors qu’il assiste à la formation d’une famille improvisée, qu’il aimerait voir prendre la fuite pour vivre heureuse, le spectateur sait pertinemment que son existence ne peut pas durer. Hirokazu Kore-eda joue parfaitement sur ce désir, enchaînant dans le dernier acte une sublime séquence déchirante filmée sur un toit où les enjeux finaux se révèlent et des déclarations d’amour dans le noir, qui viennent accentuer la fatalité du dénouement.

Pour autant, le cinéaste refuse une nouvelle fois l’apitoiement. Si la conclusion de Les Bonnes étoiles est loin d’être exempte de tristesse, elle préfère malgré tout l’espoir. Elle se termine sur un plan qui laisse le spectateur se faire son idée sur la suite des événements, lui offrant ainsi le choix de l’avenir apaisé qu’il aimerait pour ces personnages magnifiques.

Les Bonnes étoiles d’Hirokazu Kore-eda, en salles le 7 décembre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces. Le film était présenté au Festival de Cannes 2022 en compétition officielle.

Les Bonnes étoiles
Tapis rouge cannois de Les Bonnes étoiles © Isabelle Vautier pour cineseries.com

Conclusion

Note de la rédaction

Après "Une affaire de famille", Hirokazu Kore-eda signe une nouvelle merveille avec "Les Bonnes étoiles". En se penchant sur la question complexe de l’abandon, le cinéaste développe une galerie de personnages bouleversants. Délicat, élégant et reposant sur un scénario qui ne cesse de surprendre, le film est une réussite totale.

Note spectateur : 2 (1 notes)