Les Étendues imaginaires : le film noir réinventé

Les Étendues imaginaires : le film noir réinventé

Pour son nouveau long-métrage, "Les étendues imaginaires", Siew Hua Yeo propose son premier film noir et dépeint son propos dans un fait malheureusement d'actualité : la vie ouvrière. Doté d'une esthétique léchée, le film brise les tabous d'une époque postmoderne, vue comme un fléau.

Dans la brume de Singapour - est-ce l'ambiance matinale, ou bien la pollution ? -, l'inspecteur Lok (Peter Yu) décide de se donner corps et âme pour retrouver Wang (Xiaoyi Liu) un ouvrier chinois disparu. Le nouveau film de Siew Hua Yeo, l'éthéré Les Étendues imaginaires, commence sur ce constat accablant et ancré, bien malheureusement, dans le réel. L'illégalité sociale en Chine est encore et toujours saillante, si bien que l'opinion public ne se soucie guère du "bas peuple", comme on peut l'entendre de la bouche des privilégiés ; notamment le monde ouvrier, où tous sont payés au lance-pierre. Tout n'est que mépris et l'empathie n'existe plus. Il est donc d'emblée aisé de s'identifier au personnage si contrasté, mais pourtant attachant, de Lok.

Après des jours de recherches, l'inspecteur se retrouve dans un mystérieux cybercafé, où la nuit y est constante. Il y rencontre Mindy (Yue Guo), jeune femme dont l'existence hors du café n'existe pas - du moins, n'est presque pas montrée dans le film. Siew Hua Yeo installe peu à peu son décor en filmant avec candeur ses personnages, tous pions d'une ville oppressante, calque d'une société qui n'est plus que l'ombre d'elle-même.

"(...) Le film ne cherche pas uniquement à exposer une réalité sociale, l’exploitation des travailleurs, mais aussi à humaniser et partager leurs rêves et leurs espoirs. rêver donne la possibilité de changer et cette transformation fait partie de la vie."

C'est ce qu'a déclaré le cinéaste, et au fond il a raison. Les étendues imaginaires, qui commence comme un film noir tendu, s'émancipe dans son propos et se laisse porter par son nom : l'imaginaire, la pensée, l'interprétation. Et puis, dans une certaine mesure, l'optimisme du rêve.

Un cadre social fort

Mais là où on peut tous se rejoindre, c'est sur l'évidence du message que communique, de films en films, le cinéma de Siew Hua Yeo. Puisque cet ouvrier disparu est avant tout un immigré. Lui, comme beaucoup d'autres, sont coincés dans une boucle intemporelle, qui les piège dans une routine dévastatrice. Lok, qui met le pied dans cet engrenage infernal, se laisse peu à peu perdre dans les pixels du cybercafé. Le seul lieu, virtuel, où les passants peuvent enfin s'aventurer, se perdre de leur plein gré. Un monde empreint d'animosité, dont est obsédé Hua Yeo. Son film en tire les meilleures conclusions, dans son fond comme dans la forme. Dans un essaim magnifique de couleurs, Les Etendues imaginaires fascine d'autant plus. Ses visuels nous hanteront encore longtemps.

 

Les étendues imaginaires, de Siew Hua Yeo, disponible en salle dès le 6 mars 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Dans un essaim magnifique de couleurs, Les étendues imaginaires fascine. Ses visuels nous hanteront encore longtemps.  

Note spectateur : Sois le premier