Mickey 17 : une double dose réjouissante de Robert Pattinson

Mickey 17 : une double dose réjouissante de Robert Pattinson

CRITIQUE / AVIS FILM - Robert Pattinson ne cesse de mourir pour la patrie dans "Mickey 17", comédie SF de Bong Joon-ho qui pointe les dérives d'une expansion humaine dans l'espace.

Bong Joon-ho repasse à l’anglais

Figure majeure du cinéma coréen depuis le début des années 2000 (principalement grâce à Memories of Murder et The Host), Bong Joon-ho a atteint les sommets à l’internationale avec Parasite (2019). Son septième long-métrage a raflé une quantité de récompenses, dont la Palme d’Or au Festival de Cannes et quatre Oscars - meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur film international. Il n’est donc pas surprenant de voir le réalisateur retenter, pour la troisième fois, une expérience en langue anglaise, avec Mickey 17.

En 2013 (Snowpiercer), Bong Joon-ho adaptait la bande dessinée française Le Transperceneige (1982), de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, avec un casting majoritairement anglophone (Chris Evans, Ed Harris, Tilda Swinton...) pour un résultat intéressant bien qu’inégal. Rebelote en 2017 avec Okja, film de science-fiction à visée écologique, mais traité de manière trop enfantine. Avec Mickey 17, Bong Joon-ho continue de créer une vraie disparité dans sa filmographie entre ses œuvres coréennes et les anglophones.

Robert Pattinson, héros loser de Mickey 17

Les obsessions du cinéaste n’ont cependant pas varié selon la langue. On retrouve dans Mickey 17 les thématiques chères à Bong Joon-ho : le rapport entre les classes sociales (Snowpiercer et Parasite), la question du monstre physique (The Host et Okja) en opposition à la monstruosité humaine (Memories of Murder), et la dualité entre écologie et politique, des plus pertinentes actuellement.

Mickey 17 ©Warner Bros.
Mickey 17 ©Warner Bros.

Abordé avec une forme de légèreté de ton bien sentie, Mickey 17 présente son univers par le biais de Mickey (Robert Pattinson), un loser ultime qui, pour fuir un truand, a accepté de devenir un expendable au sein d’une expédition dans l’espace. Expédition organisée par Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), un homme politique évoquant Trump et qui, après avoir perdu des élections sur Terre, souhaite devenir le leader d’une colonie sur une nouvelle planète. Pour s’assurer que le nouveau lieu est habitable, Mickey devra jouer les cobayes. Car en tant qu’expendable, et grâce à une machine très sophistiquée (sorte d’imprimante 3D), Mickey peut mourir et être « réimprimé » à volonté. À chacune de ses morts, sa mémoire est réimplantée dans une copie, lui permettant d’aussitôt retourner au charbon.

Un divertissement au message (trop) clair

C’est autant par la maîtrise des genres de Bong Joon-ho que par la performance de Robert Pattinson (dans un double rôle succulent) que les pires situations deviennent terriblement drôles. Le cinéaste assume d’ailleurs l’aspect divertissement de son œuvre et ne s’embarrasse d’aucune subtilité pour faire passer ses messages. On retrouve là une similitude avec Okja qui, on le rappelle, était sorti dans le monde (hors Corée du Sud) sur Netflix. Pour Mickey 17, c’est le studio Warner Bros. qui a dirigé les opérations. Difficile alors de ne pas interpréter certains choix de Bong Joon-ho comme une crainte de ne pas être compris par le plus grand nombre. Comme si certains passages avaient été lissés pour pouvoir toucher même le neuneu américain.

Ayant davantage d’attente artistique avec Bong Joon-ho, il est regrettable de le voir tomber trop souvent dans la facilité et la caricature grossière. À l’image des deux figures politiques (Marshall et son épouse jouée par Toni Collette), aussi vulgaires que cruelles, et pas moins stupides. De même, passé sa première partie convaincante, le scénario global ne parvient plus à surprendre et se termine après une résolution trop attendue.

Mickey 17 ©Warner Bros.
Mickey 17 ©Warner Bros.

Entre temps, les déboires de ce pauvre Mickey et son opposition avec un double psychopathe ont le don d’amuser. Ce personnage principal, pur et désintéressé, est éminemment touchant. Et que ce soit face à l’excellente Naomi Ackie (Nasha) ou la Française Anamaria Vartolomei (Kai, très juste mais pas assez présente dans le film), Robert Pattinson sait quand s’effacer et se mettre au service du récit. En ressort enfin la part la plus intéressante de Mickey 17, à savoir une critique de l’expansion humaine, de la violence face à l’inconnue et de l’exploitation à outrance. Un récit de science-fiction qui se rapproche de notre réalité historique, et malheureusement toujours d’actualité.

Mickey 17 de Bong Joon-ho, en salles le 5 mars 2025. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Sympathique sans être aussi grandiose que ses films coréens, "Mickey 17" demeure probablement le meilleur film en langue anglaise de Bong Joon-ho, porté par un très bon Robert Pattinson.

Note spectateur : Sois le premier