Persona non grata : un polar survolé

Persona non grata : un polar survolé

CRITIQUE / AVIS FILM – Avec "Persona Non Grata", Roschdy Zem signe son cinquième film en tant que réalisateur. Nicolas Duvauchelle et Raphaël Personnaz incarnent deux amis qui s'associent pour éliminer leur patron. Mais ce polar au scénario bancal parvient tout juste à nous embarquer dans la chute dangereuse de ses protagonistes.

Persona non grata est un remake du film brésilien, O Invasor, sorti en 2002 dans nos salles françaises et réalisé par Beto Brant. Dans la version de Roschdy Zem, deux amis, José (Nicolas Duvauchelle) et Maxime (Raphaël Personnaz), également associés dans une entreprise de BTP, réalisent l'inimaginable après avoir compris que leur patron les mène tous les deux en bateau. Il leur promet monts et merveilles, les fait tous les deux miroiter, mais au fil du temps, les deux ne sont plus dupes. Ils décident donc d'engager quelqu'un pour le tuer. Ce quelqu'un, c'est Moïse, interprété par Roschdy Zem, qui va commencer à se montrer un peu trop présent au sein du chantier sur lequel travaillent Maxime et José, mais également auprès de la fille du patron défunt...

La caméra s'immisce dans la vie des protagonistes, dans leur intimité même. Les plans sont sublimes, très esthétiques, souvent cadrés sur les visages, offrant émotions et sensations. C'est certainement ce qu'il y a de plus agréable dans Persona non grata, avec l'interprétation déchirante de Nicolas Duvauchelle. Comme il l'avait fait dans Bonhomme, l'acteur se plonge là entièrement dans son rôle, se laissant aller à ses extrêmes. Bluffant. Indéniablement, il prend le dessus sur Raphaël Personnaz qui lui, n'est pas tout aussi saisissant dans le registre du film noir, et n'offre malheureusement rien de bien bouleversant.

Un film peu maîtrisé

Alors que la première partie tient en haleine, avec des personnages qui passent d'une vie simple et saine à celle de pseudo-criminels, qui plongent dans l'illégalité pure, la dernière heure se montre ennuyante et ne parvient pas à démêler dignement cette histoire. Dans une interview récente, Roschdy Zem a confié qu'au moment de l'écriture du scénario, il s'est mis dans la tête de quelqu'un qui commet ou du moins commandite un meurtre. Et pour le coup, c'est mission accomplie, puisqu'au début, on compatit pour ces deux hommes qui cherchent à s'en sortir, fatigués de se faire marcher dessus. Après tout, on a tous rêvé de voir disparaître quelqu'un qui fait office de boulet au pied. Mais là, les limites sont dépassées. Le cinéaste va jusqu'au bout de l'idée, en mettant carrément ses personnages dans la position de prédateurs, changeant totalement le rapport de force avec leur patron.

Mais dès lors que celui-ci est éliminé, le film commence à ralentir et à patauger, sans direction. Le scénario se met à tourner en rond, l'histoire n'a plus grand intérêt et ne trouve pas sa fin. Tout comme le personnage de Moïse qu'il est impossible de cerner. Il est tout aussi important dans cette histoire, puisque c'est lui qui révèle la nature de José et Maxime, qu'il peut être un cheveu sur la soupe. Irritant, il rend fou tel un parasite. "Tu es venu t'incruster, à nous sucer le cerveau, comme un putain de virus". Cette phrase prononcée par Maxime résume très bien Moïse, qui est à la fois un personnage riche, tout en se montrant superflu dans de nombreuses scènes. On avouera d'ailleurs que certaines de ses répliques à l'humour noir font sourire.

Après avoir réalisé le très bon Chocolat avec Omar Sy et James Thierré, qui a d'ailleurs reçu deux Césars, Roschdy Zem nous a habitué à un travail de metteur en scène plus imposant. Avec Persona non grata, le sujet est abordé de manière superficielle, sans trop d'originalité, ce qui est bien dommage... On a envie que tout éclate, d'aller aux limites des personnages, qui ne savent finalement que hurler. Un film peu maîtrisé dans le fond, qui ne se laisse pas de liberté et ne lâche pas prise... Résultat, un film noir qui ne marque pas au fer rouge...

 

Persona non grata de Roschdy Zem, en salle le 17 juillet 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

On ne peut s'empêcher de se mettre à la place des personnages durant toute la première partie de ce polar, qui malheureusement ne parvient pas à convaincre en abordant son histoire avec beaucoup trop de légèreté. La faute à un scénario banal.

Note spectateur : 0.45 (1 notes)