Portrait de la jeune fille en feu : amour passionnel de Céline Sciamma

Portrait de la jeune fille en feu : amour passionnel de Céline Sciamma

CRITIQUE / AVIS FILM – Avec son quatrième long-métrage, « Portrait de la jeune fille en feu », présenté en compétition officielle au 72e festival de Cannes, Céline Sciamma filme une passion brûlante entre Adèle Haenel et Noémie Merlant, chargée de peindre en secret le portrait de la jeune femme.

Il y a un moment qu’on suit le parcours de Céline Sciamma. La cinéaste a été révélée en 2007 avec Naissance des preuves, présenté à Un certain regard à Cannes, qui marqua également l’émergence d’Adèle Haenel. Puis, c’est avec Tomboy qu’elle confirma en 2010, avant de livrer en 2014 son troisième film, Bande de filles, en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs. Avec Portrait de la jeune fille en feu, la cinéaste passe un cap, c’est indéniable. Et sa sélection en compétition officielle du 72e festival de Cannes n’est pas un hasard.

En 1770, Marianne (Noémie Merlant) est engagée pour peindre le portrait d'Héloïse (Adèle Haenel), une jeune femme qui a quitté le couvent pour être mariée de force. Alors que la tradition veut qu'un portrait de la femme soit offert à l'époux, Héloïse refuse de poser. Marianne devra se faire passer pour une dame de compagnie pour approche Héloïse, l'observer, et terminer ainsi le portrait. C'est cette observation attentive qui va créer un sentiment, autant chez Marianne qu'Héloïse. Mais comment accepter son propre désir envers une femme du même sexe au XVIIIe siècle ? Sans aller questionner l'homosexualité, Céline Sciamma prend évidemment en compte cet élément pour justifier la durée nécessaire à la mise en place d'une passion brûlante entre les deux femmes. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces de la réalisatrice de ne pas parler directement d'homosexualité ici, mais de parler avant tout d'amour.

Le mythe d'Orphée revisité

Un amour entre Marianne et Héloïse, ou envers Adèle Haenel ? La question peut se poser tant la cinéaste (qui a partagé sa vie avec l'actrice) prend plaisir à la filmer, à l'analyser par le biais de Marianne, qui scrute les moindres gestes d'Héloïse. Par sa caméra posée, en plan rapproché, elle fait monter la tension tandis que les regards se font plus évocateurs. Ainsi le simple fait de découvrir la gorge d'Héloïse crée une sensualité folle. Mais Sciamma ne se précipite pas, et continue de maintenir le plus longtemps possible la libération de leur amour, insistant davantage sur la retenue.

De plus, la cinéaste se veut métaphorique, en usant de plans symboliques (tel que le portrait d'Héloïse brûlant uniquement au niveau de son cœur avant que la robe de la jeune femme ne s'enflamme à son tour) et en revisitant le mythe d'Orphée, lui donnant une interprétation plus poétique et en en tirant toute la tragédie nécessaire. Une tragédie, là encore, d'autant plus justifiée et cohérente dans cet environnement, cette époque et cette imagerie si parfaitement travaillée, où chaque plan apparaît telle une peinture grâce à d’excellents jeux de lumières (à la bougie). Un aboutissement de toutes parts pour Céline Sciamma, qui se place désormais en candidate sérieuse à la Palme d'or.

 

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, présenté à Cannes 2019, en salle le 18 septembre 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Portrait de la jeune fille en feu" met en scène un amour impossible entre deux femmes au XVIIIe siècle. Un film sur la passion superbement dirigé par Céline Sciamma.

Note spectateur : Sois le premier