Resident Evil Bienvenue à Raccoon City : mieux vaut ressortir les manettes

Resident Evil Bienvenue à Raccoon City : mieux vaut ressortir les manettes

CRITIQUE / AVIS FILM - La célèbre franchise de jeux vidéo repart à zéro au cinéma avec "Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City". Un retour dans les salles obscures qui ne fait pas vraiment honneur à la licence terrifiante...

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, retour aux origines

En six films, Paul W.S. Anderson est parti dans tous les sens avec la saga Resident Evil. Le réalisateur et producteur n’a pas cherché la fidélité à tout prix envers la licence Capcom mais à mettre en avant l’héroïne incarnée par Milla Jovovich dans des spectacles toujours plus décomplexés. Un parti pris grâce auquel la franchise cinématographique a acquis ses fidèles, conscients du potentiel nanardeux de l’entreprise.

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City emprunte un chemin bien différent. Dans sa structure narrative comme dans son ambiance poisseuse, ce reboot entend revenir aux origines des jeux, en se basant sur l’intrigue des deux premiers. Le long-métrage se concentre sur une nuit particulièrement agitée de 1998. Après avoir fui pendant cinq ans la ville quasiment fantôme dans laquelle elle a grandi, ancien siège de la société pharmaceutique Umbrella Corporation, Claire Redfield (Kaya Scodelario) revient pour tenter d’élucider un mystère. Un habitant l’a mise en garde sur les agissements plus que douteux de l’entreprise, qui contaminerait les citoyens en empoisonnant l’eau.

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City
Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City © Metropolitan Filmexport

Dès son arrivée, Claire est confrontée à des phénomènes étranges. C’est également le cas de Leon Kennedy (Avan Jogia), policier débutant qui découvre que la santé de certaines personnes se détériore de manière alarmante. Alors qu’une alerte retentit en pleine nuit et invite tout le monde à rester chez soi, une équipe des autorités constituée notamment de Chris Redfield (Robbie Amell), Jill Valentine (Hannah John-Kamen) et Albert Wesker (Tom Hopper) est envoyée au manoir Spencer, qui abriterait la source de la menace.

Derrière la nostalgie, le vide

Après l’esthétique post-apocalyptique, le foutoir scénaristique, les effets spéciaux criards et les cascades défiant la gravité, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City tente donc de repartir sur des bases simples. Et la mise en place devrait plaire aux fans des jeux. Dans ses décors, qu’il s’agisse de l’orphelinat, du manoir Spencer ou des habitations désertées, le film recrée le paysage morne qui a autrefois su faire frissonner. Il introduit, par ailleurs, une héroïne charismatique, incarnée par Kaya Scodelario, qui a droit aux meilleures confrontations avec des zombies lors des premières mutations.

L’entrée dans cet univers qui reprend des codes bien connus et réutilisés à foison éveille au mieux un sentiment de nostalgie ou d’inquiétude. Mais elle peine à masquer le vide de l’histoire et l’absence d’identité visuelle qui s’apprête à suivre.

Le long-métrage ne veut pas se heurter à la moindre prise de risque et enchaîne les passages cousus de fil blanc. Dès que l’alarme retentit, le reboot devient une compilation des moments emblématiques des jeux, oubliant ses personnages, son récit mais aussi le fait que le spectateur n’est pas en train d’appuyer sur la gâchette. Les mises à mort ne provoquent que des bâillements polis, reposant en permanence sur les mêmes jump scare, les mêmes effets sonores assourdissants et les mêmes apparitions à peine visibles dans le noir complet.

Tout pour la suite, rien pour le début

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City souffre du syndrome de bon nombre de blockbusters actuels, dans la mesure où il pense déjà à la suite de son univers sans prendre la peine de soigner l’invitation dans ce dernier. En témoigne la désormais sempiternelle scène post-générique dans laquelle un personnage clé retrouve un accessoire emblématique, alors qu’il n’a même pas eu droit à un développement digne de ce nom au cours des deux heures qui viennent de s’écouler. Tout le reste du film fonctionne de la sorte, multipliant les clins d’œil grossiers comme s’ils suffisaient à enrichir une intrigue.

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City
Lisa Trevor (Marina Mazepa) - Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City © Metropolitan Filmexport

Mention spéciale au pauvre Leon et à son passé trouble oublié en cours de route, qui n’a droit qu’à un malheureux éclat et s’impose sans conteste comme le protagoniste le plus ridicule. La seule défense qu’il reste à Bienvenue à Raccoon City est, qu’effectivement, il respecte la licence Resident Evil à travers quelques petites touches, comme le design des créatures. Des petites touches qui ne masquent en rien les facilités de ce produit flemmard, même pas suffisamment mauvais pour énerver.

Une série B beaucoup trop timide

Jamais ludique dans sa manière de traiter les zombies et leurs exécutions, au même titre que la topographie des lieux, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City n’est pas non plus drôle dans sa façon de proposer des transformations répugnantes. C’est pourtant le cas dans les jeux, qui s’autorisent des excès hilarants qui ne nuisent jamais à la frousse qu’ils procurent tant il faut parfois redoubler d’ingéniosité pour en venir à bout. Ici, le monstre final est balayé avec un deus ex machina qui reflète à merveille la fatigue avec laquelle l’équipe de Johannes Roberts (47 Meters Down, Strangers : Prey at Night) a semble-t-il travaillé dessus.

Le long-métrage s’enfonce jusqu’au bout dans un premier degré problématique pour se donner une gravité qu’il n’atteint jamais, tant le cœur n’y est pas. Et les rares apparitions des briscards Donal Logue (Blade, Shark 3D) et Neal McDonough (Vorace, Hitcher), habitués au cinéma de genre qui tâche, ne suffisent pas à rehausser le niveau malgré leur folle envie de cabotiner.

Tout est bien trop sérieux dans Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City mais bien trop désincarné pour que le spectateur y croit. Ce qui donnerait presque envie de réévaluer la saga de Paul W.S. Anderson et Milla Jovovich. C’est dire.

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City de Johannes Roberts, en salles le 24 novembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Désincarné et répétitif, "Bienvenue à Raccoon City" n’est qu’un enchaînement de plates exécutions dans des couloirs non éclairés.

Note spectateur : 1.75 (4 notes)