S.O.S. Fantômes, L’Héritage : est-ce qu’on les rappelle ?

S.O.S. Fantômes, L’Héritage : est-ce qu’on les rappelle ?

CRITIQUE/AVIS FILM - 32 ans après le deuxième opus mis en scène par son père Ivan, Jason Reitman prend la relève à la réalisation de la franchise "S.O.S. Fantômes". Avec "L’Héritage", le cinéaste entend perpétuer l’esprit originel de la saga tout en lui offrant de nouvelles perspectives, comme son titre l’indique. Un retour réussi ?

S.O.S Fantômes, L’Héritage : changement de décor

Après le reboot mal-aimé de Paul Feig sorti en 2016, Jason Reitman donne un nouveau souffle à la franchise initiée par son père Ivan avec S.O.S Fantômes : L’Héritage. Suite des deux premiers opus, le film fait très vite part de sa volonté de s’en écarter tout en restant fidèle aux éléments originels.

Cette envie de se démarquer passe avant tout par le cadre du récit. Pour la première fois, les chasseurs de spectres quittent New York. Au fil des années, l’équipe emblématique s’est éloignée en raison de la désertion quasi totale des fantômes aux États-Unis. L’un des membres s’est installé dans la petite ville de Summerville, où il n’arrive pas à venir à bout d’une grande menace.

Après son décès, sa fille Callie (Carrie Coon) hérite de sa demeure délabrée. Fauchée, elle décide de s’y installer avec ses deux enfants, Phoebe (Mckenna Grace) et Trevor (Finn Wolfhard). Ces derniers mettent vite la main sur le vieux matériel de leur grand-père et réalisent que sa maison recèle de pièges pouvant empêcher une catastrophe imminente.

S.O.S. Fantômes : L’Héritage
S.O.S. Fantômes : L’Héritage ©Sony Pictures Entertainment

La patte de Jason Reitman apparaît clairement dans la première partie de S.O.S Fantômes : L’Héritage. Une fois passée l’introduction qui semble de prime abord problématique dans sa façon de construire un faux suspense autour du personnage décédé, en faisant le choix de ne pas révéler son visage ni son identité, le long-métrage s’attarde sur ses nouveaux protagonistes pour ne plus les quitter.

Une famille dysfonctionnelle

Le scénario coécrit par Jason Reitman et Gil Kenan (Monster House) fait la part belle à cette famille dysfonctionnelle profondément attachante. La difficulté à construire et à préserver des liens familiaux est une thématique récurrente dans la filmographie du réalisateur (In the Air, Young Adult). Il parvient ici à la lier aux intrigues des premiers épisodes, en faisant de l’un des anciens scientifiques new-yorkais une figure paternelle énigmatique et inconnue, qui a abandonné ses proches pour se consacrer à ses travaux.

Callie, Phoebe et Trevor viennent donc s’installer dans la demeure d’un homme dont l’absence a évidemment laissé des traces. Plutôt que d’aborder ces conséquences avec une certaine gravité comme dans Last Days of Summer ou Tully, Jason Reitman se penche dessus avec davantage de douceur et d’humour. Ses personnages sont animés par le besoin de se reconstruire et d’aller de l’avant. La mère incarnée par l’excellente Carrie Coon se rapproche par exemple naturellement d’un professeur de sciences nommé Grooberson (Paul Rudd, génial), qui perçoit quant à lui tout le potentiel de Phoebe.

S.O.S. Fantômes : L’Héritage
S.O.S. Fantômes : L’Héritage © Sony Pictures Entertainment

La jeune Mckenna Grace représente d’ailleurs le plus gros atout de S.O.S. Fantômes : L’Héritage. Sa décontraction alliée à ses éclairs de génie s’inscrivent dans la lignée de ceux de Bill Murray, Dan Aykroyd et Harold Ramis. Outre les nombreux clins d’œil, Phoebe s’impose ainsi comme l’héroïne qui fait la véritable jonction entre les premiers films et cette suite. Enfin, sa complicité avec un reporter en herbe qui se surnomme Podcast (Logan Kim) offre au long-métrage ses passages les plus drôles.

Le deuil impossible

Jason Reitman continue donc ce qu’il sait faire de mieux dans S.O.S. Fantômes : L’Héritage : développer des romances et des amitiés dans l’Amérique périphérique. Et s’il n’a aucun mal à construire des rapports humains, le cinéaste se montre bien plus timide dès qu’il s’agit de mettre un pied dans l’au-delà. Contrairement à Ray Parker Jr., le réalisateur semble avoir un peu peur des fantômes.

Si son traitement des spectres est loin d’être honteux, il se révèle simplement trop sage. L’Héritage base sa trame spectaculaire autour de célèbres monstres de la saga. De quoi donner des armes aux spectateurs mécontents qui crieront (légitimement) à la surenchère de fan service et au recours à une nostalgie putassière.

S.O.S. Fantômes : L’Héritage
Trevor (Finn Wolfhard) - S.O.S. Fantômes : L’Héritage © Sony Pictures Entertainment

L’intérêt des fantômes n’est quoi qu’il en soit pas là. Il réside plutôt dans les adieux déchirants et la réconciliation tardive qu’il propose. Après les nouveaux Star Wars, le long-métrage témoigne à son tour de l’incapacité à faire le deuil de figures emblématiques qui nourrit actuellement le paysage hollywoodien, se risquant là aussi à perdre une partie du public. Néanmoins, l’hommage au regretté Harold Ramis n’est ni bruyant ni surjoué, et la tristesse des visages connus comme celle des nouveaux venus réussit à émouvoir, même si l’entreprise est prévisible.

Qu’il s’agisse de celle d’un vieil ami, d’un père ou d’un grand-père, la mort n’est jamais définitive d’après le titre américain du film (Ghostbusters : Afterlife). Jason Reitman défend cette idée avec sincérité. Sans détourner son regard du futur et sans appeler à une suite, il se permet de dire au revoir à un visage familier, en dévoilant un récit touchant qui se suffit amplement.

S.O.S. Fantômes : L’Héritage de Jason Reitman, en salle le 1er décembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

S’il ne surprend pas dès qu’il tente de proposer un grand spectacle, "S.O.S. Fantômes : L’Héritage" bénéficie des points forts du réalisateur Jason Reitman : la construction d’amitiés et de romances qui fonctionnent parfaitement.

Note spectateur : Sois le premier