CRITIQUE / AVIS FILM - Donnie Yen incarne un guerrier accusé d'avoir trahi son clan dans "Sakra, la légende des demi-dieux". Un spectacle martial inégal mais grisant, qui fait preuve d'une générosité et d'une sincérité rares.
Sakra : un héros banni et chassé
Avec Sakra, la légende des demi-dieux, la superstar Donnie Yen repasse derrière la caméra, 19 ans après la comédie d'action Protégé de la rose noire. L'acteur connu pour Iron Monkey, Seven Swords, Ip Man ou encore le récent John Wick : Chapitre 4 s'octroie également le rôle principal de ce wu xia pian coréalisé avec Kam Ka-Wai. Celui de Qiao Feng, chef de la secte des mendiants et membre du clan Song, en guerre contre les Khitan dans la Chine du Xe siècle.
Guerrier respecté par les siens et craint par ses ennemis, Qiao Feng se retrouve un jour accusé à tort du meurtre de l'un des piliers de son clan. Il est pris en chasse et met tout en oeuvre pour prouver son innocence. Une quête qui le mène vers ses origines et au cours de laquelle il rencontre Azhu (Chen Yuqi), une experte du déguisement qu'il sauve d'une mort certaine. Alors qu'ils rêvent tous deux de paix, un grand combat les attend.
Des combats époustouflants...
Dès ses premières minutes, Sakra, la légende des demi-dieux fait preuve d'une énergie et d'une générosité rares. Les chorégraphies sont grisantes, les coups sont puissants et Donnie Yen peut se permettre de faire un film à sa gloire tant ses talents pour les arts martiaux sont cinégéniques et donnent naissance à une multitude de scènes épiques. Qu'il combatte des dizaines d'ennemis ou un seul adversaire à sa taille, le comédien fait preuve d'une maîtrise magnifiée par une mise en scène toujours très inspirée.
La réalisation accentue constamment le souffle héroïque et romantique du récit, Qiao Feng chevauchant de grandes plaines et nouant progressivement des liens indéfectibles avec une combattante partageant les mêmes idéaux que lui. En adaptant le roman Demi-dieux et semi-démons de Jin Yong, il s'approprie l'archétype du héros solitaire dont la vie va changer grâce à une rencontre déterminante, et l'impossibilité touchante de mener une existence paisible l'emporte sur sa soif de vengeance. Les thématiques sont évidemment loin d'être neuves mais le soin apporté aux combats ainsi qu'à la reconstitution chatoyante et variée de cette grande fresque permettent de les apprécier une énième fois.
... pour un scénario désordonné
Mais la principale qualité du film est aussi son défaut majeur. Sakra, la légende des demi-dieux n'hésite jamais à en faire trop, que ce soit dans sa direction artistique, dans l'intensité des affrontements et dans son scénario. Le spectateur assiste donc à un récit aux multiples enjeux, et certains personnages secondaires essentiels sont introduits bien trop tard pour que leurs arcs narratifs fonctionnent pleinement.
Cette envie d'en faire le maximum passe aussi par l'accumulation de scènes au cours de l'épilogue. Donnie Yen aimerait apparemment développer une nouvelle saga dont il a beaucoup de mal à conclure le premier volet.
Néanmoins, si le souci majeur du long-métrage est le fait de vouloir sans cesse explorer son vaste univers, cela signifie surtout à quel point il est riche et sincère. Car ce besoin de poursuivre son histoire et de ne pas réussir à la terminer est avant tout la marque d'une absence de cynisme, qui se ressent également à travers le jeu parfois hasardeux et sans doute un peu trop premier degré des comédiens, à commencer par celui de l'interprète de Qiao Feng.
Malgré ses défauts et son côté indigeste, Sakra, la légende des demi-dieux reste un pur plaisir de cinéma, tour à tour brutal et émouvant. Une proposition inégale mais bourrée d'idées, que les amateurs d'arts martiaux auraient évidemment tort de rater.
Sakra, la légende des demi-dieux de Donnie Yen et Kam Ka-Wai, en salles le 10 mai 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.