Songbird : une série B opportuniste sous fond de Covid

Songbird : une série B opportuniste sous fond de Covid

CRITIQUE / AVIS FILM – Produit par Michael Bay, « Songbird », avec K.J. Apa, Sofia Carson ou encore Demi Moore, imagine un futur proche où la Covid serait toujours présente.

 

Songbird : un concept intéressant

Adam Mason débute sa carrière cinématographique en 2007, quand il écrit, produit et réalise Broken. Depuis, il n'a pas offert grand chose de mémorable. Scénariste de Témoin gênant et de Manipulations, il a également mis en scène Hangman et I'm just F*cking with you. Rien de bien florissant, et Songbird est l'occasion pour lui de se faire un nom.

Le long-métrage, produit en un temps record par Michael Bay, aborde la Covid-19. Adam Mason imagine un futur proche, où aucun vaccin, aucun traitement, n'ont réussi à endiguer la maladie, qui ne cesse d'évoluer. L'intrigue prend place en 2023, dans un environnement dystopique, où les gens sont encore enfermés chez eux. Ils sont dans l'incapacité totale de s'exposer au virus, sous peine de subir la répression d'un gouvernement américain violent et radical. En ça, Songbird avait de quoi séduire les amateurs de séries B anticipatives. En proposant une histoire inspirée de notre réalité actuelle, en imaginant comment la Covid-19 peut dégénérer et changer totalement notre mode de vie.

William Griffin (Bradley Whitford) - Songbird
William Griffin (Bradley Whitford) - Songbird ©STX Films

Adam Mason met en scène un monde empli de désillusion, où un virus a mis à genoux la planète entière. Un monde où l'être humain vit enfermé, dans une solitude totale, où tout devient automatisé. L'armée est dans les rues, n'hésite pas à tirer à vue, et seul les immunisés ont le droit de sortir. Ces derniers font tourner le reste de la société, livrent les vivres et font toutes les tâches ingrates, pendant que le gouvernement presque dictatorial emmène les malades dans des camps de concentration. Une idée finalement assez intéressante.

Pourtant, ce n'est pas bien subtil, et Adam Mason aborde son histoire avec d'énormes sabots. Il tombe dans des procédés narratifs paresseux et dans des clichés du genre. Son histoire ne dépasse jamais son pitch, ne développe pas plus profondément son concept. Il se contente d'offrir quelques plans de villes vides, et quelques apparitions militaires. Le reste est tourné en studio, et ne représente pas l'immensité du vide et les retombées de la maladie. Songbird ne parvient jamais à imposer la grandeur de la décadence, ne parvenant pas à représenter l'étendue des dégâts. En ressort une série B poussive, qui n'a aucune imagination pour matérialiser cette année 2023.

Un long-métrage opportuniste

Et à cause de cette paresse d'exécution, Songbird transmet la désagréable sensation d'être un film opportuniste. Parce qu'Adam Mason n'a pas grand chose à raconter. Il se sert de la Covid-19 comme prétexte pour mettre en avant une romance passablement ennuyeuse, en tout cas d'une familiarité sans nom. Songbird manque cruellement d'ambition et se sert de la pandémie pour offrir un teen movie grossier, qui repose uniquement sur ses ressorts dramatiques et scénaristiques sur la relation amoureuse entre deux jeunes adultes en proie à l'épidémie. Digne d'une vidéo de confinement où des couples se sont formés pendant leur isolement. Songbird est un film vite produit, vite vu, et mal réalisé qui profite de la situation actuelle pour tenter de créer le buzz.

Sara (Sofia Carson) - Songbird
Sara (Sofia Carson) - Songbird ©SFX Films

La maladie n'est qu'une toile de fond pour agrémenter une histoire classique et insipide. C'est souvent réalisé avec les pieds, proposant une caméra constamment en mouvement, agrémentée de zooms au hasard à donner la nausée. Le montage épileptique tente de dissimuler la vacuité du propos à travers un faux rythme illusoire.

Reste cependant une volonté de réaliser un film sans prétention. Une œuvre qui repose sur la dynamique entre ses personnages, étonnamment assez attachants. Une volonté de créer un film à échelle humaine face à l'ampleur d'une pandémie mondiale. L'idée est de proposer un long-métrage à hauteur d'homme, pour rappeler que tout tourne autour de ça : de l'amour, de l’entraide et de la solidarité. Et que finalement, le reste n'a pas grande importance. Et même si cette approche traduit un manque de temps, d'ambition et de budget pour représenter la puissance de la maladie, le rendu est parfois (et on dit bien parfois) une série B humble pendant laquelle le spectateur peut éventuellement se prendre au jeu...

 

Songbird d'Adam Mason disponible sur Amazon Prime Video le 15 janvier 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Découvrez ici toutes nos bandes-annonces. 

Conclusion

Note de la rédaction

Songbird est une série B assez opportuniste qui manque cruellement d'ambition. La Covid-19 n'est qu'une toile de fond insipide, un prétexte grossier pour narrer une romance sans grande consistance. Un film rapidement torché, sauce Michael Bay, producteur peu exigeant.

Note spectateur : 5 (1 notes)