Spider-Man No Way Home : une réunion inégale mais généreuse

Un nouveau gros morceau du MCU

Spider-Man No Way Home : une réunion inégale mais généreuse

CRITIQUE / AVIS FILM - Après des mois de questionnements, d'hésitations, de doutes et surtout d'attente, « Spider-Man : No Way Home » sort enfin dans les salles obscures. Un nouveau chapitre du Marvel Cinematic Universe (MCU) qui permet de réunir de nombreux personnages connus. (Critique sans spoilers)

Le tant attendu Spider-Man No Way Home

Après Spider-Man : Homecoming et Spider-Man : Far From Home, Jon Watts met le paquet avec Spider-Man : No Way Home. Une œuvre que tout le monde attend au tournant, notamment à cause de la présence de personnages et comédiens issus des deux autres franchises Spider-Man. En effet, dans cet opus, Peter Parker ouvre avec Doctor Strange un multivers. Ainsi Jamie Foxx (Electro), Willem Dafoe (Le Bouffon Vert), Alfred Molina (Dr Octopus), Thomas Haden Church (Sandman) et Rhys Ifans (Le Lézard) sont tous de retour pour mettre le Spider-Man de Tom Holland en difficulté. Et forcément, ça en fait du monde à gérer.

2h29 d'images, ce n'est clairement pas de trop pour mettre en scène Spider-Man : No Way Home. C'est même parfois un peu trop court tant le réalisateur Jon Watts et le duo de scénaristes Chris McKenna et Erik Sommers abordent des éléments variés et nombreux au sein d'une intrigue qui part dans tous les sens. Difficile de gérer, sur la durée, un nombre impressionnant de personnages issus de l'univers de Spider-Man.

Spider-Man : No Way Home
Spider-Man : No Way Home ©Marvel Studios / Sony Pictures

Un film à grande vitesse

Forcément, Jon Watts enchaîne l'ensemble à une vitesse folle. Les rebondissements, l'intrigue, le développement des personnages, tout va à une vitesse démentielle, ce qui ne permet pas toujours à l'assistance de prendre du plaisir face aux séquences proposées. De même, un tel rythme entraîne inévitablement des écarts de traitement entre les personnages, et particulièrement entre les innombrables antagonistes du long-métrage. Le cinéaste ne peut pas parler de tous les éléments de son intrigue avec la même équité, et certains passages, certaines résolutions, certains pans entiers du long-métrage sont alors survolés, donnant parfois une désagréable impression de superficialité à l'écran.

De plus, la réalisation de Jon Watts n'aide pas vraiment. Le cinéaste retombe dans les travers de ses deux premiers films Spider-Man. Le réalisateur ne sait pas mettre en scène une séquence d'action convenablement. À l'image de l’affrontement final entre le Vautour et Spidey à la fin de Homecoming, la plupart des scènes d'action sont illisibles, ou en tout cas dénuées d'âme artistique, de vision créative - ce qui nous fait indubitablement regretter l'ère Raimi, voire même le savoir faire plus académique de Marc Webb.

Des méchants pas toujours respectés

Et cette absence de mise en scène réellement maîtrisée entache le plaisir de retrouver les plus grands super-vilains du tisseur. Ces derniers ne sont pas toujours réellement respectés, et leur développement est souvent assez dérisoire... Déjà, globalement, le Lézard et l'Homme de Sable ne servent à rien. Simples éléments scénaristiques, ils offrent deux-trois répliques passablement oubliables et reviennent pour le grand final.

Spider-Man : No Way Home
Spider-Man : No Way Home ©Marvel Studios / Sony Pictures

Ensuite, il y a Electro, qui est peut-être la figure la plus réussie de ces Sinister Five (on cherche encore le sixième). Jamie Foxx propose une relecture intéressante de son personnage, qui gagne en assurance et en puissance. Plus mature, plus brutal, plus inquiétant, il est boosté par le MCU, et est sans doute l'antagoniste le plus équilibré du métrage. Certainement parce que son écriture est la plus logique.

Puis, viennent les deux cadors. Dr Octopus et Norman Osborn. Revenus d'un temps inoubliable, leur développement n'est malheureusement pas toujours abouti... L'écriture de Chris McKenna et Erik Sommers n'atteint jamais le travail de Sam Raimi, voire les créations de Stan Lee et Steve Ditko. Le Dr Octopus, premier arrivé, change rapidement de camp pour aider Peter Parker. Un changement moral et narratif amené avec le dos de la cuillère, et sans réellement lui donner l'impact et l'épaisseur nécessaires pour que ce retournement de veste soit totalement légitime.

Spider-Man : No Way Home
Le Bouffon Vert (Willem Dafoe) - Spider-Man : No Way Home ©Marvel Studios / Sony Pictures

Quant au Bouffon Vert, c'est l'inverse. D'abord apparemment gentil, il retourne sa veste dans un twist attendu et maladroit. Willem Dafoe rejoue alors la même partition qu'en 2002, la profondeur du personnage en moins.

Malgré tout cela, il est presque impossible de ne pas apprécier les festivités de No Way Home. Difficile de ne pas tomber sous le charme de tous ces personnages, de tous ces combats, de ce rythme endiablé. Spider-Man : No Way Home est un magnifique comic grandeur nature. Impossible pour tous les amateurs du genre et surtout les lecteurs de comics de ne pas être émerveillés par ce rêve de gosse qui se réalise sous leurs yeux. L'univers Marvel n'a jamais été aussi grand et puissant. Et ça force indéniablement le respect !

Du plaisir malgré tout

Dès lors, le gros problème de Spider-Man : No Way Home vient de l'écriture du film. Tout va tellement vite que rien n'est réellement concret, rien n'a d'incidence, rien n'a de profondeur. C'est un peu comme si des enfants se retrouvaient avec des armes de destructions massives entre les mains. Les scénaristes, comme Jon Watts, ne savent pas toujours quoi faire de cet énorme héritage. Ils ne savent pas comment gérer les relations entre leurs personnages et le développement de ces derniers. Les retournements de situation sont souvent enfantins, les motivations des protagonistes sont régulièrement simplistes, et tout ceci donne l'impression d'être dans une version juvénile des précédentes sagas Spider-Man.

Mais encore une fois, malgré ses nombreux défauts, et même s'il n'atteint pas la maîtrise impressionnante d'Into the SpiderverseSpider-Man : No Way Home est un film dynamique, très comic book, avec de nombreuses surprises et au fond une telle générosité qu'on ne boude pas son plaisir !

Spider-Man : No Way Home de Jon Watts, en salle le 15 décembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Film terriblement généreux, c'est un rêve de gosse qui se réalise. Mais Jon Watts est un réalisateur tellement peu talentueux que parfois tout ce potentiel est gâché par une mise en scène soporifique et une écriture bancale.

Note spectateur : 3.5 (6 notes)