Sputnik - espèce inconnue : une série B russe inégale dans la veine d'Alien

Sputnik - espèce inconnue : une série B russe inégale dans la veine d'Alien

CRITIQUE / AVIS FILM – Venu tout droit de Russie et réalisé par Egor Abramenko, « Sputnik – espèce inconnue » embarque à moitié dans la science-fiction et à moitié dans l'horreur en se plaçant dans la veine de « Alien ».

Sputnik : dans la veine de Alien

Pour son premier long-métrage, Egor Abramenko voit gros. Le cinéaste tente d'offrir un film dans la veine du premier Alien. Il propose ainsi un film de science-fiction horrifique ambitieux, qui n'atteint malheureusement jamais le génie de Ridley Scott. L'histoire est simple. Le récit raconte comment deux cosmonautes de retour de mission ramènent avec eux un parasite alien. L'un des deux est infecté par une espèce inconnue. Tatiana, psychologue de renom, est appelée en renfort pour étudier ce mystérieux cas de possession.

Avec Sputnik, Egor Abramenko cherche à se placer quelque part entre l'héritage d'Alien et celui de The Thing. Constamment, le cinéaste russe se réfère à ces deux monuments de la science-fiction. Dans le rapport à l'horreur, il tente de revenir dans les pas de Ridley Scott via une mise en scène en retenue. Le cinéaste préfère parier sur une réalisation froide, sobre et modérée, jouant davantage sur l’ambiance et les décors que sur une explosion visuelle. Comme avec le xénomorphe, l'alien est au second plan, telle une menace qui rôde constamment, plutôt qu'un danger frontal. Le décor froid et aseptisé du complexe militaire finit d'imposer cette ambiance classique mais efficace.

Sputnik : espèce inconnue
Sputnik : espèce inconnue ©Art Pictures Studio

Quant à The Thing, Egor Abramenko s'en inspire dans l'écriture. Il propose un scénario qui se réfère au classique de John Carpenter. Via le concept de parasite il met en scène un alien qui prend possession de ses victimes. Ou plutôt, qui vit en parfaite symbiose avec son hôte. Comme dans The Thing, l'extraterrestre se choisit une enveloppe humaine pour s'adapter à l'environnement terrestre. La dualité homme/animale s'exprime évidemment à travers la victime de ce parasite, sans pour autant relever les codes du genre.

Enfin, Egor Abramenko joue habilement avec le discours du patriote russe. Contrairement à ses paires, il tourne en dérision le concept du héros, du patriote, et du camarade militaire. Le long-métrage joue avec la représentation traditionnelle des protagonistes russes. Et rien que pour ça, le récit tente de se démarquer et d'aller sur une voie qui n'est pas trop balisée.

De trop gros clichés pour totalement convaincre

Même si Sputnik se prend très au sérieux, difficile de le sortir d'une catégorisation série B. La faute, notamment, à un scénario qui manque de fraîcheur, et de renouveau. Egor Abramenko applique tous les poncifs du genre, sans forcément se poser trop de questions. Ainsi, évidemment, les méchants militaires et leurs méthodes immorales se révèlent, la créature va finalement s'échapper, et le dénouement est terriblement téléphoné. Par ce manque d'assurance et de créativité, Sputnik n'arrive jamais à sortir des carcans habituels du genre. Par un style qui cherche à copier les productions américaines plutôt que d'imposer sa propre personnalité, le film ne se crée pas de véritable identité, et demeure finalement assez anecdotique. La faute aussi, à des personnages secondaires dénués d'épaisseur. De même, la relation entre la scientifique et le cosmonaute manque terriblement de corps, s'enlisant dans une amourette de bas étage très artificielle.

Sputnik : espèce inconnue
Sputnik : espèce inconnue ©Art Pictures Studio

C'est assez dommage. Parce que graphiquement, Egor Abramenko propose quelques envolés agréables. La séquence où l'alien sort de son hôte est particulièrement réussie. Le film offre une créature largement convaincante, au design raffiné et aux effets spéciaux considérablement impactant. Cet aspect gluant et allongé détonne par rapport aux propositions habituelles. De même, la protagoniste principale est convaincante, surtout à travers la prestation sans faille d'Oksana Akinshina (La Mort dans la peau). Néanmoins, même si Sputnik n'est pas foncièrement désagréable, il n'apporte pas grand chose de plus à la science-fiction moderne...

Sputnik - espèce inconnue d'Egor Abramenko, disponible en DVD le 24 février 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Toutes nos bandes-annonces sont disponibles ici. 

Conclusion

Note de la rédaction

Sputnik est donc un énième pastiche d'Alien. Un film sans réelle vision novatrice qui accumule les clichés du genre. Cependant le concept de la symbiose est bien exploité.

Note spectateur : Sois le premier