The Seeds of violence - Notre avis

The Seeds of violence - Notre avis

Premier long-métrage, "The Seeds of violence" est une exploration radicale sur les formes institutionnalisées de violence qui régissent nos sociétés modernes.

Avec un style visuel percutant, à savoir une succession de plans-séquences tournés caméra épaule dans un format 4/3 sans aucune musique, The Seeds of violence de Lim Tae-gue sort l’artillerie lourde pour signifier la soumission et la domination des êtres et des corps par les instances de pouvoir que sont l’armée, l’hôpital, la prison, etc.

Film « foucaultien » par excellence, The Seeds of violence dénonce efficacement la « violence » morale (pression, humiliation) et physique (passage à tabac) façonnée par les sociétés disciplinaires pour nous rendre plus docile. A l’image du dos rempli de bleus de Joo-yong et de la bouche édentée de Philip. L’univers hiérarchique de l’armée dans lequel le film prend son élan n’aspire qu’à l’isolement des individus et n’offre plus qu’une perspective violente à ces différents protagonistes. Pour tenter d’y échapper, Joo-yong et Philip – deux victimes d’un caporal omnipotent et belliqueux qui tente de faire taire certaines rumeurs, ou plutôt vérités, à son sujet - se lancent alors dans une fuite en avant quasi désespérée.

"Surveiller et Punir" au cinéma

Formellement, le film est une belle réussite : l’isolement psychologique de Joo-yong se confronte à un isolement géographique, à de multiples impasses, de mouvements désorientés et d'espaces exigus (toilette, ruelle, chambre) qui donnent au film ce sentiment malsain d’être en permanence épié, voire constamment poursuivi (par la caméra), pour finalement être puni. Un cycle infernal qui ne laisse présager aucune porte de sortie.

Avec son réalisme brut, son côté sans concession, The Seeds of violence avait tout du film « coup de poing » que les festivals de cinéma s’arrachent, mais dont les enjeux peuvent très vite tourner courts s’il ne parvient pas à dépasser la redondance de l’exercice de style. Si Foucault et son concept de « forme-prison » enrichissent la lecture critique, c’est bien la mise en scène oppressante de Lim Tae-gue qui fait de The Seeds of violence une véritable expérience politique de cinéma.

 

The Seeds of violence de Lim Tae-gue, présenté au Festival du film coréen à Paris du 24 au 31 octobre. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Intelligent, surprenant et réflexive, "The Seeds of violence" combine les arguments les plus éloquents pour qualifier une œuvre cinématographique.

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier