Un Jour de Pluie à New York : voyage classique dans l'univers de Woody Allen

Un Jour de Pluie à New York : voyage classique dans l'univers de Woody Allen

AVIS / CRITIQUE FILM - Avec "Un Jour de pluie à New York", Woody Allen est de retour à un cinéma qui lui est cher : la comédie sentimentale. Pour l'occasion il s'entoure d'un duo de jeunes acteurs qui n'a déjà plus à faire ses preuves : Timothée Chalamet et Elle Fanning.

Avec Un Jour de pluie à New York, Woody Allen raconte le parcours d'un jeune couple, Gatsby (Timothée Chalamet) et Ashleigh (Elle Fanning) qui passe un week-end pluvieux à New York. Le premier flâne dans les rues de son enfance pendant que la seconde débute sa carrière de journaliste entourée des pontes du Hollywood artistique et intellectuel. Bien que plus joyeux et coloré que ses précédents métrages, Un Jour de Pluie à New York est un voyage extrêmement classique dans l'univers de son auteur.

Un casting toujours très convaincant

Une fois de plus, l'intérêt premier du nouvel opus de Woody Allen, demeure indéniablement son casting. Il y a évidemment ces jeunes visages très prometteurs emmenées par le duo principal mais aussi (et surtout?) par Selena Gomez qui diversifie ses choix de carrière, après avoir tourné chez Jim Jarmusch. Elle Fanning n'a jamais été aussi rayonnante et reste la ressource principale du film. Woody Allen lui offre un rôle qui s'écarte de ses autres personnages habituels, tous plutôt froids et désincarnés, entre The Neon Demon, Maléfique ou Live By Night.

Sous la caméra de ce cinéaste, elle se libère de sa beauté glacée pour partager un soleil encore inconnu à son arc. Éclatante, elle irradie le métrage d'un rythme et d'un flux ininterrompu de remous sensibles qui divertissent bien plus que le reste des personnages proposés par l'auteur. Sa descente dans l'Hollywood intellectuel faussement angélique permet la mise en place d'un décor des plus agréables et tinté d'une ironie salvatrice. Le cinéaste n'hésite pas à descendre son milieu, le caricaturant tour à tour comme un univers où la superficialité physique l'emporte et comme une torture mentale illusoire intrinsèque à la profession d'artiste.

Puis vient évidemment les cadors du casting. Liev Schreiber très attachant en auteur en totale désillusion, qu'il incarne avec beaucoup de charisme et de calme. Jude Law, qui pour une fois s’en moque de cacher sa calvitie avancée. Et enfin Diego Luna en sex symbol caricatural plutôt amusant. Des personnages surtout présents pour amuser la galerie et désacraliser le milieu hollywoodien.

Un film vu et revu

Mais une fois de plus Woody Allen plonge le public dans un univers qu'il ressasse sans arrêt, sans parvenir à le faire évoluer, sans jamais le renouveler. Un Jour de pluie à New York est l'archétype même d'un film de Woody Allen. On finit par s'ennuyer gentiment devant ces tribulations éculées, recyclées discrètement pour les adapter à un casting plus jeune. Un genre personnel régurgité chaque année, de manière de plus en plus fade. Alors certes, le cinéaste s'éloigne un peu de sa période sombre où l'amour avait un goût amer entre Wonder Wheel, Café Society ou L'Homme Irrationnel, pour revenir vers des sentiments plus positifs, mais ne propose finalement rien de nouveau.

Le spectateur est en terrain conquis, n'est pas forcément mis en danger devant une succession des clichés du cinéaste : les promenades sous la pluie, le désir d'autrui, l'ambition de l'art, son inspiration, etc... Quant au message féministe, il faudra repasser. Woody Allen affirmant que la femme ne peut exister sans l'homme, étant obligatoirement sa muse, son objet sexuel ou son escort-girl, et que la réussite passe forcément pas la dépendance masculine, et l'argent qui en découle. Constat ingrat d'une société patriarcale ou simple négligence de la part de l'auteur ? On vous laissera juger.

 

Un Jour de Pluie à New York et Woody Allen, en salles le 18 septembre 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Un Jour de Pluie à New York" est l'archétype le plus simpliste du cinéma de Woody Allen, pas forcément déplaisant, mais extrêmement classique dans son schéma et ses intentions.

Note spectateur : 1.35 (3 notes)