Dexter New Blood : retour polaire d’un tueur en série rouillé et dépassé

Il est de retour !

Dexter New Blood : retour polaire d’un tueur en série rouillé et dépassé

CRITIQUE / AVIS SÉRIE – Après avoir simulé sa mort, le plus célèbre tueur de Miami refait surface dans "Dexter : New Blood", dont les six premiers épisodes ont été dévoilés. Installé au nord des États-Unis, l’ancien expert en médecine légale a refait sa vie. Mais ses vieux démons le rattrapent… [ATTENTION, cet article contient des spoilers]

Dexter New Blood : de boucher à bûcheron

Après huit saisons inégales, d’innombrables meurtres et quelques adversaires redoutables, Dexter Morgan (Michael C. Hall) terminait sa course épuisé en septembre 2013. Marqué par une quatrième saison qui atteignait son point d’orgue grâce à l’effrayant Tueur de la Trinité (John Lithgow), le programme produit par Showtime perdait par la suite en intensité, plombé par un rythme paresseux et une esthétique répétitive jusqu’au final jugé ridicule par bon nombre de fans. Alors quand l’annonce du revival est tombée, elle a immédiatement été suivie du doute quant à l’utilité d’offrir une suite à Dexter, huit ans plus tard.

Composée de dix épisodes, Dexter : New Blood révèle donc comment l’ancien expert en médecine légale est reparti de zéro. Se faisant désormais appelé Jim dans la petite communauté d’Iron Lake, ville fictive située au nord de l’État de New York, il a délaissé son nom de famille pour le patronyme de son créateur, l’écrivain Jeff Lindsay.

Dexter : New Blood
Dexter : New Blood © Canal+

Les cadavres, Dexter ne passe plus son temps à les étudier ou à les découper. Il a opté pour un poste de vendeur de matériel de chasse et pêche. Pour s’entretenir, il préfère dorénavant trancher des bûches plutôt que des membres. Il n’a néanmoins pas totalement renoncé à ses liens avec les forces de l’ordre puisqu’il vit une idylle avec Angela Bishop (Julia Jones), la cheffe de la police locale. En ce qui concerne son "Passager noir", il semble enfin avoir déserté. Jusqu’à ce que de sombres événements ne viennent le ressusciter…

Le passé refait toujours (un peu trop) surface

Comme tout film ou série qui tente de raviver une flamme éteinte depuis de nombreuses années, Dexter : New Blood se heurte à la comparaison avec son prédécesseur, qui joue plutôt en sa faveur. D’emblée, le revival se distingue grâce à un cadre polaire et une réalisation plus léchée qui collent davantage à la froideur du protagoniste. Les limites de la mise en scène qui devenaient profondément lassantes dans les dernières saisons de Dexter sont moins flagrantes, du moins dans la mise en place.

Pour autant, Dexter : New Blood reste fidèle au fonctionnement narratif originel. Si la voix off se veut moins cinglante, elle est toujours présente et permet maintenant au meurtrier d’assumer pleinement ses fêlures, mais aussi ses émotions. Quant à sa conscience, elle s’exprime aujourd’hui à travers le fantôme de Debra (Jennifer Carpenter). Bien moins calme que Harry (James Remar), la sœur du tueur en série offre aux six premiers épisodes certains de leurs meilleurs passages. Des conversations animées où elle malmène Dexter, en le mettant face à ses plus profonds regrets et son impossible rédemption.

Dexter : New Blood
Dexter : New Blood © Canal+

Si Dexter fait preuve de nuances et s’avère nettement plus touchant, le personnage le plus intéressant n’est autre que son fils Harrison, qui débarque dans sa vie sans prévenir. Trouble, aussi attachant qu’inquiétant et animé par de violentes pulsions, l’adolescent brillamment incarné par Jack Alcott sème le doute chez le spectateur. Il s’impose comme l’un des véritables atouts de cette saison et réussit presque à faire oublier les facilités scénaristiques employées pour réintroduire d’autres noms emblématiques de Dexter, dont la présence est totalement dispensable.

Un nouvel ennemi prometteur

Forcément, Dexter Morgan ne pouvait pas être le seul habitant détraqué d’Iron Lake. L’une des intrigues du revival concerne les nombreuses disparitions inexpliquées de jeunes filles dans la région. Et rapidement, le mystère autour de l'identité du coupable à l’origine des enlèvements est levé. Hésitant et parfois maladroit dans ses exécutions, ce nouveau monstre provoque un malaise qui ne cesse de s’intensifier à chacune de ses apparitions. Avec cet antagoniste, le showrunner Clyde Phillips, qui avait d’ailleurs quitté la première série après la quatrième saison, entend bien créer une menace à la hauteur du Tueur de la Trinité.

Son envie d’offrir une fin digne de ce nom à Dexter est tout aussi palpable. Très vite dépassé par les événements, le Boucher de Bay Harbor accumule des erreurs qui viennent renforcer le suspense. Rouillé et ne faisant plus preuve de la maîtrise d’antan, il permet à son interprète Michael C. Hall de dévoiler une autre facette de son jeu sans renoncer aux regards équivoques et à l’innocence feinte de l’anti-héros. Entouré de partenaires talentueux, Jack Alcott, Julia Jones et Clancy Brown en tête, le comédien rappelle que Dexter Morgan est le rôle majeur de sa carrière, avec celui de David Fisher dans Six Feet Under. Avec ces dix nouveaux épisodes et alors qu’une autre saison n’est semble-t-il pas d’actualité, son personnage pourrait enfin avoir droit à la conclusion qu’il mérite.

Dexter : New Blood, disponible sur Canal+ à partir du 16 décembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Huit ans plus tard, le Boucher de Bay Harbor a bien changé. Nettement moins affuté, l’anti-héros toujours magistralement interprété par Michael C. Hall est rattrapé par son passé et dépassé face à de nouvelles menaces dans "Dexter : New Blood". Un retour prometteur et efficace, dont les six premiers épisodes parviennent à faire oublier la triste fin de la série initiale.

Note spectateur : 3 (1 notes)