Irresponsable : la saison 2 est-elle à la hauteur de l'inaugurale ?

Irresponsable : la saison 2 est-elle à la hauteur de l'inaugurale ?

La comédie noire "Irresponsable" revient pour un second tour de piste, ce jeudi 22 février 2018 sur OCS. Se casse-t-elle la figure ? Notre verdict.

C’était la grande surprise cathodique de 2016 – et en plus de ça, elle était Française, excusez du peu. Irresponsable, sitcom à l’humour à la fois gras et cynique, tendre et dur, faisait figure de véritable bouffée d’air frais. Passons sa genèse, maintes et maintes et fois relatée par nos différents confrères. Oui, il s’agit bien de la première fiction de la Fémis, sacro-sainte École Nationale Supérieure des métiers de l'image et du son. Ce qui lui apporte un certain cachet, en plus d’une identité propre, on ne peut le nier.

Mais plus encore, la série a pris ses marques et s’est détachée de la concurrence par son format court (26 minutes par chapitre), jurant avec les 50 minutes d’autres comédies sérielles comme, à tout hasard, Fais pas ci, fais pas ça, taillées pour le prime-time. Ainsi que par ses différents tons, jonglant avec agilité entre comique de situation et gravité. Un roller coaster qui a convaincu la critique et le public, désireux de remettre ça sur OCS. Ca tombe plutôt bien : la saison 2 déboule le 22 février prochain. Et si elle ne dépasse pas la saison inaugurale dans ses ambitions, elle reste d’un cru particulièrement délectable.

Looseur un jour, looseur toujours

On reprend les mêmes et on recommence, exactement là où la première saison s’était arrêtée. Petite piqûre de rappel : Julien (impeccable Sébastien Chassagne), profiteur professionnel de 31 ans, découvre qu'il a un gosse de 15 ans, conçu avec son premier amour de jeunesse. Grâce à un odieux (mais délirant) chantage, il trouve un poste de pion à temps partiel. Job jugé ingrat, mais qui lui permet de se rapprocher de son fils Jacques (un ado qui s’appelle ainsi, il fallait oser), et son ex Marie, institutrice. Seulement voilà, le rapprochement idyllique qu’il fantasmait n’opère pas exactement comme prévu, et les trois larrons sont encore bien loin du conventionnel portrait de famille.

D’autant plus que du côté de sa mère, les choses se gâtent : Sylvie est désormais retraitée et Julien craint de l’avoir dans les pattes (rappelons que notre anti-héros est un Tanguy dans toute sa splendeur). Pis, elle lui présente Jean-Pierre, son psychologue dont elle parle à l’envi. Et pour qui, de toute évidence, elle est devenue bien plus qu’une énième patiente…

Une galerie de personnages peu valorisante (et c'est tant mieux)

Impossible d’être déçu et/ou dépaysé avec cette nouvelle fournée d’épisodes, tant ils sont alignés sur ceux du coup d’envoi. Même si tout ce qui a fait le sel et la sève de la première saison est ici décuplé, pour le plus grand bonheur des amateurs. Julien enchaîne les situations rocambolesques et a toujours tout du parfait looseur-glandeur accro à la weed, incapable de montrer l’exemple à son rejeton. Mieux encore (ou pire, c’est selon) : il ne cherche pas un instant à le faire ! Dans Irresponsable, pas d’épiphanie, de "saison de la maturité" : Julien est et restera un éternel adolescent retardé.

Et à ce jeu-là, il ne fait pas vraiment bande à part : plus que jamais, chaque personnage s’avère profondément humain et, in fine, bourré de défauts. Sylvie est de ces femmes beaucoup trop accrochées à leur progéniture qui angoisse à l’idée de vivre et périr seule. Marie est un parangon de narcissisme qui, pour reprendre les mots de son ancienne (presque) belle-maman, "est dangereuse uniquement car elle ne sait pas qu’elle est". Que dire de Jean-Pierre, d’abord présenté comme monsieur sagesse, et finalement aussi cupide et faillible que ses patients (ou clients ?).

Un air de "déjà vu". Et après ?

Le seul petit être qui se distingue de cette galerie de personnages pittoresques étant peut-être Jacques, touchant et sensible. Preuve étant, l’épisode consacré à son couple et la perte de sa virginité demeure peut-être le plus émouvant du programme. Rafraichissant par la même occasion le thème de la première fois, ô combien traité dans les séries mais que trop rarement sans être d'une certaine lourdeur.

Alors certes, tout n’est pas parfait, et les plus exigeants pointeront du doigt une simple mise à jour plutôt qu’une vraie nouvelle saison, culottée et nappée de nouveaux défis scénaristiques. Il est vrai que les showrunneurs, s’ils ne se sont pas montrés paresseux, ont préféré éviter toute audace. Et que la saison 2, bien que jouissive, a cet arrière-goût de "déjà vu" quelque peu regrettable. Toutefois, pas de quoi bouder son plaisir : à une ère où les fictions hexagonales traitent toutes d’affaires criminelles ou romantiques de la même façon aseptisée (et donc rasoir), Irresponsable reste une valeur sûre, disruptive et corrosive à souhait.

 

Irresponsable créée par Frédéric Rosset, saison 2 à partir du 22 février 2018 sur OCS. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Si cette nouvelle saison n'offre pas vraiment son lot de nouveautés, elle reste indéniablement drôle, touchante et pertinente. On n'en demandait pas tant !

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier