The Handmaid's Tale saison 2 : Révolte is coming !

The Handmaid's Tale saison 2 : Révolte is coming !

CRITIQUE SÉRIE – De retour depuis le 25 avril sur Hulu et le 26 sur OCS en US + 24, "The Handmaid’s Tale" continue d’explorer les mécanismes misogynes d’une effrayante société dystopique.

L’action prend place dans un futur proche. Suite à une baisse du taux de natalité, un groupuscule (Gilead) s’empare du pouvoir aux Etats-Unis et divise les femmes en plusieurs catégories. Les Épouses gèrent les maisons, les Marthas leur obéissent et les Servantes servent pour la reproduction, supervisées par des Tantes aux allures de gardiennes de prison.

On avait quitté Offred en très mauvaise posture à la fin de la saison 1 et l’ouverture de cette nouvelle salve d’épisodes nous laisse bouche-bée. L’héroïne et une grosse poignée d’autres servantes sont amenées dans un stade à l’abandon pour une pendaison collective. La caméra se faufile dans le troupeau, capte sur les visages l’angoisse, sans aucun dialogue. Une entrée en matière foudroyante, probablement l’une des scènes les plus intenses vues ces derniers mois sur le petit écran. Cette seconde saison n’entend pas faire de concessions ou nous ménager. Les cinq premiers épisodes que nous avons pu voir confirment cette impression.

La réalisation impeccable, faite entre autre mises au point ultra-précises ou de plans savamment pensés, et l'ambiance oppressante sont toujours au rendez-vous dans cette seconde saison. La première pouvait décevoir une fois le concept exposé, en se reposant sur un contenu limité. Ce qui lui a valu parfois d'obtenir quelques critiques dithyrambiques un peu exagérées faisant passer le propos par-dessus tous les défauts. Les scénaristes ont judicieusement réajusté la mire en proposant un background plus étoffé.

Gilaed toujours plus redoutable

La série s’attarde maintenant plus en profondeur sur le fonctionnement de Gilead : mariage forcé, camps de concentration pour les brebis galeuses, sanctions irrémédiables. Ces réminiscences des heures les plus tragiques de l’histoire de l’humanité provoquent l’effroi. Gilead est une machine totalitaire redoutable aux rouages diaboliques. Si la série nous terrasse autant c’est parce que l’Histoire a prouvé que les hommes étaient capables du pire mais aussi que le monde actuel est tourmenté par de belliqueux extrémistes qui ne demandent qu’à répandre leur mode de pensée.

Le futur dépeint n’a volontairement rien de lointain et nous alerte sur les dangers qui nous guettent. Le personnage d’Emily, homosexuel, est primordial dans cette intrigue pour l’écho qu’il fait à la situation des LGBT aujourd’hui. Son traitement narratif est d’autant plus pertinent qu’il s'effectue aussi via des flashbacks – avant la prise de pouvoir de Gilead. The Handmaid’s Tale se rapproche alors encore plus de 2018. Outre sa présence dans une colonie, le plus frappant reste cette terrible scène de séparation avec sa compagne, où fiction et l’actualité se confondent. La série n'est pas si loin de ce que certains pays osent faire endurer aux personnes LGBT.

Résiste, prouve que tu existes

Cette seconde saison a l’avantage d’arriver après l’affaire Weinstein (la première précédait ce scandale), ce qui décuple son impact dans l’évolution des personnages féminins. Elle s’inscrit avec pertinence dans le sillon du mouvement #MeToo et de la révolte entamée par les femmes. The Handmaid's Tale décrit à la perfection les multiples étapes endurées par une femme après la violation de son intimité. Un parcours où la résistance laisse place à la résilience. Qui elle-même enfante la révolte. Après avoir adapté le roman de Margaret Atwood, la série trace sa route de son côté. Désormais les choses doivent changer.

La saison 1 arrivait déjà à capter un brouillement sourd au sein d’un petit groupe de femmes désirant bousculer la hiérarchie. Le doute n’est plus permis cette fois, quelque chose va se passer. Le ton se veut plus sombre, sans aucune pitié. Cette révolte ne se fera pas sans dégât. Loin de simplement se positionner comme une série divertissante, The Handmaid's Tale joue avec nos nerfs - certaines scènes calment instantanément par leur profonde violence. Mais probablement faut-il passer par là pour se permettre d'avoir une lueur d'espoir.

On en revient donc à l'Histoire. Puisque, dans le cadre de la série, celle-ci semble rejouer certains de ses pires chapitres, il faut se remémorer qu'une porte de sortie existe. En attendant de la trouver, il ne reste que des souvenirs, qu'Offred se repasse dans sa tête. Des petites bouffées d'oxygène, où un sourire est permis. Où, héroïne comme spectateurs s'autorisent le droit de souffler. Avant de retomber dans un monde désaturé, privé de vitalité.

Comme ces personnalités qui ont osé prendre la parole pour faire changer les choses, Offred se retrouve, redevient June intimement. Sa condition de femme, qui plus est enceinte, se transforme en une force qu’elle compte bien exploiter. Ce qui fait glisser progressivement les rapports de force entre les différentes classes. June cultive son impertinence, devient un électron de moins en moins soumis. Incarnée par une Elisabeth Moss toujours impeccable, elle cristallise un état d’esprit prégnant à Hollywood. Plus que jamais politique et actuelle, The Handmaid's Tale est un must-see en ces temps qui courent.

 

The Handmaid's Tale créée par Bruce Miller, saison 2 à découvrir sur Hulu et OCS en US+24 depuis le 26 avril 2017. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

"The Handmaid's Tale" soigne son retour avec brio. Une série nécessaire.

Bilan Très Positif

Note spectateur : 2.1 (1 notes)