Unbelievable : une série puissante et humaine

Unbelievable : une série puissante et humaine

CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Toni Collette et Merritt Wever forment un duo d'élite dans "Unbelievable", la nouvelle création policière de Netflix. En partant d'un sujet grave (le viol), la série s'impose comme une proposition humaine, puissante et moderne.

Inspirée d'une histoire vraie, Unbelievable débute sur le témoignage d'une adolescente, Marie, clamant qu'elle a été violée, chez elle, durant la nuit. Alors qu'elle dormait, un homme se serait introduit par la fenêtre et lui aurait fait vivre un véritable cauchemar, les mains liées et les yeux bandés. La police et ses proches croient en ses dires mais quelque chose cloche dans le comportement de Marie. Pourquoi cet air détaché ? Pourquoi ces incohérences entre ses plusieurs versions des faits ? Serait-ce possible qu'elle mente ? La police va privilégier cette piste à force de côtoyer l'ado. Elle sera même accusée de faux témoignage et convoquée devant la Justice pour répondre de ses actes. En parallèle, dans d'autres villes des USA, plusieurs autres femmes portent plainte pour des faits similaires. Il se pourrait qu'un criminel soit dans la nature et qu'il berne la police avec ses méthodes affûtées. Deux inspectrices vont se réunir pour le traquer.

Cette enquête fait office de point de départ mais ce n'est pas pour autant que Unbelievable se contente d'être simplement une série policière dans laquelle les autorités redoublent d'ingéniosité pour coincer quelqu'un de futé. Non, et c'est tant mieux, en marge de cette enquête, une grande place est laissée pour que les victimes soient présentes, que leur voix soit entendue, que l'on prenne le temps d'analyser les mécanismes psychologiques qui se mettent en place après un tel choc.

On adore évidemment se laisser emporter par la progression des deux inspectrices mais on est surtout happé par la force avec laquelle les victimes sont dépeintes et la série fait de son mieux pour présenter une exhaustivité - si tant est que ce soit possible - dans les réactions. Adolescentes et femmes plus mûres défilent, preuve que ce monde est dangereux, avec chacune un plus à apporter. Une vraie humanité se dégage de ces portraits parce qu'elles ont le droit de se tromper, d'hésiter, d'être imparfaites. Unbelievable parle des victimes avec justesse, profondeur, sans pour autant donner l'impression de présenter un catalogue de cas ou de s'engouffrer dans une brèche tire-larmes. Elle ne sollicite d'ailleurs pas directement des émotions impactantes et brutales parce qu'elle affiche avec constance une décence magnifique.

Une approche terre à terre

Le portrait de ces femmes se fait dans une ambiance qui prône le réalisme. On peut y voir beaucoup de détails sur la gestion d'une affaire de viol, que ce soit lors des examens médicaux post-agression, dans le suivi psychologique ou dans les outils du système américain qui peuvent permettre de passer outre cette étape. On plonge également avec la même précision dans les méthodes de travail de la police avec un accent mis sur les manques. La série pointe du doigt les carences avec profondeur, d'une manière telle qu'on a pas l'habitude de voir dans les récits policiers traditionnels.

Le monde dans lequel évoluent les personnages est celui où le commun des mortels s'est empiffré des épisodes des Experts et a une vision déformée de la réalité du métier. Ici, on met du temps à étudier des pistes, les logiciels ne sont pas la solution à tout et certaines démarches demandent du temps. Un temps qui ne fait que renforcer le malaise de victimes tentant de se reconstruire comme elles le peuvent, avec leur caractère. Tout cela se met au service d'une enquête qui tient en haleine durant les huit épisodes. On se demande longtemps comment un homme peut réussir autant à semer la police, et le déploiement des moyens pour trouver la réponse nous saisit par ce sentiment permanent de réalisme.

Un duo de choc

Que serait une enquête sans un duo pour mener les investigations ? Unbelievable n'échappe pas à ce lieu commun et se dote d'un duo complémentaire 100% féminin. Merritt Wever est Karen, la force tranquille, qui fait son travail avec sérieux sans avoir besoin de jouer à la méchante flic autoritaire. Ce personnage est particulièrement important dans le rôle qu'elle joue avec les victimes. La bienveillance qui se dégage d'elle compense la force plus brute de Grace, interprétée par Toni Collette. Cette addition de deux talents pour ces caractères complémentaires est gagnante, d'autant plus qu'on parle de femmes qui doivent traiter une affaire qui touche leur sexe. La portée féministe du sujet saute aux yeux et fait de Unbelievable une oeuvre essentielle de par sa justesse sur un sujet peu évident.

Unbelievable créée par Susannah Grant, sur Netflix à partir du 13 septembre 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Unbelievable s'impose comme une série très forte, rendant justice à son sujet.

Note spectateur : 3.24 (25 notes)