Terminator : une saga culte de 1984 à aujourd'hui

Terminator : une saga culte de 1984 à aujourd'hui

A l'occasion de la sortie de "Terminator : Dark Fate", c'est le moment de revenir sur la saga "Terminator". Composée de six opus, elle a connu des hauts, mais surtout des bas.

De 1984 à 2019 ce sont six films Terminator qui parcourent le temps. Arnold Schwarzenegger a incarné le T-800 dans cinq de ces films. En 1991, James Cameron revient derrière la caméra pour mettre en scène un deuxième épisode. En 2003, un troisième opus voit le jour sous la direction de Jonathan Mostow. En 2009, McG choisit d'emmener la franchise vers d'autres horizons avec Terminator : Renaissance, qui est le seul opus sans Arnold Schwarzenegger. En 2015, Alan Taylor signe le pire épisode de la franchise. Et enfin, en 2019, Tim Miller reprend les rennes avec Dark Fate.

Terminator : le début de la gloire

En 1984, James Cameron est encore un novice. Terminator est son deuxième film, trois ans après Piranha 2. Mais avec ce nouveau coup d'essai remarquable, James Cameron va s'attirer les regards, et devenir le grand cinéaste qu'on connaît. D'après ses propres dires, James Cameron aurait eu l'idée de Terminator dans un rêve. Alors qu'il était fiévreux il a imaginé dans son sommeil un robot tueur émergeant d'une mer de flammes. La majeure partie du script est basée sur ce postulat de départ, même si James Cameron n'avait à l'époque pas le budget nécessaire pour apporter ce décor apocalyptique.

Avec Terminator, Arnold Schwarzenegger devient une star internationale, deux ans après avoir été révélé dans Conan, le Barbare. C'est James Cameron qui fait pression sur le studio pour que l'acteur interprète le T-800. Il le retrouvera plus tard à deux reprises dans T2 et True Lies.

Terminator : une saga culte de 1984 à aujourd'hui

Terminator est en tout cas un véritable classique de la science-fiction. James Cameron crée une œuvre de pop culture extrêmement impactant, qui permet de réévaluer les blockbusters américains. Il parvient à allier un scénario complexe et une réalisation rythmée. Il gère les voyages temporels avec énormément de crédibilité, qui donnent toute sa saveur à ce premier Terminator. C'est aussi une image forte d'un antagoniste inoubliable. Arnold Schwarzenegger est impressionnant de justesse dans ce rôle où il ne prononce que 19 phrases. Il repose l’entièreté de son jeu sur des mimiques, des regards, des postures, et donne une identité sérieuse et logique à la représentation du robot. Bref, Terminator est un monument de la science-fiction, qui repose encore aujourd'hui sur un concept très moderne. Arnold Schwarzenegger demeurera éternellement irréprochable dans ce rôle, et la mythologie proposée par James Cameron est intemporelle. Un pionnier de la science-fiction au sein de la pop culture.

Terminator 2 : le tour de force impensable

La question était de savoir comment faire mieux que le premier film ? Déjà, James Cameron a mis un certain temps avant de revenir pour une suite de Terminator. Entre temps, il a fait un détour dans la franchise Alien et a réalisé Abyss, deux autres classiques de la science-fiction. Pour l'occasion, outre le retour de Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton revient elle aussi dans la peau de Sarah Connor. Cette fois; James Cameron est un réalisateur réputé et respecté. En témoigne le budget de ce Terminator 2 qui est le premier de l'histoire à atteindre la barre des 100 millions de dollars. Le cinéaste ne fait pas les choses à moitié avec Jugement Dernier, dont le but est de surprendre.

Terminator : une saga culte de 1984 à aujourd'hui

Terminator : Le Jugement Dernier veut prendre le spectateur à contre coup. Après une introduction identique au premier opus, qui multiplie les auto-références, le scénario de James Cameron est truffé de surprises. Il veut réaliser un film totalement différent du premier opus, en faisant évoluer drastiquement ses personnages. Déjà, Sarah Connor n'est plus la victime de son destin, mais est devenue une jeune femme forte et indépendante. Linda Hamilton a fait énormément de musculation pour atteindre une silhouette affûtée très différente du premier film. Cette fois la protagoniste devient une véritable icône du cinéma, en devenant une héroïne culte. Linda Hamilton devient aussi un symbole féministe au cinéma, comme Sigourney Weaver avant elle.

Mais le véritable coup de génie réside évidemment dans le personnage du T-800. Comment réutiliser le personnage sans tomber dans la redit ? En le transformant en gentil. C'est le tour de force de ce deuxième opus, le twist génial qui conclut le premier acte, où le spectateur apprend, dans une scène d'action dantesque, que cette fois le T-800 est de retour dans le passé pour protéger John Connor. Une surprise comme Hollywood n'en fait plus. Arnold Schwarzenegger a adapté son jeu, quelque part entre le froid mécanique du robot, mais également la naissance d'une âme pour rendre crédible son changement de personnalité. Et le tout fonctionne à la perfection, tant ce twist est un des plus célèbres du cinéma, et donne une saveur inédite à la saga Terminator. Mais si Arnold Schwarzenegger devient le gentil, il faut trouver un antagoniste à sa valeur. C'est là que James Cameron crée le T-1000, une nouvelle race de robot, qu'il confie à Robert Patrick. L'acteur est impressionnant de maîtrise, tandis que ce méchant est très avancé technologiquement.

Terminator 2 : Le Jugement Dernier est un véritable classique, qui a son lot de scènes mémorables, entre une introduction méta, une scène de course-poursuite d'anthologie, une séquence dans l’hôpital définitivement culte et une conclusion douce amère.

Terminator 3 : le début de la fin

Plus de dix ans après la fin de Terminator, les producteurs se disent qu'il est temps de ramener le T-800 sur le devant de la scène. Sorti en 2003, c'est le premier film qui n'est pas réalisé ni écrit par James Cameron. Linda Hamilton a également refusé de reprendre le rôle de Sarah Connor. Même Edward Furlong n'a pas désiré revenir en John Connor, remplacé par Nick Stahl. Reste Arnold Schwarzenegger, fidèle au poste, de retour dans la carapace métallique du robot. Alors que les noms de Ridley Scott, Roland Emmerich, David Fincher et John McTiernan ont été évoqués pour remplacer Cameron, c'est finalement Jonathan Mostow qui hérite de la réalisation. Dedans, une nouvelle race de Terminator veut se débarrasser de John Connor. Cette fois, c'est une femme qui a le mauvais rôle, puisque Kristanna Loken est le visage du T-X.

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Terminator 3 : Le Soulèvement des Machines ne propose rien de bien nouveau. Jonathan Mostow se contente de refaire la formule qui a fonctionné. Mais le public n'est pas dupe, et refuse de se faire avoir par un remake déguisé. Arnold Schwarzenegger est renvoyé dans le passé pour protéger John Connor. Et si ce n'est quelques références appuyées aux premiers opus, ce T3 n'a pas grand chose à offrir.

Terminator Renaissance : la bonne idée qui ce n'est pas concrétisée

En 2009, Terminator est encore de retour. Cette fois, la mise en scène est donnée à l'ancien rappeur McG. Renaissance demeure le seul opus de la franchise Terminator sans la présence de Arnold Schwarzenegger. Mais le film n'est pas dénué de références. Schwarzy est matérialisé numériquement le temps d'une scène, la voix de Linda Hamilton se fait entendre à deux reprises, et Renaissance permet le retour du personnage de Kyle Reese, interprété pour l'occasion par Anton Yelchin.

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Finalement, Terminator Renaissance est peut-être le plus réussi des suites proposées. McG a une vision différente des autres opus, puisque c'est le seul à apporter une action qui prend place dans le futur. Le long-métrage permet au spectateur de se plonger dans la guerre qui oppose humains et machines. Dans une ambiance post-apocalyptique, McG tente de créer un univers inédit, qui emprunte tantôt à Mad Max, tantôt à Transformers.

En ressort un film étonnant, pas toujours parfaitement maîtrisé, mais qui a le mérite de proposer quelque chose de nouveau au sein de la franchise. Il s'éloigne des voyages temporels et des redits comme le faisait Terminator 3, pour aller au-devant de l'inconnu. Porté par Christian Bale et Sam Worthington, Renaissance demeure malheureusement un blockbuster trop formaté pour réellement convaincre le public. Avec seulement un peu plus de 371 millions de dollars de recette, Terminator : Renaissance est un échec, ce qui enterre les possibles suites.

Terminator Genisys : il doit arrêter de revenir

Déjà, donner la réalisation à Alan Taylor, n'est pas forcément le choix le plus intelligent. Ce cinéaste, qui vient du monde des séries, a déjà piétiné l'univers Marvel en réalisant Thor : Le Monde des Ténèbres, l'un des pires épisodes du Marvel Cinematic Universe. Ensuite, les producteurs ne savaient pas vraiment quoi faire de ce film. Est-ce une suite classique ? Un remake ? Ou un reboot ? Et bien, finalement, c'est un peu des trois à la fois. Terminator Genisys ne sait pas réellement sur quel pied danser, et se retrouve à faire un best of des grands moments de la saga. En 2015, douze ans plus tard, Arnold Schwarzenegger est pourtant de retour dans le rôle du T-800.

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Paradoxalement, parfois, Alan Taylor et ses scénaristes cherchent à mettre un énorme coup de pied dans la fourmilière en changeant totalement le passé de la mythologie Terminator. Mais le scénario trop paresseux ne laisse aucune chance au film pour convaincre. La présence de Arnold Schwarzenegger est presque un aveu de faiblesse, représentatif de ces retours en arrière d'Hollywood. Une sorte d'attrape couillon, servant simplement à pêcher le public nostalgique d'une ère révolue.

Ramener ce personnage culte pour si peu est déroutant, et extrêmement décevant. Tout juste divertissant grâce à quelques passages emplis d'auto-dérision, Terminator Genisys se rapproche plus d'une série B à gros budget que d'un véritable film issu de la franchise Terminator. Un pastiche paresseux des précédents opus, jouant malencontreusement avec les lieux, les personnages et les références des premiers opus de James Cameron. Terminator Genisys est donc le représentant d'un cinéma qui préfère faire étalage des bonnes choses de jadis, plutôt que de proposer un contenu novateur et recherché. Un cinéma qui joue avec la nostalgie du spectateur, et son manque d’exigence, se reposant uniquement sur une marque, un titre, en l’occurrence l’appellation Terminator.

Terminator Dark Fate : un titre révélateur

Voilà la fausse bonne idée des producteurs : effacer purement et simplement les épisodes 3, 4 et 5 de la saga Terminator. A la manière du récent Halloween, la saga décide de repartir sur de bonnes bases en se déresponsabilisant des épisodes précédents. Cette fois, Tim Miller, le réalisateur du premier Deadpool, s’occupe de la mise en scène. Mais l’intérêt de ce nouvel opus réside bien évidemment dans les retours de Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger dans leur rôle culte. Tim Miller surprend d’abord, en offrant une scène d’introduction assez courageuse, où il change une fois de plus l’avenir avec un habile retour dans le temps.

S’en suit toute une première partie de haute volée, où le cinéaste propose des séquences d’action renversantes. Le retour de Linda Hamilton est parfait, simple et efficace. C’est également une proposition féministe assez bien gérée. Sans jamais tomber dans le forcing, Dark Fate met en scène des personnages féminins forts, réalistes, sans être clichés. Un girl power légitime emmené par Mackenzie Davis, très performante. De plus, Linda Hamilton a travaillé extrêmement dur pour revenir au top niveau. Un entrainement extrêmement physique qu'elle a hésité à assumer :

L’action est dix fois plus impressionnante que dans T2. Après avoir lu le scénario, je me suis tournée vers mon meilleur ami et lui ai dit : « Je dois mettre mes affaires en ordre. Je ne reviendrai peut-être pas. » J’ai même essayé de suggérer que Sarah pouvait avoir grossi à ce stade de sa vie pour ne pas avoir à travailler si dur – ce ne serait pas si étonnant, après tout… Mais ils ont dit non !

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Malheureusement, le long-métrage tombe dans des travers classiques de la franchise. Mettre en scène le terrible T-800 avec une famille, en short, et passionné de décoration intérieure n’était peut-être pas la meilleure des idées. Tim Miller n’arrive pas à conclure son film et s’empêtre dans un récit qui s’étire jusqu’à l’asphyxie. Reste une conclusion relativement touchante pour notre chère Terminator. Bref, Terminator : Dark Fate c’est un peu la routine quoi. 

L'avenir de la franchise est maintenant compromis. Tandis que James Cameron veut encore produire des Terminator, contre l'avis général du public, la saga est au cœur d'un problème de droit. Gale Anne Hurd, la scénariste du film originel a décidé de « mettre fin à une concession de droits d’auteur octroyée il y a 35 ans ». En d’autres termes, cela signifie que Skydance Media et James Cameron pourraient perdre les droits d’exploitation d’ici novembre 2020. Ce qui signifie que l'avenir de la franchise est relativement flou...