#LesFilmsDeLaHonte : conjurons Y’a-t-il un exorciste pour sauver le monde ?

#LesFilmsDeLaHonte : conjurons Y’a-t-il un exorciste pour sauver le monde ?

Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous partagent l’un de leurs pires films préférés. C’est au tour de la comédie parodique "Y’a-t-il un exorciste pour sauver le monde ?" d’être passée au crible. Souvenez-vous, lourdeurs et longueurs étaient au rendez-vous malgré quelques gags de qualité et des acteurs possédés.

C’est en 1990 que sortait Y’a-t-il un exorciste pour sauver le monde ? (Repossessed) signé Bob Logan. Parodie du film L’Exorciste (1973) de William Friedkin, Linda Blair aka LA Regan MacNeil de l’incontournable film d’épouvante portait le rôle qui a fait son succès à la dérision. La comédienne n’avait que 14 ans lorsque la possession devint son cheval de bataille, univers qu’elle retrouva quatre ans plus tard dans le moins connu L’Exorciste 2 : l’hérétique puis en 1990 dans la parodie dont nous traitons aujourd’hui. Imprégnée par son personnage, marquée à vie par celle qui l’a rendue célèbre, Blair a après le film culte eu bien du mal à rebondir... N’hésitez pas à relire notre article traitant du parcours de l’actrice une fois exorcisée. Ci-dessous, un petit extrait de notre pépite de la honte, juste histoire de vous mettre l’eau à la bouche et les nerfs en pelote !

Prêtre vs démon

Jadis , un courageux prêtre, le père Gédéon Mettez (campé par le regretté Leslie Nielsen) a libéré la petite Nancy Aglet du démon qui avait pris possession de son corps. Vingt années se sont écoulées. Le père Gédéon a pris sa retraite et Nancy (Linda Blair) est devenue mère de famille. Le Malin, qui a de la suite dans les idées, se faufile par le biais du téléviseur jusque dans l'esprit de Nancy, que les premiers symptômes n'étonnent pas. Consulté, le père Gédéon refuse d'intervenir. En désespoir de cause, Nancy demande à deux télévangélistes de l'exorciser en direct, sur un plateau de télévision... Notre exorciste finit par relever le défi que le diable lui lance à travers l’écran. Les deux télévangélistes, Miche d’acier et Jessy le bourreau du Massachussetts, sont chargés de commenter ce combat exceptionnel, sorte de match de catch entre notre curé et le démon personnifié.

Le Mal qui a repris possession du corps de la pauvre Nancy est tout feu tout flamme, pas content du tout d’avoir autrefois été humilié par le prêtre qui l’a extirpé de la demeure où il comptait s’installer sans payer de loyer, avec un bail ad vitam eternam. Fan de Rocky, l’homme de Dieu se lance alors dans un entraînement de boxeur de haut niveau. Et pour cause, le père Mettez ne peut permettre au démon de tuer Nancy à petits feux, non non non ! Est-il cuit ? Embrochera-t-il le démon, l’attrapera-t-il par la queue ou l’emportera-t-il au paradis ? Si vous n’avez pas encore vu le film, allez donc frappez des poulets crus et signez-vous sept fois avant de commenter quoi que ce soit, et surtout, préparez-vous au pire. Tout comme Mettez, il faut avoir le cœur bien accroché...

Un comique de haut vol

L’acteur canadien naturalisé américain Leslie Nielsen (1926 – 2010) est apparu dans plus de cent films et pas moins de cent cinquante émissions au cours de sa carrière. Notre homme a ainsi interprété pas moins de deux cent vingt personnages. Le rôle de pince-sans-rire qu’il campe en 1980 dans Y a-t-il un pilote dans l’avion ? marque un véritable tournant dans sa carrière. Le docteur Rumack dévoile son talent au monde entier avant de se glisser dans la peau de Frank Drebin dans la série Police Squad en 1982. Six épisodes plébiscités à l’origine de la trilogie à succès que nous connaissons tous, avec notre policier gaffeur dans le premier rôle : Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? (1988), Y a-t-il un flic pour sauver le président ? (1991) et Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? (1994).

Nécessairement associé à la série des Y a-t-il un flic..., ce pastiche de L’Exorciste conserve le même humour en s'attaquant aux codes d'un genre cinématographique précis. Dans notre cas, Linda Blair se parodie elle-même en reprenant les traits d’une Regan désormais dénommée Nancy tandis que Nielsen nous offre un hilarant mix du père Merrin (Max von Sydow) et du père Karras (Jason Miller). En résulte une heure vingt de sourires, de rires ou de fous rires selon notre baromètre d’acceptation. Lourdingue sur les bords, poussé à l’extrême, le film plaît ou pas. On aime ou on déteste en résumé mais une chose est certaine, on ne peut rester insensibles aux pitreries de Nielsen et au faciès de Nancy.

Chair de poule ou poule mouillée ?

La parodie induit forcément que nous n’allons pas trembler. Les scènes horrifiques de L’Exorciste sont rangées au placard pour ne conserver que le maquillage effrayant d’une Regan plus provocante que jamais. Alors forcément, on sourit sans ne jamais trembler, on soupire sans ne plus sursauter. Les zygomatiques s’activent plus ou moins et notre cœur ne bat plus la chamade, comme à l’heure de découvrir MacNeil descendant les escaliers la tête à l’envers ou tournant sa tête à 360°. Toujours est-il que la satire de la télévision, et plus particulièrement du télévangélisme, est fort bien amenée.

Nombreux furent ceux à trouver la première demi-heure très satisfaisante, originale et drôle à souhait, avant de virer de bord. Les satisfaits sont passés du côté des déçus quand la parodie a rejoint le rang des films honteusement appréciés. Y a-t-il un exorciste pour sauver le monde ? s’essouffle sur la fin, tant et si bien qu’on finit même pas s’ennuyer. Heureusement que Blair et Nielsen sauvent l’honneur via des prestations brillantes.

Un échec cuisant

Les flammes de l’enfer ont en partie brûlé les rétines des spectateurs tout en leur mettant le feu au derrière. Il fut en effet bien difficile pour les plus exigeants de rester assis à contempler l’absurde personnifié. Bien que débridé, le film fut de ce fait un échec commercial cuisant tant il fut jugé exagéré. Or n’est-ce pas là le propre de la comédie parodique ? Y’a-t-il un exorciste pour sauver le monde ? a par ailleurs reçu le Razzie Award de la pire chanson originale pour He's Comin' Back (The Devil!).

Mettons les chiffres et critiques de côté pour mieux nous concentrer sur nos propres ressentis… La grande question en effet demeure : parodier un chef-d’œuvre tel que L’Exorciste tient-il de l’irrespect, de la folie, de l’expérience ou de l’inconscience ? Était-ce brillant de mêler la figure terrifiante du Malin à un match de catch en direct, avec comme adversaire un prêtre maladroit comme c’est pas permis ? À vos commentaires !