A l'occasion de la sortie de "Tully" le 27 juin au cinéma, retour sur la carrière de Charlize Theron au travers de 5 rôles marquants. Et promis, il ne sera pas question de "The Last Face" !
Avant d'être présente dans toute une ribambelle de blockbusters ces dernières années, la carrière de Charlize Theron est passée par plusieurs phases. L'actrice, aussi mannequin, a connu des hauts et des bas depuis ses débuts au milieu des années 90. Des choix étranges, parfois incompréhensibles, qui ont fait stagner sa carrière.
On a eu l'impression durant des années qu'elle s'inscrivait dans le paysage cinématographique américain sans totalement exploser et devenir un méga-star affilée à d'immenses succès commerciaux et critiques. Même son Oscar de la Meilleure Actrice en 2004 pour Monster n'a pas débouché sur une avalanche de rôles marquants.
Retour sur sa carrière au travers de 5 rôles qui nous ont particulièrement marqué.
The Yards
Deuxième film de James Gray et deuxième réussite. Dans la filmographie du metteur en scène américain, il est intéressant d’étudier de près la place qu’il accorde aux femmes. À l’époque de The Yards, elles sont encore au second plan, victimes du destin, des conventions sociales. Charlize Theron incarne Erica, la cousine de Léo (Mark Wahlberg). Tout le long du film on perçoit des liens ambigus entre eux. Erica est la future femme de son meilleur ami Willie (Joaquin Phoenix) mais on la sent attirée par son cousin. Une relation impossible qui forme un triangle amoureux toxique aux dégâts irréversibles.
On pourrait vanter les mérites de tout le casting mais Charlize Theron fait mouche à chacune de ses apparitions. Cheveux courts, elle marque par sa douceur dans un environnement viril où se multiplient les magouilles. On la croit débarquer d’un autre film, perdue entre un avenir conditionné (elle ne peut pas refuser le mariage) et des profonds sentiments intériorisés (son attirance pour son cousin est difficile à cacher). Ce qui en fait une victime de la fatalité – un thème central dans le travail de James Gray. Comme si ce monde n’était pas pour elle, telle une lueur trop fragile pouvant s’éteindre n’importe quand face à des forces qui la dépassent. James Gray est dans le vrai en la choisissant pour ce rôle.
Monster
Avant de prendre 23 kilos pour son rôle dans Tully, Charlize Theron s’était déjà essayée aux changements morphologiques dans Monster. Pour son premier film, la désormais célèbre Patty Jenkins (Wonder Woman) s’essaye au biopic criminel en retraçant une partie de la vie d’Aileen Wuornos, une prostituée devenue tueuse.
Afin d’être crédible dans ce rôle, Charlize Theron prend du poids, enfile des prothèses, des fausses dents… Le résultat est époustouflant mais il ne faut pas tout mettre sur le compte de la transformation physique pour justifier sa performance – bien que cela soit tentant tant les américains aiment ces performances. Elle se révèle comme on ne l’a jamais vu, aussi puissante dans ses excès que dans des phases de jeu minimalistes. Un rôle important qui joue avec son image de mannequin pour l’éclater, aller à contre-courant. On sent à cette époque que sa carrière n'arrive pas à franchir un cap et qu'elle était envieuse de s'offrir son grand rôle qui allait la faire basculer dans une autre dimension. Effectivement, sa performance lui fera remporter l’Oscar de la meilleure actrice à juste titre ainsi que d'autres prix, y compris un Golden Globes !
Les années suivantes, elle peina à enchaîner les rôles du même acabit. Malgré qu'elle se mît en scruter des rôles de femmes fortes, elle ne trouva pas les bons projets pour s'imposer. La réussite commerciale était rarement au rendez-vous, comme les critiques positives. Son pire choix fut Æon Flux, assassiné à sa sortie et naufrage au box-office (52 millions de dollar à travers le monde pour un budget de 62 millions).
L'Affaire Josey Aimes
Comme nous le soulignions précédemment, l'après-Monster est difficile à négocier pour Charlize Theron. Elle se met en quête d'autres rôles de composition, sans doute confortée par sa performance lui ayant valu un Oscar. C'est ainsi qu'elle se retrouve à tourner dans Nous Étions Libre, Loin De La Terre Brulée ou L'Affaire Josey Aimes. Dans ce dernier, réalisé par Niki Caro elle trouve un rôle à la hauteur.
Tiré d'un fait divers américain, le scénario met en scène Josey Aimes, mère de famille divorcée, de retour dans son Minnesota natal pour trouver un emploi. C'est à la mine qu'elle le décroche, dans un monde où les hommes voient d'un mauvais œil la présence d'une femme. Elle devient exposée aux remarques désobligeantes, aux comportements déplacés. Assez pour lui rendre la vie impossible. Au pied du mur, elle se rebelle et porte l'affaire devant la justice américaine.
Le film s'embourbe dans quelques maladresse, notamment de l'emphase émotionnelle, mais Charlize Theron y est impeccable. Le film préfigure certains de ses rôles futurs, dont celui dans Atomic Blonde. Ce qui est en jeu est un combat ouvertement féministe contre une armée d'hommes bloqués dans leur conception de la société patriarcale. Réalisé en 2005, le film semble encore d'actualité 13 ans plus tard. Grâce à sa prestation, Charlize Theron se retrouve pour la deuxième fois de sa carrière en course pour l'Oscar de Meilleure Actrice. Prix qu'elle ne remportera pas, au profit Reese Witherspoon dans Walk The Line.
Mad Max : Fury Road
Dans les années 2010, Charlize Theron s'éloigne des drames ou des films d'auteurs modestes pour s'orienter vers les gros projets. Il est temps pour elle de se faire une place de premier choix.VEt voilà que George Miller a la merveilleuse idée de lui offrir le rôle principal de Mad Max : Fury Road. Car il s'agit réellement d'un premier rôle, dans un film qui se veut ouvertement féministe, reléguant Max (Tom Hardy) au second plan, au point même d'oser l'attacher pendant une bonne demi-heure, subissant les événements. Tout le projet de Miller est là : remodeler son univers post-apocalyptique pour s'émanciper de la masse de blockbusters sans identité, tout en proposant un résultat en phase avec son époque.
Effectivement, Mad Max : Fury Road ne ressemble à rien de ce que l'on a pu voir en terme de grand spectacle. Traversé de vision hallucinées, son road movie est aussi épuré narrativement que riche à analyser. Miller ose filer les clés de son film à une bande d'amazones, menée par l'Imperator Furiosa, devenue aujourd'hui une figure culte du cinéma de science-fiction. Aux côtés d'une Ellen Ripley, d'une Sarah Connor ou d'une Trinity. Là où elle avait échoué dans Æon Flux, Charlize Theron le réussit maintenant. Elle est enfin identifiée à un rôle qui résonne dans l'inconscient collectif. Un rôle pour lequel elle donne de sa personne ! Cheveux quasiment rasés et amputée d'un demi-bras, elle parait méconnaissable. Au cas où vous ne l'auriez pas déjà compris : Fury Road est un chef d'œuvre.
ATOMIC BLONDE
Ces dernières années, Hollywood cherche à mettre en avant des héroïnes badass pour apporter une réponse cinématographique au mouvement féministe grandissant. Dans ce contexte arrive un film comme Atomic Blonde. Après Furiosa, Charlize Theron campe une héroïne tout aussi véner. L'actrice utilise cette fois son imparable potentiel de séduction, au service d'un film d'action qui se positionne comme une réaction aux actionners masculins (style John Wick). Elle est divine, oui, mais elle n'hésite pas à botter des culs pour arriver à ses fins. Et ça fait plaisir !
Le résultat fait (forcément) moins d'effet que le sur-puissant Mad Max : Fury Road, mais s'avère rugueux, pas avare en effets stylistiques et généreux ! David Leitch filme les scènes d'action comme s'il avait un homme devant la caméra (aucun ménagement dans les cascades, les chorégraphies) tout en n'hésitant pas à exploiter le charme de l'actrice d'origine sud-africaine. Assez pour satisfaire les amoureux d'action tout en conférant à Atomic Blonde une identité propre. Si après cela vous n'avez pas envie de plus d'héroïnes badass sur grand écran, on ne peut plus rien pour vous.