120 battements par minute : comment le film a bouleversé la direction d’Act Up-Paris ?

Le film avait remporté 6 César en 2018

120 battements par minute : comment le film a bouleversé la direction d’Act Up-Paris ?

Troisième film de Robin Campillo, « 120 battements par minute » reçoit un accueil triomphal lors de sa sortie en 2017. Paradoxalement, le film qui s’inspire des nombreuses luttes politiques de l’association Act Up-Paris provoque de grands bouleversements chez cette dernière.

120 battements par minute : un film marquant des années 2010

Dès 2006, Robin Campillo se fait connaître en co-scénarisant le film Entre les murs. Par la suite, il réalise deux films salués par la critique : Les Revenants (qui donnera lieu à une série du même nom) et Eastern Boys. En 2017, il sort dans les salles son nouveau long-métrage intitulé 120 battements par minute.

Ce dernier relate  les nombreuses actions menées par Act Up-Paris, une association militante contre le sida. Le réalisateur est d’autant plus investi par le film car il a fait partie de cette organisation durant plusieurs années.

Présent en compétition officielle du Festival de Cannes 2017, le film fait une véritable sensation en remportant notamment le Grand Prix du Jury et le Prix FIPRESCI. L’année suivante, 120 battements par minute est également un succès aux César en remportant six statuettes sur 13 possibles, dont celle du meilleur film.

Un véritable triomphe donc, qui se conjugue également avec un joli score au box-office. En effet, le film parvient à faire plus de 850 000 entrées en France.

120 battements par minute
120 battements par minute ©Les Films de Pierre

120 battements par minute se déroule donc au début des années 1990, à une époque où le sida fait des ravages auprès de la communauté homosexuelle. Les militants d'Act Up-Paris s’activent pour lutter contre l'indifférence générale des médias et de l’opinion publique. C’est dans ce contexte que Nathan, nouveau venu dans l’association fait la rencontre de Sean, un militant totalement radical et fidèle au mouvement.

Conséquences inattendues

Bien que Campillo ait signifié que son film est une œuvre de fiction, il reprend toutefois des actions, des débats, et des personnalités ayant réellement sévi chez Act Up-Paris. Des coups forts tels que le jet de faux sang sur le directeur de l'Agence française de lutte contre le sida, ont, par exemple, réellement existé.

Cela fait de 120 battements par minute un film authentique ainsi qu’un hommage à une association qui s’est longuement battue pour la dignité de la communauté homosexuelle.

Cependant, le succès de 120 battements par minute a entraîné un revers de médaille auquel ne s’attendait pas l’organisme, comme le révèle le JDD.

En effet, à la suite du long-métrage, Act Up-Paris a vu arriver de nombreux militants venus de tous bords. Sauf que ces derniers n’avaient rien à voir avec ceux que l’association avait connus dans les années 90 : plus jeunes, plus politisés et plus au fait d’autres luttes antidiscriminatoires, ils se seraient donc servi de l’asso comme vitrine pour revendiquer des combats qui n’avaient rien à voir avec elle.

Dans ces conditions, l’équipe dirigeante d’Act Up-Paris, qui était déjà fragilisée par un redressement judiciaire en 2014, décide de démissionner. Dans un communiqué, les deux anciens coprésidents Rémy Hamai et Mikaël Zenouda, ainsi que l'ancien vice-président Xavier Coeur-Joll déplorent alors ce qu’est devenue l’association avec l’arrivée de ces nouveaux militants.

La démission de l’équipe dirigeante d’Act Up-Paris a provoqué des réactions contrastées, certains rappelant le rôle déterminant de l’association à ses débuts, et d’autres estimant que ce départ était un mal pour un bien car l’organisation militante était devenue dépassée par les enjeux d’aujourd’hui. Toujours est-il que les membres de la désormais ex-équipe dirigeante d’Act Up-Paris a su rebondir en créant un nouveau mouvement appelé Les ActupienNEs.