Le 15h17 pour Paris : pourquoi le film fait-il polémique ?

Le 15h17 pour Paris : pourquoi le film fait-il polémique ?

L'avocate du suspect de l'attaque du Thalys souhaite faire interdire "Le 15h17 pour Paris" de Clint Eastwood, fraîchement sorti en salles. Explications.

Cinéma et justice ne font pas toujours bon ménage. Le 15h17 pour Paris en est-il la preuve ? C'est du moins ce qu'explique Sarah Mauger-Poliak, représentante d'Ayoub El-Khazzain, tireur supposé dans l'attaque du Thalys du 21 août 2015, à nos confrères d'AlloCiné.

Confusion inévitable

Pour elle, il est dangereux que le 7e art s'en mêle : en effet, Hollywood donne une version des faits alors qu'aucun jugement n'a encore été rendu par la justice. Cela peut-il influencer la cour ? Chose sûre, le film forgera et/cimentera l'opinion des spectateurs désireux de voir le film en salles... Sarah Mauger- Polika explique :

"Quelle loyauté des débats quand, sous couvert de porter à l’écran une "histoire vraie", ce film met en scène une version biaisée et artificiellement harmonisée où les différents protagonistes jouent et rejouent (autant que nécessaire pour le tournage) leur propre rôle sous la direction d’un réalisateur, dont le souci n’est évidemment pas de favoriser la recherche de la vérité, mais d’obtenir le meilleur effet cinématographique ?"

La confusion entre réalité et fiction est assez troublante, c'est le moins que l'on puisse dire. Rappelons que le film réalisé par Clint Eastwood est basé sur le livre homonyme écrit à six mains par les trois Américains qui ont arrêté le tireur présumé avant qu'il lance une attaque sur le train. Ils jouent également leur propre rôle dans le long-métrage, et ont même donné leur avis sur l'écriture du scénario... Ce qui a pour don d'agacer l'avocate :

"Comment espérer de ces acteurs-victimes ou témoins qui auront appris et intériorisé leur rôle à l’écran, la spontanéité et la sincérité que suppose la justice, lorsqu’ils seront les acteurs, non plus d’un film mais d’un procès ?"

 On savait que les grandes affaires judiciaires avaient souvent tout du bon feuilleton, mais rarement ceci ne s'est avéré aussi vrai.