Pour sa dix-neuvième édition, le festival américain "Animation Show of Shows", dédié aux courts-métrages d'animation, a décidé de faire la part belle à des projets aussi divers que variés. Et parmi les 16 films sélectionnés, nous retrouvons 3 productions françaises. Petit tour d'horizon de ce cru 2018.
En guise de leasing, Ron Diamond, créateur et directeur du festival, a annoncé une programmation de films aussi inspirants qu'engagés. Surfant sur un contexte des plus instables, Ron Diamond prolongea sa pensée en admettant que la programmation de cette nouvelle édition entrerait en résonance avec l'actualité outre-Atlantique, ainsi qu'au-delà des frontières américaines.
Des courts qui en disent long
Les projections commenceront avec la diffusion d'un projet français. Can You do it est un clip d'animation réalisé par Quentin Baillieux (aka Parallel). Ce projet fut crée pour le titre éponyme de l'étoile montante du hip-hop west-coast, Charles X. Le réalisateur français nous délivre ici un court-métrage stylisé. Ainsi, il nous offre une vision originale et optimiste d'une certaine lutte des classes, opposant les élites à la rue. Cette opposition prend libre court lors d'une course de chevaux dans les rues de Pacoima, à Los Angeles. Le contraste est appuyé par les personnages et leur traitement, ainsi qu'à l'environnement urbain et son architecture. Cependant, ce traitement " manichéen " laisse place à un symbiose des opposés. Un état de liesse générale s'empare de la foule, symbole de la dimension cathartique dont relève l’événement. Finalement, le clip nous donne à voir un univers où il n'y aurait plus de privilèges, où les gens se mélangeraient pour s'amuser tous ensemble. Un optimisme pacifique rafraîchissant.
Gokurosama, deuxième projet en sélection estampillé frenchy, sort tout droit des fourneaux de MoPA, école d'animation basée à Arles. Ce court-métrage fut co-réalisé par 6 étudiants. Un travail collaboratif dantesque. Nous nous retrouvons plongés dans un centre commercial japonais. Une commerçante se retrouve littéralement coincée par un mal de dos. Sa jeune employée, bien décidée à lui venir en aide, envisage de lui faire traverser tout le centre commercial. Une histoire touchante et profondément humaine. Énième promesse d'un secteur de l'animation française actuellement en plein essor.
Last but not least
Enfin, le troisième et dernier court-métrage d'animation français en lice n'est autre que Unsatisfying. Produit par Parallel Studio (Paris), ce court-métrage mettra vos nerfs à rude épreuve. En effet, ce film est une succession de moments de frustration extrême. Petit florilège : la canette qui reste bloquée dans le distributeur, le ballon de basket qui flirte avec le panier pour finalement sortir, la tartine de confiture qui tombe sur la face tartinée, etc. Un procédé simple mais qui n'en demeure pas moins efficace. Par ailleurs, ce court-métrage fut un temps viral sur les réseaux sociaux. Il a su faire stresser plus de 2,3 millions de spectateurs rien que sur Vimeo. Une bien belle performance. Gageons qu'il connaisse le même succès lors du Festival.
Mais les productions françaises se trouvent noyées face aux productions plus éminentes. On pense notamment au court-métrage Dear Basketball réalisé par l'ancien de chez Disney, Glen Keane. Ce film s'inspire d'un poème de Kobe Bryan, composé pour l'annonce de sa retraite. À la musique, on retrouve le non moins célèbre John Williams. Du grand standing donc. On gardera également un oeil attentif sur les projets The Burden du suédois Niki Lindroth von Bahr ou encore Everything de David O'Reilly. Enfin, Hangman, court-métrage d'animation datant de 1964, sera diffusé en version restaurée.
Cette 19ème édition du " Animation Show of Shows " a débuté le 19 janvier dernier. Les projections ont lieu dans plusieurs salles obscures américaines, et ce jusqu'au 12 mai prochain.