Adèle Haenel se confie sur l'arrêt de sa carrière d'actrice

Adèle Haenel se confie sur l'arrêt de sa carrière d'actrice

La comédienne Adèle Haenel, doublement récompensée aux César, a récemment réagi à propos de l'arrêt de sa carrière. Elle s'est confiée sur son choix, motivé par le milieu du cinéma dans lequel elle ne se reconnaît plus. Et elle ne mâche pas ses mots.

Où est passée Adèle Haenel ?

Adèle Haenel a débuté sa carrière de comédienne en 2002 dans le film Les diables, mais c'est cinq ans plus tard qu'elle crève l'écran dans La Naissance des pieuvres de Céline Sciamma, d'où naîtra une fructueuse collaboration, qui atteindra des sommets en 2019 dans Portrait de la jeune fille en feu. En 2014 et 2015 elle obtient deux César : celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour le film Suzanne, et celui de la meilleure actrice pour le film Les Combattants.

Adèle Haenel dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Adèle Haenel dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma © Pyramide Distribution

Alors qu'elle faisait partie de nos comédiennes françaises les plus talentueuses, Adèle Haenel a souhaité, après les César 2020, s'éloigner du milieu du cinéma.

Très engagée, notamment dans la lutte contre les violences sexuelles, elle avait déclaré en 2022 ne plus vouloir travailler dans le milieu du cinéma classique, et se concentrer sur d'autres projets, tels que le théâtre, afin de "privilégier des environnements moins assujettis à un système" qu'elle jugeait "réactionnaire, raciste et patriarcal".

Ce mardi 9 mai, la comédienne a souhaité réagir à une enquête de Télérama à son sujet, et expliquer plus en détails pourquoi elle avait souhaité s'éloigner du cinéma français. Et elle ne mâche pas ses mots pour évoquer cette industrie.

"Je vous annule de mon monde"

C'est dans une lettre qu'Adèle Haenel explique ses choix. Elle estime avoir "décidé de politiser" son arrêt du cinéma pour "dénoncer la complaisance du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et, plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu'il est."

Elle explique dans ces lignes ne plus être en phase avec ce que le monde du cinéma propose aujourd'hui, dans sa capacité à se détourner de l'urgence des crises, climatiques et humanitaires, auxquelles la planète fait face. En outre, elle s'insurge une nouvelle fois contre les hommes de l'industrie accusés d'agressions sexuelles :

Mais elles et eux toustes ensemble pendant ce temps se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat . Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféraient qu’on continue à disparaître et crever en silence.

Enfin, Adèle Haenel conclut sa prise de parole en déclarant qu'elle se "met en grève":

Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l’argent et du pouvoir.

Néanmoins, elle précise continuer sa "collaboration théâtrale et chorégraphique avec Gisèle Vienne", entamée en 2019 et pour laquelle elle témoigne d'un profond attachement aux valeurs :

C’est une artiste qui construit une des œuvres les plus puissantes que j’ai jamais rencontrées. Face au détachement, à la vacuité et à la cruauté que l’industrie du cinéma érige en principe de fonctionnement, le sens, le travail et la beauté qu’elle met en permanence en jeu sont une lumière qui me permet de garder la foi dans ce que peut vouloir dire la puissance de l’art.