Amen : l'affiche du film avait créé la polémique à la sortie

Amen : l'affiche du film avait créé la polémique à la sortie

L'affiche du film "Amen." de Costa Gavras avec Mathieu Kassovitz avait déclenché la polémique au moment de sa sortie au cinéma en 2002. Le Tribunal de Grande Instance de Paris avait dû trancher sur le bienfondé de la plainte d'une association catholique.

Amen : la polémique de l'affiche

Sorti en 2002, Amen., est un film du réalisateur Costa-Gavras adapté de la pièce de théâtre Le Vicaire de Rolf Hochlhuth. Ce long-métrage notamment porté par Ulrich Tukur et Mathieu Kassovitz se penche sur la question délicate de la position de l'Église catholique pendant l'Holocauste. Le film suit Kurt Gerstein, un officier SS qui tente d'informer le monde sur l'extermination des Juifs, et de Riccardo Fontana, un jeune jésuite. Ensemble, ils tentent de sensibiliser le Vatican et le Pape Pie XII aux atrocités commises.

L'affiche du film, conçue par le photographe Oliviero Toscani, a été au centre d'une controverse majeure. Elle représentait une croix catholique prolongée d'une croix gammée, une image que l'association ultra-catholique AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) avait jugée offensante. Ainsi, l'AGRIF avait assigné en référé le réalisateur et les producteurs pour obtenir l'interdiction de l'affiche sur la voie publique, la considérant comme une "offense gratuite et inutile aux sentiments religieux les plus respectables".

Costa-Gavras avait répondu à ces accusations en rejetant tout "délit de diffamation envers quelque groupe religieux que ce soit", affirmant que l'affiche correspondait au problème posé par le film et traité par de nombreux historiens : la responsabilité du Vatican du fait de sa passivité lors du génocide des Juifs et des Tziganes par les nazis.

L'affiche en question :

L'affiche du film Amen. de Costa Gavras
L'affiche du film Amen. de Costa Gavras

Le Jugement du Tribunal

Le tribunal de grande instance de Paris, sous la présidence de Jean-Claude Magendie, avait rejeté la demande de retrait de l'affiche. Comme rapporté par Le Monde le 23 février 2002, le juge avait estimé que ces critiques relevaient d'une "lecture fermée" du message de l'affiche, qui pourrait "seule donner à y voir l'amalgame dénoncé entre la chrétienté et le nazisme". À l'inverse, une "lecture ouverte" permettrait de découvrir "une volonté de briser la croix nazie, symbole de totalitarisme, et de replanter en terre, comme pour la réhumaniser, la croix que continue de porter toute une communauté".

Cette décision a marqué un moment important dans la jurisprudence relative à la liberté d'expression et à l'art en France. Elle a souligné la complexité de l'interprétation des symboles et la nécessité de préserver la liberté artistique, même face à des sujets sensibles et controversés.