Anatomie d'une chute : le morceau PIMP n'était pas le premier choix de Justine Triet

Anatomie d'une chute : le morceau PIMP n'était pas le premier choix de Justine Triet

Le film "Anatomie d'une chute" et la reprise funk de "PIMP" de 50 Cent sont aujourd'hui quasiment indissociables. Mais comme l'a révélé Justine Triet, elle voulait utiliser une autre musique, et avait même écrit toute une partie de scénario autour de ce premier choix...

Le meilleur choix était le second

Le film Anatomie d'une chute de Justine Triet, Palme d'or 2023, nommé cinq fois aux Oscars 2024 et favori des César 2024, a laissé une marque indélébile dans la culture contemporaine. Une performance remarquable pour un film français avec, au moment de sa sortie, un casting ultra-talentueux mais pas très connu pour animer le procès d'une femme mise en examen pour le meurtre de son compagnon.

Mais depuis sa sortie, Swann Arlaud est devenu un sex-symbol, le chien Messi la mascotte animale du cinéma mondial, Sandra Hüller une star internationale, Justine Triet une cinéaste de prestige...

Anatomie d'une chute
Anatomie d'une chute ©Le Pacte

C'est que Justine Triet, pour réaliser son parfait Anatomie d'une chute, a aligné les bons choix. Et a peut-être aussi pu compter sur sa bonne étoile, puisque certains de ses bons choix ont été fait par défaut. C'est ainsi ce qui est arrivé pour la fameuse musique du film, celle que Samuel met à fond dans ses enceintes et qui déclenche tout le drame de l'histoire : le morceau "PIMP" de 50 Cent, repris par le groupe allemand Bacao Rythm & Steel Band.

"J'étais dévastée"

Si aujourd'hui ce morceau s'impose comme une évidence sur les images d'Anatomie d'une chute, ce n'était pas le premier choix de Justine Triet, qui a écrit Anatomie d'une chute avec une toute autre musique. En effet, comme elle le racontait pour Slate, elle voulait utiliser le morceau "Jolene" de Dolly Parton, une ballade et un classique de la country américaine, prière mélancolique d'une femme à une autre de ne pas lui "voler" son mari. Soit quelque chose de très éloigné du carton gangsta rap de 50 Cent.

Ça devait être "Jolene". Mais un mois avant le début du tournage, ils ont dit : "Non, on ne veut pas vendre les droits de ce morceau." J'étais alors dévastée, vraiment dévastée, parce qu'il y avait toute une analyse de la chanson prévue pendant le procès. Je me suis dit, "oh non, je dois enlever toutes les explications des paroles."

Donc 50 Cent, j'avais ce morceau dans mon ordinateur depuis trois ans je crois. Et c'était le morceau le plus joué de ma playlist. C'est intéressant parce que ce n'est pas trop à la mode. C'est très étrange.  Si j'avais choisi la version originale de 50 Cent, ça aurait été trop cher pour nous, déjà. Et ça aurait été trop. Trop signifiant, trop lourd. (...) Donc oui, c'était un second choix, mais je suis heureuse de ce choix.

Étant donné qu'on n'entend pas d'autre musique - mis à part lorsque Daniel joue du piano - dans Anatomie d'une chute, "PIMP" joue un rôle crucial, et c'est donc tout sauf un détail. Il est ainsi intrigant d'imaginer ce qu'aurait donné le film avec le morceau "Jolene", et donc avec toute une séquence du procès consacrée à ses paroles - dans le film seules quelques lignes de dialogue lapidaires entre les avocats portent sur le morceau "PIMP".