Beaune 2018 : Immersion de deux jours et temps forts du festival du film policier

Beaune 2018 : Immersion de deux jours et temps forts du festival du film policier

Voyage pendant quarante huit heures au cœur d’un festival pas comme les autres, au visage familial mais à l’ambition tenace.

Vous avez dit « Beaune » ?

Beaune est connu du grand public pour ses fameux hospices destinés à venir en aide aux pauvres et aux malades, créés au XVè siècle par le chancelier des ducs de Bourgogne Nicolas Rolin. Située en Côte-d’Or, la ville est également considérée comme la capitale des vins de Bourgogne.

Depuis dix ans, les Beaunois accueillent d’étranges visiteurs qui foulent en avril un tapis rouge… Les habitants du septième art !

Créé par Bruno Barde, le Festival de Beaune récompense le genre policier. Des prix littéraires du meilleur roman et des prix cinématographiques du meilleur film sont remis lors de cet événement.

Mais qui dit festival dit découvertes, aussi le programme consacre des films inédits et récents du monde entier lors de deux sélections parallèles : une sélection « en compétition » et une sélection « sang neuf ». Cette année, huit films sont en lice pour chaque sélection et deux jurys ont été constitués pour l’occasion, avec à leur tête Lambert Wilson et Lucas Belvaux.

Un prix Claude Chabrol a été créé à la disparition du cinéaste en 2011, pour récompenser un film français sorti dans l’année et dont les qualités propres au genre policier sont à saluer. Cette année, le film Petit Paysan d’Hubert Charuel a été consacré et est diffusé !

Les critiques médiatiques Philippe Rouyer (Positif) ou encore Eric Neuhoff (Libération) ont à leur tour fait le déplacement pour remettre le prix de la Critique.

Enfin, parce qu’on parle généralement mieux des choses qu’on connaît un peu, un jury constitué de commissaires et présidé par Danielle Thiéry remettra le prix Spécial Police lors de la cérémonie de palmarès.

Cerise sur le gateau : David Cronenberg vient avec son acteur fétiche Viggo Mortensen nous présenter l’ensemble de sa filmographie, dont on connaît tous les effluves d’angoisse et de suspense qui peuvent s’en dégager. A présent, faisons un tour d’horizon de ce qui s’est passé jeudi et vendredi à Beaune, côté scène, et côté coulisse !

Une ville toute tournée vers le festival de cinéma

A Beaune, le festival de cinéma ne se vit pas comme un microcosme entre stars et spectateurs. Les Beaunois participent activement au succès de l’organisation ! Dix hôtels accueillent les touristes, membres du jury et organisateurs du festival et forment un partenariat prestigieux.

Si vous avez de la chance, vous pourrez croiser à 5 min du cinéma, devant l’idyllique Hostellerie du Cèdre, les plus grandes têtes d’affiche du festival !

Les taxis de Beaune ne font pas grève pendant le festival, au contraire ! Ils fusent de la gare aux hôtels et au cinéma pour acheminer tout le monde dans un temps record.

Fait plus étonnant, les négociants de vin sont à l’honneur, même pour discuter cinéma ! Ainsi ils ont pu profiter du festival pour défendre les vins de Bourgogne les plus goûteux. Jeudi soir, un diner a même réuni les membres du jury et organisateurs du festival autour de négociants de vins. Chacun d’entre eux était à une table parmi les conviés pour expliquer les richesses des vins qu’il servait à manger. Le repas était évidemment à l’image de la région, avec de la fondue bourguignonne au menu !

Jeudi 5 avril : honneur à la S-VOD policière et aux romans noirs !

Comme chaque jour, des films des différentes sélections ont été diffusés simultanément dans les six salles du CAP’ Cinéma, le cinéma du festival !

A 19h30, une cérémonie de remise de prix a récompensé Demain c’est loin de Jacky Schwartzmann comme lauréat du grand prix du roman noir français.

« Ce livre n’aurait jamais du exister » révèle-t-il en recevant son prix. A l’origine, l’auteur avait écrit un scénario sans trouver de financier pour l’adapter au cinéma, jusqu’au jour où on lui a conseillé de faire de cette histoire un livre. Une riche idée qui a été payante, mais qui ne lui a pas fait pour autant oublier son désir initial. Il a en effet profité de la tribune qui lui était accordé pour lancer un appel à producteurs à voir adapter son roman en film !

Quant au grand prix du roman noir étranger, il a été attribué à l’américain Peter Farris pour son livre Le Diable en personne. Son traducteur Anatole Pons est venu récupérer le prix en son nom et a fait savoir que M. Farris était un inconditionnel de cinéma et était ravi de se retrouver dans ce festival.

Après cette cérémonie, les spectateurs et les membres du jury de la sélection officielle Lambert Wilson, Jérôme Bonnell, Arnaud Des Pallières, Hélène Fillières, Radu Mihaileanu, Géraldine Pailhas et Alice Pol, ont pu visionner un nouveau film. Il s'agit de La Mémoire Assassine, un film sud-coréen de Won Shin-Yun.  Ce thriller sur un tueur en série ayant des troubles de mémoire est adapté du roman Ma mémoire assassine de Kim Young-ha. Il était diffusé ce soir-là pour la première fois en France et sera visionnable sur la plateforme de vidéo à la demande e-cinema.com le 13 avril prochain. De quoi nous rappeler que la venue des films S-VOD en compétition officielle de festivals est en passe de devenir monnaie courante (deux films de Netflix briguaient la Palme d’Or le printemps dernier sans avoir pu sortir en salle ensuite).

Vendredi 6 avril : Le prix Claude Chabrol et un hommage à David Cronenberg

Le lendemain, la journée a produit son lot d’émotions avec de nombreux films en lice de récompenses sur les écrans.

Le jury de la sélection « Sang neuf » s’est réuni pour voir « A quatre mains » d’Oliver Kienle et « Ajji » de Devashish Makhija. Deux films assez douloureux à regarder, en raison de leur thème. Le premier s’approche du genre fantastique et horrifique en traitant de la possession d’une femme sombre dans le corps de sa sœur en quête de lumière. Quant au second, il est pour son producteur indien venu le présenter, « un geste brave de création dans son pays », dans la mesure où il raconte l’envie de vengeance d’une femme face au viol de sa petite fille dans un quartier miséreux d’Inde. Le film évoque la difficulté à rendre justice d’un viol en Inde, surtout quand le bourreau est tout puissant et la victime très faible.

Comme le nom de la sélection l’indique, les films concourant au « Sang neuf » semblent porter en eux une violence sans fard et indélébile.

A 19h30, un hommage à David Cronenberg a été rendu en sa présence et a suscité une standing ovation !

Samedi soir à 19h, les jurys remettront l’ensemble des prix convoités. Dimanche, pour la dernière journée de festival, les films lauréats seront rediffusés !