Accusé d'avoir agressé une actrice lors d'un tournage, le réalisateur sud-coréen Kim Ki-Duk a rejeté ces attaques samedi à la Berlinale, qui se veut cette année un forum contre les abus envers les femmes dans le 7e art, après l'émergence du mouvement #MeToo.
Venu présenter son nouveau film Human, Space, Time and Human, le cinéaste Kim Ki-duk était attendu au tournant depuis qu'une actrice sud-coréenne avait dénoncé sa venue et l'"hypocrisie" des organisateurs.
Face à la presse, Kim, 57 ans, un habitué des festivals connu pour la violence de ses films, a insisté sur l'importance "du respect" sur ses tournages.
Peu importe qu'un film soit exceptionnel, nous devons nous assurer que personne ne se sente insulté sur un tournage, tant parmi les acteurs qu'au sein de l'équipe technique. C'est ma vision des choses, aussi je regrette fortement cet incident.
A-t-il déclaré. En 2017, une actrice qui souhaite garder l'anonymat, l'a accusé de l'avoir giflée et forcée à tourner des scènes de nu et de relations sexuelles qui n'étaient pas écrites dans le scénario de Moebius, sorti quatre ans plus tôt. Elle a au final été remplacée sur ce tournage et, traumatisée par cette expérience, a depuis tourné la page du cinéma.
Faute de preuves, le parquet de Séoul a abandonné les poursuites pour abus sexuels à l'encontre de Kim Ki-duk mais l'a condamné à une amende de cinq millions de wons (3.800 euros) aux termes d'une procédure qui permet de régler les affaires mineures sans passer par le tribunal.
Une décision a été rendue dans cette affaire dont j'ai assumé la responsabilité. Je trouve regrettable que ça se soit transformé en affaire judiciaire (...) L'interprétation de cet incident diffère selon les points de vue. L'actrice et moi-même avons des points de vue différents.
A-t-il insisté, sans se départir de son calme.
'Pas tirer de conclusions'
Pour le réalisateur, "il s'agissait d'une répétition".
Nous étions sur le plateau, il y avait beaucoup de gens. Mon équipe de l'époque n'a pas objecté ou dit que ça leur semblait inapproprié.
A ses côtés lors de la conférence de presse, l'actrice japonaise Mina Fujii, qui tient le rôle féminin dans Human, Space, Time and Human, est montée au créneau pour le défendre.
C'était très bien de travailler avec lui, il y avait une bonne ambiance sur le plateau, ce qui peut surprendre quand on voit ce film si étrange.
A-t-elle souligné. Son personnage, Eve, y est violé par cinq hommes. Une ultra-violence que le réalisateur invite à ne pas confondre avec sa propre vie.
Mon quotidien ne ressemble pas à mes films. Ne tirez pas de conclusions sur ma personnalité parce que vous voyez mes films.
L'actrice qui l'a mis en cause avait jugé la décision d'inviter le cinéaste à Berlin "profondément triste et extrêmement hypocrite", dans un entretien à l'AFP.
La Berlinale condamne et s'oppose évidemment à toute forme de violence et de comportement sexuel inapproprié.
Avait souligné à l'AFP son directeur, Dieter Kosslick, avant le début du marathon cinématographique.
La Berlinale est le premier grand festival de cinéma en Europe depuis l'affaire Weinstein et les révélations sur les (mauvais) traitements que subissent des actrices sur les plateaux de tournage.
De nombreuses célébrités, y compris dans le milieu du cinéma, sont tombées en disgrâce ces dernières semaines dans la foulée de révélations.
Face à cette déflagration, les organisateurs de la Berlinale ont voulu faire de l'événement "un forum où les problèmes peuvent être débattus et où une impulsion peut être donnée".
Une conférence-débat s'est tenue samedi, aboutissant au lancement d'une campagne "Speak Up!" pour combattre le harcèlement sexuel dans l'industrie du cinéma à l'échelle européenne.
Le site internet lancé dans la foulée recense des organisations luttant contre le sexisme et les abus sur les lieux de travail en Europe et va proposer une assistance en ligne pour les femmes lors de festivals.