Black Christmas : pourquoi la réalisatrice Sophia Takal s'est éloignée de la fin de l'original ?

Black Christmas : pourquoi la réalisatrice Sophia Takal s'est éloignée de la fin de l'original ?

En 2019, Sophia Takal signe un remake produit par Blumhouse du classique de l'horreur "Black Christmas" de Bob Clark. La réalisatrice a tenu à s'écarter de son modèle, notamment dans son dernier acte, afin de l'adapter à l'ère #MeToo.

Black Christmas : une sororité décimée

Remake d'un classique de l'horreur éponyme réalisé par Bob Clark et sorti en 1974 aux États-Unis, Black Christmas se déroule pendant les vacances de Noël à l'université Hawthorne. À l'approche du réveillon, plusieurs étudiantes se font tuer par un meurtrier masqué et vêtu d'une cape. Alors que les membres de leur sororité disparaissent les uns après les autres, Riley (Imogen Poots), Kris (Aleyse Shannon), Marty (Lily Donoghue) et Jesse (Brittany O'Grady) décident de résister.

Black Christmas
Riley Stone (Imogen Poots) - Black Christmas ©Universal Pictures

Massacré par la critique et boudé par le publicBlack Christmas ne rapporte que 18,5 millions de dollars de recettes mondiales. Slasher paresseux qui ne repose que sur des jump scare attendus, plombé par des révélations extrêmement prévisibles, le long-métrage développe grossièrement son propos féministe.

Une conclusion qui s'écarte de l'original

ATTENTION, les lignes qui suivent contiennent des spoilers !

À la fin de ce remake, les héroïnes découvrent l'existence d'une confrérie menée par le professeur Gelson (Cary Elwes), qui perpétue les valeurs patriarcales nauséabondes de Calvin Hawthorne, figure misogyne et esclavagiste ayant donné son nom à l'université. Une conclusion qui s'éloigne volontairement de celle du film de 1974, comme l'explique la réalisatrice Sophia Takal au site Bloody Disgusting en 2019 :

Quand Blumhouse m'a approchée pour faire le film, j'ai revu Black Christmas et quelque chose m'a sauté aux yeux. À la fin, l'héroïne tue son petit ami, que nous pensons être le tueur. Les hommes qui étaient censés la protéger la laissent seule dans sa chambre.

Ensuite, on découvre que le vrai tueur est cette silhouette obscure, que l'on ne reconnaît pas. J'ai été frappée par la clarté de cette métaphore du sexisme et de la misogynie et cette idée que parfois les femmes pensent qu'elles ont gagné une bataille, mais que ce genre de misogynie attend en quelque sorte dans l'ombre pour nous détruire si nous nous endormons.

Black Christmas
Black Christmas ©Universal Pictures

Voulant adapter cette idée à l'ère post #MeToo, elle ajoute à propos des changements opérés sur son film :

Et tous ces prédateurs qui avaient été dénoncés pendant le mouvement #MeToo, certains d'entre eux ont en quelque sorte commencé à réintégrer la société sans totalement se rendre compte de ce qu'ils avaient fait. (...) Avec ces multiples tueurs, l'idée est que vous ne pouvez jamais complètement tuer ou détruire la misogynie et le sexisme, alors les tueurs en sont venus à représenter cela.