Blade Runner 2049 – Notre avis

Blade Runner 2049 – Notre avis

Même dans "Blade Runner 2049", qui sans surpasser le film de Ridley Scott reste passionnant, Denis Villeneuve parvient à faire vivre son cinéma et sa personnalité.

Moins d’un an après Premier contact, Denis Villeneuve est déjà de retour. Devenu un réalisateur ultra productif depuis son passage à Hollywood (cinq films réalisés en quatre ans), voilà qu’il s’attaque à une des œuvres les plus mythiques du cinéma : Blade Runner, film noir de science-fiction de Ridley Scott réalisé en 1982 - inspiré du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick -, qui avec le temps et différents montages aura acquis le statut d’œuvre culte. Autant dire qu’avec cette suite, Villeneuve avait tout pour se casser les dents. Seulement le cinéaste a fait preuve d’une intelligence certaine pour, rendre autant hommage au premier opus, que pour le poursuivre par des thématiques personnelles.

À la poursuite de Blade Runner

Blade Runner 2049 se déroule donc trente ans après les événements du premier film. Piqûre de rappel : L’histoire se passait à Los Angeles en 2019. L’agent Deckard (Harrison Ford), après avoir éliminé un groupe de dangereux réplicants – des êtres artificiels utilisés comme esclaves - de type Nexus 6, s’enfuyait avec Rachel, elle-même une réplicante. En 2049, les choses ont bien changé. Les nouveaux réplicants, perfectionnés et constamment soumis à des tests pour contrôler leur obéissance, sont chargés de mettre hors circuit les anciens modèles. K (Ryan Gosling, excellent) fait partie de ces nouveaux blade runner. Une enquête l’amène à faire la découverte des restes d’une réplicante, qui indiquent une grossesse. Sur les ordres de sa supérieure, il part à la recherche de l’éventuel enfant.

Blade Runner 2049

Dès les premiers instants, Denis Villeneuve se met dans le bain de Blade Runner. Comme son prédécesseur, il adopte un rythme lent et une approche contemplative des plus envoûtantes. Ce qui devient, la majorité du temps une qualité, mais parfois un défaut. Blade Runner 2049 allant parfois s’étirer artificiellement. Comme cette première confrontation entre K et Deckard, loin d’être indispensable, si ce n’est pour l’amusement de voir Gosling et Ford s’affronter gentiment avant de s’enfiler un verre de whisky. Ainsi, si le charme et la fascination sont bien là, les 2h43 du métrage peuvent se faire ressentir.

Un spectacle visuel

Cependant, Villeneuve ne se contente pas de suivre le même moule que son prédécesseur. S’il réussit à en tirer l’essence, et qu’il y va de clins d’œil bien amenés (autant par un origami qu’une simple note de piano), il parvient surtout à enrichir l’univers. Car si Ridley Scott (en raison des moyens de l’époque) se montrait plus intimiste, Villeneuve peut quant à lui être bien plus spectaculaire. Que ce soit par des lieux grandioses (un désert orné de sculptures géantes), ou dans sa mise en scène intense des scènes d’action. À l’image du final, en soi simple (un combat au corps-à-corps entre deux protagonistes), mais terriblement captivant. Dès lors, le travail visuel du directeur de la photographie Roger Deakins (qui plonge dans une sorte de brouillard constant et joue sur une luminosité précise), et les décors de Dennis Gassner impressionnent et restent la plus grande qualité du film.

Blade Runner 2049

Villeneuve s’approprie Blade Runner

Pour sa part, le cinéaste s'avère être plus intéressant dans l’évolution qu'il donne au nouveau personnage porté par Ryan Gosling. Car si l’intrigue principale du scénario apparaît bancale et manque de surprise, il en ressort des questionnements fascinants teintés de symboliques philosophico-religieuses. Et c’est bien là que Villeneuve se montre le plus surprenant. Dans sa capacité à faire naître sa sensibilité et ses propres obsessions dans un récit qui, de prime abord, ne semblait pas fait pour.

Ainsi, comme dans Incendies et Premier contact par exemple, Blade Runner 2049 évoque des questions de filiation, l’origine de l’être, le rapport parent / enfant… Et évidemment, dans la lignée du premier film, l’humanité en général. Que ce soit par la capacité nouvelle de se reproduire des réplicants, ou dans la relation amoureuse qui naît entre K et une intelligence artificielle holographique incarnée par Ana de Armas (qu’on voit enfin dans un bon film).

Blade Runner 2049

Un personnage plus important qu’il n’y paraît, qui, en dépit de son absence de corps physique, s’apparentera tantôt à un humain (de par ses émotions et ses sentiments), tantôt à la conscience ou au subconscient du héros (en intervenant à ses côtés durant son enquête). Par elle, Villeneuve amène alors de l’empathie, ainsi que de la légèreté au récit, et livre un des moments les plus beaux et poétiques de son cinéma lorsque viendront se confondre ce corps holographique et celui d’une réplicante bien réelle.

Au final, Villeneuve s’en tire avec les honneurs en livrant une suite réussie et plus personnelle qu’imaginée. Blade Runner 2049 s’avère ainsi extrêmement riche, bien que parfois indigeste - à l’image de la musique d’Hans Zimmer, un peu trop présente. Un trop-plein néanmoins fort appréciable - les grosses productions actuelle étant bien pauvre à côté. Assurément, Blade Runner 2049 est un des films de science-fiction les plus passionnants, aussi troublant que généreux.

 

Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, en salle le 4 octobre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

"Blade Runner 2049" est parfois trop généreux mais n'en reste pas moins fascinant, porté par une beauté visuelle indéniable et les obsessions poétiques de son réalisateur.

Bilan très positif

Note spectateur : 4.83 (2 notes)