Blonde : Andrew Dominik critique durement le public américain

Blonde : Andrew Dominik critique durement le public américain

Le film "Blonde" d'Andrew Dominik, avec Ana de Armas dans la peau de Marilyn Monroe, a plus divisé et suscité la controverse qu'obtenu du succès. Interrogé sur la mauvaise réception du public américain, le réalisateur australien a donné son explication.

Figure iconique, film anecdotique ?

Le film Blonde, arrivé avec fracas sur Netflix le 28 septembre 2022, n'aura finalement pas fait tant de bruit que ça. Pourtant, avec un développement et une production étendus sur dix ans, le rôle d'une vie pour Ana de Armas, le retour du réalisateur australien Andrew Dominik, la promesse d'un spectacle unique et une sélection en compétition à la 79e Mostra de Venise, tout était en place pour marquer le coup.

À l'image de The Power of the Dog en 2021, Blonde pouvait ainsi être le grand film de cinéma annuel dans le catalogue Netflix. Mais à ce jour il est proche des oubliettes, très loin du coeur du public comme de la tête de la course aux récompenses des prochaines cérémonies. Et pour un film baroque de 2h47 sur Marilyn Monroe, ça fait un peu tache...

Blonde
Blonde ©Netflix

Partie de l'explication : le public américain s'est largement montré le plus déçu. En cause, un film où la représentation de Marilyn Monroe a été perçue comme infantilisante et dégradante, loin du statut immaculé d'icône. C'est en tout cas le point central des critiques qu'Andrew Dominik reproche aux spectateurs américains, expliquant selon lui pourquoi "ils ont détesté Blonde !"

Andrew Dominik : "Je suis très heureux qu'il ait indigné autant de gens"

Actuellement au Red Sea International Film Festival, qui a lieu en Arabie Saoudite, Andrew Dominik s'est donc exprimé sur l'accueil de Blonde. Et dans ses propos, rapportés par The Hollywood Reporter, il reproche ouvertement au public de n'avoir voulu qu'une célébration de l'icône américaine.

Aujourd'hui nous vivons dans un monde où il est important de montrer les femmes comme puissantes et autonomes, et ils veulent que Marilyn Monroe soit réinventée ainsi. C'est ce qu'il veulent voir, et si vous ne leur montrez pas ça, alors ça les énerve. Ce qui est assez étrange, parce qu'elle est morte. Le film ne fait aucune différence, dans un sens ou dans l'autre.

Ce qu'ils veulent dire, c'est que le film a corrompu leur souvenir d'elle, leur image d'elle, et je peux le comprendre. Mais c'est toute l'idée du film ! Il s'agit de prendre l'iconographie de sa vie et de la mettre au service d'autre chose, prendre des choses qui nous sont familières et les transformer. Mais c'est ça qu'ils ne veulent pas voir.

Revenant au cinéma avec lequel il a grandi, celui des années 80, il va plus loin en critiquant le conservatisme d'Hollywood, qui ne produirait que des films basiques et sans surprise, alors qu'auparavant "offenser son audience était un devoir solennel, il fallait l'arracher de sa complaisance". Et à ce titre, il s'est dit "très heureux que Blonde ait indigné autant de gens".