Blood Father : retour sur une scène douloureuse à tourner pour Mel Gibson

Quand la fiction fait écho à la réalité

Blood Father : retour sur une scène douloureuse à tourner pour Mel Gibson

Dans "Blood Father", Mel Gibson incarne un père absent qui combat son alcoolisme et se lance dans un affrontement contre les membres d’un cartel pour protéger sa fille. Un personnage qui partage des points communs avec le comédien, pour qui le tournage n’a pas toujours été simple.

Blood Father : un père en quête de rédemption

Adaptation du roman Père de sang, pour laquelle l’auteur Peter Craig signe le scénario au côté d’Andrea Berloff (Les Baronnes), Blood Father marque la deuxième expérience américaine de Jean-François Richet, onze ans après Assaut sur le central 13. Dès la lecture du script, le réalisateur du diptyque Mesrine ne voit qu’un seul acteur pour jouer ce père en quête de rédemption prêt à tout pour protéger sa fille.

À l’ombre pendant plusieurs années à Hollywood en raison de ses frasques, Mel Gibson hérite à nouveau d'un premier rôle avec le film, après avoir joué les méchants dans Machete Kills et Expendables 3. La star déchue de Mad Max et L’Arme fatale incarne John Link, ex-taulard et ex-motard reconverti en tatoueur concentré sur sa sobriété.

Lorsque sa fille Lydia (Erin Moriarty) âgée de 17 ans l’appelle en détresse, poursuivie par des trafiquants à la suite d’un braquage raté, John lui promet de l’aider et de la protéger, ce qu’il n’a jamais su faire. L’arrivée de membres du cartel à la recherche de l’adolescente dans sa caravane provoque le début d’un bain de sang dans le désert.

Blood Father
Blood Father © SND

Diego Luna, Michael Parks et William H. Macy complètent la distribution de cette série B nerveuse et dépouillée, focalisée sur la colère et les remords de sa tête d’affiche. Avec John Link, Mel Gibson retrouve un personnage torturé, sorte de variation du Martin Riggs de L’Arme fatale et du Porter de Payback, auquel il confère toute la douleur, l’émotion et la violence nécessaires.

Un rôle qui fait écho au parcours de Mel Gibson

À l’instar du protagoniste qu’il interprète dans Le Complexe du castor, Mel Gibson partage plusieurs points communs avec l’anti-héros de Blood Father. Comme lui, il a raté sa vie de famille et a été rongé par l’alcool pendant de longues années. Au cours de sa première apparition dans le long-métrage, l’acteur se dévoile face caméra, le regard triste. Un traveling arrière révèle ensuite son visage marqué, pendant qu’il explique avoir perdu de nombreux proches à une réunion des alcooliques anonymes. Une séquence particulièrement touchante, pleine de véracité et donc compliquée à tourner pour le comédien, selon Jean-François Richet. Interrogé par FilmsActu, le réalisateur confie à ce sujet :

Sur le tournage, je n’ai pas voulu faire de lien entre sa vie privée et son personnage dans le film. Par contre, quand j’ai cadré cette scène d’ouverture où il est aux alcooliques anonymes, j’ai pris conscience qu’il y avait un écho avec son parcours. Il le dit, il ne le cache pas, il me l’a confié aussi, son grand ennemi a été l’alcool. Il ne prend plus une goutte, il sait que cette addiction lui a fait péter les plombs. Cette scène a sûrement été la plus douloureuse pour lui à filmer. Je le ressentais derrière la caméra. Mais encore une fois, c’était dans le scénario et dans le livre avant que le nom de Mel ne soit associé au film.

"Je connais des gars comme ça"

Néanmoins, durant la promotion du film, Mel Gibson refuse de faire le lien avec son propre parcours. Lors d’un entretien pour The Guardian, il explique s’être entretenu avec des motards mais aussi des agents de la DEA et des tatoueurs, apprenant notamment à manier l’aiguille. Et lorsque le site irlandais Movies lui demande s’il tenait à explorer un personnage en lutte avec ses démons, il répond simplement :

Oui. Je connais des gars comme ça, je connais des gars qui ont appartenu à des groupes de motards, qui ont eu une vie de dingue et qui se sont repris en main. Je connais un gars qui faisait partie d’un groupe de motards et qui aide aujourd’hui des gens à devenir sobres. Il est agent de probation, il fait sortir des gens de prison et prend soin d’eux. C’est une très bonne personne mais il a un passé sombre. C’est intéressant de voir ce qui arrive aux gens, comment ils changent, comment ils se rachètent, c’est ce qui m’intéressait avec ce personnage.