Bob Swaim & Brad McGann à l'honneur hier à St Tropez…

Bernard Bories, président du festival des antipodes de St Tropez, nous avait prévenus et tous les connaisseurs rencontrés à Saint-Tropez nous l'avaient confirmé, le cinéma australien et néo-zélandais a la « caractéristique est d'être du et de mettre le doigt là où ça fait mal ! ». Mais comme, en bons cartésiens, on ne croit que ce qu'on voit, on voulait voir cela de nos propres yeux. Il faut admettre que le spectacle vu aujourd'hui a eu raison de nos dernières réserves.

Deux films ont spécialement marqué les spectateurs ce mercredi. A 17 heures THE CLIMB de Bob Swain. Vieux de 7 ans, le film était quasiment inédit en France malgré un prix important lors du Festival de Berlin 98.
Dans une banlieue résidentielle, la tour d'une radio locale doit être démolie. C'est la dernière chance pour les jeunes du coin pour réussir là où tous avant ont échoué : grimper jusqu'au sommet. D'une histoire aussi futile, le réalisateur fait un film multiple sur les relations de voisinage, sur les méfaits de la guerre, sur le pouvoir de destruction de la moquerie, sur la maladie, sur la religion, sur le péché…
Le but ultime de Danny, jeune garçon de 13 ans, est d'atteindre ce sommet. Celui de son vieux voisin malade est d'en finir avec la vie. Les destins des deux vont se mêler et bien que partis sur un mauvais pied, chacun fera de son mieux pour aider l'autre.
Bob Swaim présent dans la salle a tenu à préciser que de tous ces films, celui-ci était sûrement le plus personnel et celui qui lui ressemblait le plus. Entre les rires et les larmes le film semble être calibré exprès pour ne pas faire mentir Bernard Bories quand il poursuit son discours : « Ils ont un regard très féroce, mais avec toujours une certaine forme de légèreté, de générosité et d'optimisme aussi ».

Le second grand film de la journée est In My Father's Den, labyrinthe familialo-judiciaire de Brad McGann. Ce film donne également raison au président de la manifestation, dans tout ce qu'on vient de dire au sujet de THE CLIMB mais aussi sur les thèmes préférés du cinéma des antipodes : une vision étrange de la famille, l'amour des grands espaces et de la nature, la présence de la mer et surtout l'éloignement, l'isolement. Un des messages du film est clairement : si tu veux devenir quelqu'un tu dois quitter cet endroit, tu dois découvrir le « vrai » monde. C'est ce qu'a fait Paul Prior, célèbre photographe de guerre qui a passe sa vie entre l'Europe et les conflits du monde entier avant de revenir dans sa ville natale au bout de 17 ans, à la suite du décès de son père.
Une fois rentré, une étrange relation née entre lui et Celia, la fille de son amour de jeunesse, âgée de 16 ans. Cette amitié, très mal vue par la ville, leur créera pas mal de problèmes ; mais le lien qui lie les deux est beaucoup plus ancien et profond !
Monté de manière anachronique, le film est incroyablement intense et les personnages sont terriblement forts grâce aussi à une interprétation de grande qualité.
In My Father's Den est un de ces films qui vous suivent pendant un bon moment après la fin de la séance et qui vous accompagnent pendant un bout de chemin.

Les grands films d'aujourd'hui étaient tous deux néo-zélandais. Demain, outre le très attendu documentaire néo-zélandais LAND OF OUR FATHERS - MY AFRICAN LEGACY de Jennifer Bush-Daumec diffusé à 19h, ce sera plus la journée de la fiction australienne. C'est le réalisateur Alkinos Tsilimidos qui sera à l'honneur avec deux films : SILENT PARTNER diffusé à 17h et TOM WHITE à 20h30.

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7ème Rencontres internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2005

Propos recueillis par Pablo Chimienti (20 octobre 2005 - St Tropez)