Boîte noire : le film avec Pierre Niney est-il inspiré d'une histoire vraie ?

Un thriller qui a vu juste

Boîte noire : le film avec Pierre Niney est-il inspiré d'une histoire vraie ?

En 2021, le metteur en scène Yann Gozlan et le comédien Pierre Niney s'associent une deuxième fois après "Un homme idéal" pour "Boîte noire". Un thriller français paranoïaque qui relate une enquête du BEA sur le crash d'un avion Dubaï-Paris. Si le film est une fiction, il entretient des rapports très troublants avec la réalité....

Boîte noire : un joli succès français

Après Un homme idéal sorti en 2015, le cinéaste Yann Gozlan et le comédien Pierre Niney décident de collaborer une nouvelle fois pour Boîte noire. Sorti le 8 septembre 2021, le long-métrage raconte l'enquête de Matthieu Vasseur (Pierre Niney), agent de la BEA, sur le mystérieux crash d'un avion de la compagnie (fictive) European Airlines, un Atrian-800. Son investigation va l'emmener sur un terrain très glissant.

Boîte noire
Boîte noire ©StudioCanal

Également porté par Lou de Laâge et André Dussollier, Boîte noire a été un succès. L’œuvre est nommée à 5 reprises aux César (dont Meilleur acteur) mais est repartie bredouille de cette édition 2022. Le long-métrage, vrai thriller paranoïaque, a attiré plus de 1,1 million de spectateurs dans les salles françaises.

Une fiction très réaliste

Si le scénario de Boîte noire s'inspire d'éléments réels, il ne retrace pas à proprement parler une histoire vraie. Yann Gozlan s'est inspiré de différentes catastrophes aériennes pour apporter de la crédibilité à son histoire. Il s'est cependant refusé à traiter une histoire en particulier pour éviter l'aspect documentaire de son œuvre, préférant se tourner vers le thriller paranoïaque façon Hitchcock.

Le cinéaste s'est énormément documenté sur le fonctionnement des vols internationaux, sur le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (le BEA) et sur le travail des techniciens de cette agence affiliée au ministère des Transports, mais autonome et ne répondant à aucune autre autorité que la sienne. Nous avions rencontré Yann Gozlan au Festival d'Angoulême 2021, et il avait développé son approche visant ainsi à un maximum d'authenticité :

Je voulais vraiment créer un film de tension, de suspense. Pour autant, je voulais que le film ait un réalisme et une authenticité, donc j'étais vraiment axé sur tenter de décrire ce monde le plus précisément possible. C'est un milieu très secret. Pas simple. (...) J'ai eu la chance, et je les en remercie, d'avoir vraiment l'aide et l'ouverture d'esprit du BEA. J'ai interviewé, j'ai eu des entrevues avec les techniciens du BEA, ses ingénieurs, et j'ai "volé" énormément d'anecdotes qui se retrouvent aujourd'hui dans le film.

Un film qui saisit pleinement les enjeux à risque de l'aéronautique

Il y a dans Boîte noire plusieurs pistes évoquées pour expliquer le crash, du terrorisme à la défaillance technique en passant par le hacking. Et dans le film, les systèmes d'assistance au pilotage, et plus globalement les systèmes informatiques de plus en plus présents dans les avions, occupent une place centrale.

Yann Gozlan a vu juste, puisque ces éléments sont au centre du controversé Boeing 737 Max, équipé du système MCAS, dont deux exemplaires se sont crashés peu après leur décollage, en Indonésie en octobre 2018 et en Éthiopie en mars 2019.

Boîte noire
Alain Roussin (Grégori Derangère) - Boîte noire ©StudioCanal

Suite à ces deux crashs, alors que le scénario de Boîte Noire est terminé, la quasi-totalité des compagnies aériennes et les autorités nationales et internationales interdisent le vol des Boeing 737 Max. Le problème est double : l'implémentation d'un système d'automatisation qui contraint les capacités manuelles de pilotage, et l'absence de formation des pilotes à ce système, particulièrement à sa désactivation.

Yoann Gozlan avait donc vu juste en mettant dans Boîte noire cet antagonisme entre l'homme et la machine, et une critique de la prépondérance des systèmes informatiques et automatisés dans l'aéronautique moderne. Un discours qui est notamment porté dans le film par le pilote Alain Roussin, joué par Gregori Derangère.