Plus qu’habitué à passer devant la caméra, le réalisateur franco-israélien a su diriger Camélia Jordana et Daniel Auteuil avec brio !
Le brio, c’est l’histoire d’un duo. Une rencontre cinglante entre Neïla Sala (Camélia Jordana) et Pierre Mazard (Daniel Auteuil). D’un côté une jeune femme brillante venue des cités qui rêve de devenir avocate. De l’autre un professeur aussi émérite que provocateur. Si bien qu’il saute sur l’occasion pour faire d’elle la cible de ses moqueries : un retard pour le moins remarqué au cours magistral qu’il donne à l’Université d’Assas. L’attaque étant la meilleure des défenses, elle choisit l’insolence. Point de départ d’une épopée vers le célèbre concours d’éloquence.
Échange de bons procédés
Fermement décidée à défier les conditionnements sociaux, l’étudiante a besoin d’un guide. Menace de mise à pied oblige, le professeur doit se racheter une conduite. Quoi de mieux pour ce dernier que de prendre sous son aile une algérienne issue de Créteil ? Un drôle de rapport de disciple / mentor s’instaure bientôt dans ce fossé des origines et des générations. Sans compter que les préjugés vont bon train entre la belle et l’intellectuel. Mazard va-t-il parvenir à tirer Sala vers le haut ? L’élève va-t-elle dépasser le maître ? Entre tyrannie et bienveillance, l’histoire fait en tout cas parler d’elle.
Stéréotypes en mal de mots
Yvan Attal nous propose ici deux personnages caricaturés… En aucun cas surfaits. Une « banlieusarde » railleuse à l’ambition et à l’intelligence démesurées face à un cérébral réac tout aussi cynique. L’ironie semble les rassembler quand l’art de la rhétorique va les aider à avancer. La joute verbale est un exercice difficile, quand tous deux vont devoir jongler entre verve et bagout pour pouvoir évoluer. Pari réussi pour Yvan Attal qui nous fait part d’une belle leçon d’humanité et de vie. Le tout sur fond de comédie !
Plus connue en tant que chanteuse, la jeune femme de 25 ans fait partie des 36 « révélations » qui ont la chance de figurer parmi les nommés des catégories « Meilleur Espoir » lors de la prochaine remise des prix des Césars. On peut alors se demander si Camélia Jordana suivra le parcours de Daniel Auteuil point de vue statuettes. Nommé douze fois au César du meilleur acteur, il fut deux fois lauréat pour Jean de Florette et Manon des Sources (1987), puis pour La Fille sur le pont (2000). Il faudra attendre le 2 mars prochain pour le savoir !