Call Me by Your Name : James Ivory regrette l'absence de nudité frontale

Call Me by Your Name : James Ivory regrette l'absence de nudité frontale

Fort de l’Oscar de la Meilleure Adaptation, « Call Me by Your Name » fait partie de ces rares œuvres cinématographiques LGBT ayant touché un large public. Pourtant, son scénariste partage sa déception quant à son apparence trop… pudique.

Écrit par André Aciman puis publié aux États-Unis en 2007, le roman Call Me your Your Name aborde la notion de désir, ainsi qu’un amour réciproque entre deux hommes. Alors que plusieurs années les séparent, leur passion s’en retrouve renforcée. Disponible en français sous le titre Plus tard ou jamais l’année suivante, il fut ensuite réédité aux Éditions Grasset grâce au succès rencontré par son adaptation. L’éditeur en a profité pour rebaptiser le livre par Appelle-moi par ton nom, optant donc pour une traduction plus littérale.

Bien que des libertés soient prises pour sa retranscription sur le grand écran, le film a su trouver son public et convaincre les critiques. Loin de rechigner à cause des différences apportées, ils acclamèrent le scénario qui fut notamment récompensé d’un BAFTA Award lors de la cérémonie de 2018. Sa sortie dans les salles obscures du monde confirme la popularité de Call Me by Your Name, remportant près de 38 millions de dollars de recettes internationales. Malgré cela, la réalisation de Luca Guadagnino (A Bigger Splash) n’est pas au goût de son scénariste James Ivory.

Call Me by Your Name : l’absence de nudité = choix artistique ? « Bullshit ! »

L’avis de l’américain est évidemment à prendre en considération, principalement pour deux raisons parmi tant d’autres. Son orientation sexuelle n’est plus un mystère depuis plusieurs décennies. En outre, il n’est pas étranger aux productions relatant une relation homosexuelle puisqu’il a dirigé Maurice en 1987. S’il était encore plus complexe qu’aujourd’hui de présenter un couple de même sexe à cette époque, l’œuvre cinématographique fut nommée aux Oscars et demeure appréciée.

Quant à Call Me by Your Name, Ivory a profité d’une interview avec The Guardian pour revenir sur sa présentation « politiquement correcte ». Selon lui, le script spécifie qu’Elio (Timothée Chalamet) et Oliver (Armie Hammer) se trouvent nus face à la caméra lors d’une scène. Si le réalisateur prétexte que l’absence de nudité frontale est une décision purement artistique, il semblerait que ce ne soit pas vraiment le cas. Une clause dans le contrat des deux acteurs aurait effectivement été mise en place afin d’empêcher que l’intégralité de leur corps respectif soit dévoilée. De plus, James Ivory affirme que Guadagnino a discuté de la manière dont il comptait s’y prendre pour filmer les parties intimes des interprètes.

Quoique cela puisse passer pour du voyeurisme pour certaines personnes, le scénariste défend sa position :

Quand les gens se baladent avant ou après avoir fait l’amour, et qu’ils sont élégamment couverts par des draps, cela m’a toujours semblé bidon. Je n’ai jamais aimé faire ça. Les deux garçons se lèvent et vous voyez tout ce qu’il y a à voir.

Il rajoute, dans une affirmation non dénuée de sarcasme :

Pour moi, c’est une façon plus naturelle de faire les choses que de les cacher, ou de faire ce que Luca a fait. C’est-à-dire de reculer la caméra vers la fenêtre, puis de la diriger en direction des arbres.

Interrogé à propos de ce choix de cadrage lors du festival à New York, Luca Guadagnino avait prétexté que c’était pour prévenir une « intrusion déplacée » à l’intimité des personnages. Les pages du roman ne manquent pourtant pas d’audace et de détails explicites. Alors… Quelle est la réelle motivation derrière cette pudeur ?

Un Call Me by Your Name 2 plus dénudé ?

Pour le moment, aucun membre de l’équipe n’a riposté quant aux propos de James Ivory qui ne nuiront probablement pas à aux ventes de Call Me by Your Name. La participation de l’homme au second opus, déjà mis sur les rails, s’en retrouve cependant d’autant plus incertaine. À moins bien entendu que le réalisateur compte rectifier le tir à l’occasion du sequel. Encore faut-il que Chalamet et Hammer soient partants, ce qui n’est pas gagné d’avance.

Qu’Ivory ait tort ou raison dans cette affaire, l’éternel débat autour de la nudité -particulièrement masculine il faut l’avouer- au cinéma ne semble pas proche de disparaître.