Camille Cottin : "je ne me sens toujours pas totalement adulte"

Camille Cottin : "je ne me sens toujours pas totalement adulte"

Rencontre avec Camille Cottin, à l'affiche du film "Toni, en famille" de Nathan Ambrosioni, en salles le mercredi 6 septembre 2023. La comédienne, rendue célèbre pour ses rôles dans "Dix pour Cent" et "Connasse", évoque pour nous ce film qui lui tient à cœur, et qui lui permet d'incarner un personnage plus proche de ce qu'elle est dans la vie.

Camille Cottin à l'affiche du film Toni, en famille

Attendu dans nos salles ce mercredi 6 septembre, le film Toni, en famille de Nathan Ambrosioni met en vedette Camille Cottin dans la peau d'une mère célibataire qui élève seule ses cinq enfants adolescents. Après avoir connu la gloire grâce à une célèbre émission de télé-crochet, et avoir consacré le reste de son existence à élever sa progéniture, elle se questionne : à 43 ans, est-il encore possible de reprendre sa vie en main ? Elle décide alors, à la grande surprise de ses enfants, de reprendre ses études.

 

Nous avons rencontré la comédienne lors de la présentation de Toni, en famille au Festival du film de La Baule en juillet dernier. L'occasion d'en apprendre plus sur ce rôle, plus proche d'elle, et également sur la manière dont elle aborde sa carrière, entre films français et internationaux.

Évoquant sa collaboration avec le jeune réalisateur Nathan Ambrosioni, Camille Cottin exprime :

L'intrigue du film naît de l'imagination d'un jeune homme de 23 ans. En découvrant son scénario, j'ai été immédiatement captivée, et j'ai ressenti le désir de le rencontrer. Son amour pour le cinéma, son talent précoce sont rares et précieux. Travailler avec une personne de sa génération est une expérience enrichissante. De plus, j'ai été touchée par sa décision de me confier ce rôle, sachant que je partage son engagement envers la place des femmes. Le ton unique du film m'a aussi séduite. Le personnage que j'incarne est empreint de douceur, loin des conflits, elle encaisse plus qu'elle n'inflige. C'est une nouvelle expérience pour moi, car je n'ai pas eu l'occasion de jouer de tels personnages auparavant. La vulnérabilité de ce personnage me touche profondément.

Le film aborde par ailleurs la solitude des femmes célibataires qui élèvent leurs enfants, un thème qui résonne fortement chez Camille Cottin :

J'ai souhaité que l'on ressente intensément cette solitude à l'écran. En tant que mère de deux enfants âgés de 9 et 13 ans, j'imagine combien il doit être difficile d'élever des enfants seule, de prendre des décisions en solitaire, de réfléchir à l'éducation sans partage. La solitude de ces femmes m'atteint profondément.

Toni, en famille
Toni, en famille © Studiocanal

En découvrant le film pour la première fois, la comédienne a été touchée par la manière dont le réalisateur, Nathan Ambrosioni, a su capturer des regards et des silences qui n'avaient pas forcément été discutés en amont. Elle nous a également confié avoir été bouleversée lors de la première lecture avec les jeunes comédiens qui interprètent ses enfants dans le film :

Lors de la première séance de lecture avec les enfants, notamment au moment de la lettre et des départs, j'ai été submergée par l'émotion. C'est là que j'ai réellement saisi la dimension profondément émotionnelle du film. Le fait d'observer ses enfants grandir est une expérience des plus ordinaires, pourtant, elle est teintée d'éphémérité. L'amour que nous leur portons, leur transformation, leur envol, tout cela s'entrelace de manière magnifique et cruelle. Je suis profondément touchée par cette cruauté inhérente à l'existence. Les liens maternels, cet amour inconditionnel, suscitent en moi une grande émotion. C'est un amour qui peut parfois paraître ingrat. Lorsque nous avons fait du bon travail en tant que parents, nos enfants n'ont plus besoin de nous. Ces histoires d'amour sont empreintes de cruauté.

"Je n'ai aucune stratégie particulière"

Je ne me sens toujours pas totalement adulte

nous a confié Camille Cottin, tout en ajoutant :

Même lorsque j'essaie d'imposer des règles à mes enfants, je le fais par devoir, mais je peine à me sentir pleinement adulte. Lorsque j'ai participé à l'émission du Papotin, l'un des intervenants avait rédigé un magnifique poème sur son refus de devenir adulte. Il avait établi un lien entre cela et le fait de perdre ses parents. La vie nous fait passer par des étapes qui nous rendent adultes, mais il existe des allers-retours. Ces régressions peuvent être salvatrices. Pour ma part, je navigue entre l'âge adulte et une forme d'adolescence tardive. Je conserve un sens des responsabilités, mais il est parfois difficile de maintenir une légèreté face au monde tel qu'il est aujourd'hui.

Toni, en famille
Toni, en famille © Studiocanal

En ce qui concerne sa carrière, Camille Cottin explique qu'elle n'a pas de stratégie préétablie :

Je pense que cela se reflète dans ma filmographie : je n'ai aucune stratégie particulière ! J'accepte les propositions telles qu'elles se présentent. Travailler à l'international, en anglais, avec des réalisateurs anglo-saxons, est quelque chose que je désirais profondément, et cela s'est produit de manière inattendue. Qui aurait pu prédire que Dix pour Cent connaîtrait un grand succès aux États-Unis ? J'accueille les propositions avec ouverture, et parfois certains rôles résonnent particulièrement avec ce que nous traversons à un moment précis de notre vie. C'est ce qui rend cette expérience si belle.

A-t-elle ajouté.

Pour conclure, Camille Cottin a évoqué son affection pour les premiers films et les jeunes réalisateurs :

J'aime beaucoup les premiers films, ainsi que l'enthousiasme des jeunes réalisateurs. Leur engagement et leur passion m'inspirent. Je m'épanouis en explorant des univers variés, en passant d'un projet à un autre, et en rencontrant des personnes très différentes. Même dans mes amitiés, je compte des personnes issues d'horizons divers, de milieux variés. Je tire une grande richesse de ces rencontres.

Prochainement, on retrouvera la comédienne à l'affiche des prochains films d'Emmanuel Mouret et Pierre Schoeller. Elle prépare par ailleurs une comédienne belge avec Benoît Poelvoorde.