Cannes 2014 : The Search, Palme d'Or ?

Cannes 2014 : The Search, Palme d'Or ?

Comment mettre des mots sur une telle expérience sensorielle ? The Search justifie à lui seul le cinéma tout entier. Il en démontre en force, ses qualités d'empathie, d’émotion, d’identification. Tellement plus puissant que l’actualité, la fiction quand elle est si talentueusement maîtrisée, nous fait vivre, ressentir, un drame réel auquel nous n’aurions pas le courage de penser. Un drame si proche de nous, et pourtant presque inconcevable.

C’est un film bouleversant, dès la première seconde, qui nous prend aux tripes, avec une dureté hors du commun. Nous n’allons pas disserter sur la nécessité politique d’un tel film, ses qualités de prise de conscience, mais plutôt sur ses trouvailles cinématographiques. Car Michel Hazanavicius, est un amoureux du cinéma américain, il en reprend les codes et les dépasse avec brio.

C’est d’abord un scénario extrêmement bien construit, la division du focus en cinq destins qui se rejoignent. Le cinéma américain est connu pour son efficacité, sa maîtrise du rythme, ici il transcende de subtilité et de précision. Le film nous plonge dans la réalité de l’horreur si frontalement, que chaque respiration, moment de rire, de légèreté, nous submerge de joie. C’est une grosse production ne l’oublions pas, mais ici, l’argent ne sert pas au luxe d’un casting cinq étoiles, mais à un raffinement de détails au niveau des décors, du son, des costumes, des figurants et des effets spéciaux parfois.

Le travail d’acteur lui aussi est brillant. Il vient d’une très forte complicité entre Abdul-Khalim Mamatsuiev, l’enfant tchétchène, et Michel Hazanavicius. Tout le début du film, il ne dit pas un mot ; le traumatisme, la désorientation, le plonge dans le silence, et il excelle dans cette forme du cinéma muet. Rien de burlesque, que de l’expression faciale, des sentiments intérieurs visibles dans le regard, Michel Hazanavicius, sait depuis The Artist parler du langage autrement que par la parole.

Oui, la guerre. En Tchétchénie. Le film commence par une voix off plutôt «comique», sur des images atroces. «Voilà la Tchétchénie, l’endroit le plus pommé du monde». Qui aurait envie d’y passer 2h30? C'est vrai que le film peut être difficile à digérer. Il peut être délicat et indécent de le voir en salle, dans de telles conditions de confort, sans pouvoir agir. Mais c'est un film nécessaire, qui se doit d'être vu, ne serait ce que pour vivre une expérience de cinéma sans précédent. Des sensations fortes. A voir absolument.

Pour (re)découvrir la bande-annonce :

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(22 mai 2014)