Cannes 2023 : on a vu "Project Silence", le nouveau "Dernier train pour Busan" ?

Cannes 2023 : on a vu "Project Silence", le nouveau "Dernier train pour Busan" ?

Le 76e Festival de Cannes proposait en Séance de minuit le film d'horreur coréen "Project Silence". Un film qui avait du potentiel mais qui n'a pas tenu ses promesses.

Project Silence, film coréen de minuit au Festival de Cannes

Il n'est pas rare que le Festival de Cannes mette à l'honneur le cinéma de genre coréen. Comme souvent, c'est en séance de minuit qu'on pouvait découvrir une œuvre un peu à part entre deux films de la compétition : Project Silence de Kim Tae-gon avec notamment Lee Sun-kyunJu Ji-hoon et Kim Su-an.

Avec Project Silence, on s'attendait à voir une série B fun et décomplexée à partir d'un pitch prometteur : un accident de voiture sur un pont, la circulation bloquée par un brouillard incessant et des créatures dangereuses prêtent à bondir sur les rescapés...

De cela, et après les premières minutes, on repense aisément à Dernier train pour Busan (présenté justement hors compétition en « Séances de minuit » au Festival de Cannes 2016). D'ailleurs, le hasard veut que Kim Su-an, la jeune enfant dans le film de zombie, interprète à nouveau une fille délaissée par un père plus occupé par son travail (joué lui par Lee Sun-kyun).

Une déception entre Dernier train pour Busan et La Planète des singes

L'écriture des personnages secondaires suit alors un schéma habituel jusque dans leurs introductions respectives. On y trouve un couple âgé, un dépanneur trop bavard pour amuser la galerie, ou encore une golfeuse professionnelle et son assistante. Puis, vient l'incident et la rapide révélation sur ce qui se trame. Des chiens militaires génétiquement modifiés ont été libérés dans l'accident et l'armée n'a plus aucun contrôle sur eux. Pire, l'un de ces animaux, bien plus qu'un leader, a l'intention de se venger.

Nous voilà dès lors du côté de La Planète des singes (2011), même si Kim Tae-gon n'est pas loin de sombrer dans le nanar. Il parvient tout de même à garder le cap pour ne pas franchir cette frontière, sans pour autant se montrer très convaincant. Le réalisateur ne parvient pas à instaurer une tension suffisante. Et il est à ce propos bien dommage de ne pas le voir utiliser le brouillard autrement que pour créer scénaristiquement des complications aux protagonistes bloqués sur le pont.

Project Silence ©KMBO
Project Silence ©KMBO

Mais au-delà de sa mise en scène sans grande saveur, c'est surtout dans la finalité de son histoire que le cinéaste semble passer un peu à côté de son sujet. D'un côté, il y a ce "héros". Un père qui met sa fille au second plan et dont les actes interrogent. Travaillant pour le futur président, il fera tout pour protéger l'image de son employeur. Quitte à mentir et à mettre en danger les civiles présents. Un personnage peu agréable pour lequel on n'aura pas empathie. Qu'importe ses rares moments de bravoure sans véritable cohérence ni crédibilité.

De l'autre côté, il y a au contraire ces chiens dont le passé a tout pour émouvoir. Mais n'allant jamais totalement de leur côté - à l'inverse des derniers films La Planète des singes -, Project Silence a de quoi décevoir. Et ce n'est pas avec un dernier plan forcé qu'on peut ressortir avec l'impression que le réalisateur cherche réellement à éveiller les consciences sur la cause animale.

Project Silence était présenté au 76e Festival de Cannes hors compétition.