Cannes 2024 : on a vu le Pretty Woman de la nouvelle génération et ça divise

Cannes 2024 : on a vu le Pretty Woman de la nouvelle génération et ça divise

Présenté en compétition officielle au 77ᵉ Festival de Cannes 2024, le film "Anora" de Sean Baker est une version moderne assumée de Pretty Woman qui déconstruit les clichés de la comédie romantique et du rêve américain à l'heure des sentiments factices. Un long-métrage qui pourrait bien se retrouver au palmarès samedi soir.

Anora : le Pretty Woman de Cannes 2024

Alors que le 77ᵉ Festival de Cannes est entré dans sa seconde semaine de compétition, et que le palmarès sera dévoilé le samedi 25 mai prochain, nous avons découvert Anora du cinéaste américain Sean Baker (Red Rocket), en lice pour la Palme d'Or.

Le film s'ouvre par une séquence dans un club de strip-tease new-yorkais. C'est là que travaille Anora, dite "Ani" (incarnée par Mikey Madison), une jeune femme qui gagne sa vie en vendant son corps à des hommes. Un soir, elle fait la rencontre d'Ivan, le fils d'un riche industriel russe, qui décide de s'offrir les services d'Ani pour une semaine complète. La jeune femme découvre alors un monde dont elle ignore tout, celui des ultra-riches, et commence à rêver d'une vie de luxe.

Sean Baker revisite la comédie romantique culte Pretty Woman avec des références assumées (la scène de tarification à la semaine est un quasi copier/coller du film original) mais va beaucoup plus loin, en montrant notamment de nombreuses scènes de sexe à l'écran. Ivan, jeune héritier, n'a pas grand-chose d'un Richard Gere, si ce n'est d'avoir un portefeuille bien rempli qui lui permet toutes les folies, y compris celles de demander Anora en mariage à Las Vegas, ce qui va plonger le film dans une autre dimension, lorsque les parents du jeune homme apprennent la nouvelle et vont tout faire pour annuler le mariage.

Comme Vivian (Julia Roberts) dans Pretty Woman, Ani n'embrasse pas sur la bouche, et utilise le sexe comme moyen de garder les autres à distance. On ne sait pas si elle ressent réellement quelque chose pour Ivan, ou s'il ne représente pour elle que le moyen de s'émanciper, et de gagner sa liberté.

Bien que le postulat de départ puisse évoquer les comédies romantiques classiques, Sean Baker transcende les clichés pour offrir une vision plus sombre et authentique. Contrairement à Pretty Woman, Anora refuse toute édulcoration de la réalité. Baker, fidèle à son style, dépeint le quotidien des travailleurs du sexe avec une honnêteté sans concession, rappelant davantage l'intensité de Uncut Gems des frères Safdie que la légèreté des rom-coms traditionnelles.

Des avis partagés

Lors de sa présentation officielle au Palais des Festivals, Anora a eu droit à une longue standing ovation de la part des spectateurs présents au Grand Théâtre Lumière. Mais le film a cependant divisé le public. Si certains lui octroient volontiers la Palme d'or, d'autres ont du mal à comprendre le geste de Sean Baker. Une chose est pourtant sûre : la jeune comédienne Mikey Madison n'a laissé personne indifférent. Le film se retrouvera-t-il au palmarès ?