Case départ : pourquoi le film n'a pas pu être tourné en Martinique ?

Case départ : pourquoi le film n'a pas pu être tourné en Martinique ?

Thomas Ngijol et Fabrice Eboué ont réalisé (avec Lionel Steketee) leur premier long-métrage avec "Case départ" (2011). Le film aurait dû être tourné en Martinique, mais a finalement été délocalisé à Cuba.

Case départ : le passage derrière la caméra de Thomas Ngijol et Fabrice Eboué

Sorti en 2011, Case départ est le premier long-métrage réalisé par le trio Thomas Ngijol, Fabrice Eboué et Lionel Steketee. Pour leur passage derrière la caméra, les trois comédiens décident de produire une comédie autour du thème du racisme et de l’esclavage. Ils imaginent alors deux demi-frères, Joël et Regis, qui n’ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine.

Joël (Thomas Ngijol) est au chômage et considère la France comme un pays raciste tandis que Regis (Fabrice Eboué) est totalement intégré. Alors qu’ils rendent visitent à leur famille dans les Antilles, une de leur vieille tante décide de leur faire remonter le temps, en pleine période de l’esclavage, pour leur donner une leçon qu’ils ne sont pas près d’oublier.

Thomas Ngijol et Fabrice Eboué - Case Départ ©Légende Films
Thomas Ngijol et Fabrice Eboué - Case départ ©Légende Films

Case départ a rencontré un succès populaire sans précédent pour Thomas Ngijol et Fabrice Eboué. Avec plus d’un million d’entrées sur le sol français, l’expérience a donné l’envie à Fabrice Eboué de multiplier les réalisations. Depuis, le comédien a mis en scène trois films : Le Crocodile du Botswanga (2012), Coexister (2017) et Barbaque (2021). Quant à Thomas Ngijol, il s’est lui aussi plié de nouvelles fois à l’exercice de la mise en scène avec Fastlife (2013) et Black Snake, La Légende du Serpent Noir (2017).

Un appel au boycott en Martinique

Si tout semble être idyllique pour le projet Case départ, Thomas Ngijol et Fabrice Eboué se sont pour autant cassé les dents sur un événement inattendu. En effet, durant le tournage du film, l’île de la Martinique a lancé un appel au boycott.

Initialement, Thomas Ngijol, Fabrice Eboué et Lionel Steketee devaient y poser leur caméra. Mais contre toute attente, la population locale était très réticente à l’idée d’accueillir l’équipe de Case départ. Notamment à cause du lien complexe qu’entretient l’île avec l’esclavage. Un sujet sérieux, avec lequel il ne vaut mieux pas rigoler. C'est en tout cas ce qu'avait expliqué Lionel Steketee dans le dossier de presse :

Au départ, nous voulions tourner en Martinique, mais certains békés - les descendants des grands propriétaires de l’époque - n’ont pas voulu qu’on tourne le film dans leurs propriétés. Les blessures sont toujours ouvertes. Nous n’avons pas eu le choix, et nous nous sommes tournés naturellement vers Cuba, où nous n’avons eu aucun problème.

Avec ce long-métrage, la production a souhaité faire rire, mais aussi faire réfléchir le spectateur, comme l’expliquait toujours Lionel Steketee dans le dossier de presse :

J'espère que les gens comprendront notre message, qu'il ne s'agit pas d'une comédie sur l'esclavage mais sur l'insertion, sur le racisme, sur l'état actuel des choses. J'aimerais qu'ils ressortent de la salle en se disant qu'ils ne sont pas juste allés voir une comédie pour se marrer. Qu'il y ait un peu une réflexion quand même.

Mais le scénario n’a pas convaincu les autorités de La Martinique, qui, selon elles, avaient un manque à gagner pour l’économie locale. Finalement, Case départ a été tourné à Cuba, sur une durée de 44 jours.