C’est ça l’amour : comment la réalisatrice Claire Burger s’est inspirée de son vécu ?

Un film poignant sur la parentalité

C’est ça l’amour : comment la réalisatrice Claire Burger s’est inspirée de son vécu ?

Dans "C’est ça l’amour", un père se retrouve seul avec ses deux filles après le départ de sa femme. Un drame qui fait écho au vécu de la réalisatrice Claire Burger, qui a effectué un retour aux sources lors du tournage.

C’est ça l’amour : une famille qui déborde

Avec son premier long-métrage Party Girl, co-réalisé avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis, Claire Burger dévoilait l’histoire d’une soixantenaire fêtarde qui décide de délaisser le monde de la nuit pour se consacrer à sa vie sentimentale et familiale. Sorti en 2019, C’est ça l’amour démarre à l’inverse sur une relation qui se termine.

Agent de la fonction publique à Forbach, Mario (Bouli Lanners) est désemparé lorsque sa compagne Armelle (Cécile Rémy-Boutang) le quitte après 20 ans de vie commune pour se retrouver. Leurs deux filles Niki (Sarah Henochsberg) et Frida (Justine Lacroix) réagissent de manière très différente à cette séparation. La première, âgée de 17 ans, épaule son père et aspire à l’indépendance, tandis que sa petite sœur, 14 ans, lui en veut et laisse éclater sa colère.

C'est ça l'amour
C'est ça l'amour © Mars Films

Malgré ses maladresses, Mario fait tout pour les comprendre, recherche l’apaisement et refuse la rancune envers son ex-femme, espérant même son retour. Drame poignant qui plonge le spectateur dans une famille qui se disloque, C’est ça l’amour fait preuve d’une justesse désarmante.

Un film très personnel

Une justesse qui doit énormément aux interprètes et au regard que la réalisatrice pose sur eux. Pour écrire ses personnages et leurs liens puissants, Claire Burger se nourrit de sa propre expérience. Elle tourne notamment dans sa ville natale de Forbach, et plus précisément dans la maison dans laquelle elle a grandi. Un retour aux sources qu’elle n’avait pas envisagé initialement, mais qui lui a ensuite paru évident. Durant la promotion, elle explique :

Je n’ai pas réussi à me résoudre à tourner ailleurs. Il y avait quelque chose d'émouvant et de réparateur pour moi dans le fait de filmer cet espace lié à mon enfance, d'y faire évoluer les acteurs. Je voulais parler avec le plus de sincérité et d'intimité possible d'une situation qu'on peut considérer comme banale, mais qui est dramatique pour beaucoup de familles au moment où elle survient.

La rupture entre Armelle et de Mario vient elle aussi du vécu de la cinéaste, qui a vu ses parents se séparer. Pour autant, Claire Burger a tenté au maximum de s’écarter de son ressenti, afin de pouvoir développer les différents points de vue ainsi que les émotions complexes et nuancées de ses protagonistes :

Pour raconter cette histoire, je devais sortir de ma subjectivité, imaginer comment cette séparation avait été vécue par les autres membres de ma famille. J'ai pris beaucoup de plaisir à libérer mes personnages de la question du réel ou de la vérité pour les amener à vivre leur propre histoire.

Le portrait d’un père sensible

S’il dépeint les réactions des quatre membres de la famille, C’est ça l’amour se penche davantage sur le regard de Mario, formidablement incarné par Bouli Lanners. Un père qui ressemble à celui de Claire Burger. La réalisatrice confie à son sujet :

Je voulais faire le portrait d'un homme délicat, sensible, tendre, loin des clichés de la virilité. J'ai été élevée par un homme comme ça. Pour le personnage de Mario, je me suis inspirée de mon père, dans sa personnalité, son rapport à la paternité et surtout à la transmission. C'est son éducation, et d'une certaine façon son féminisme, qui nous ont permis à ma sœur et moi je crois, de nous sentir fortes en tant que femmes, et ensuite pour ma part, légitime à vouloir devenir cinéaste.