Chasseuse de Géants : interview du réalisateur Anders Walter

Chasseuse de Géants : interview du réalisateur Anders Walter

Disponible en Blu-Ray, DVD et VOD depuis le 6 juin dernier, Chasseuse de Géants produit par Chris Columbus et Anders Walter raconte l’histoire de Barbara, une adolescente solitaire différente des autres, et en conflit permanent avec son entourage. Ses journées au collège sont rythmées par les allers-retours entre le bureau du proviseur et la psychologue. Aux sources de l’inquiétude des adultes qui veillent sur elle, il y a son obsession pour les Géants, des créatures fantastiques venues d’un autre monde pour semer le chaos. Armée de son marteau légendaire, Barbara s’embarque dans un combat épique pour les empêcher d’envahir le monde…

En février dernier, à l’occasion de sa présentation au Festival du film Fantastique de Gérardmer, nous nous sommes entretenus avec le réalisateur Anders Walter pour évoquer le film.

INTERVIEW

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

Après mon Oscar en 2014 (pour le court-métrage Helium NDLR), tout s’est accéléré. J’avais le même agent américain que Chris Columbus et il lui a dit de regarder mon film, qu’il a beaucoup aimé. Plus tard, Chris m’a envoyé le script de Chasseuse de Géants et je suis tombé amoureux de l’histoire et du personnage de Barbara. Au départ il voulait réaliser le film, mais ils ont tellement aimé le trailer et les premières scènes que j’ai tournés au Danemark que j’ai eu le job et je suis parti à L.A.

Le passage du court au long a-t-il été compliqué ?

En fait c’était surtout stressant de me dire que je dépensais beaucoup l’argent des autres (rires). Je m’étais mis une pression de dingue, je voulais bien faire et j’avais peur de me faire virer. Heureusement ce stress s’est rapidement envolé et je me suis mis à travailler. Ça reste une expérience similaire, on dialogue beaucoup avec les membres de l’équipe, avec les acteurs. En fait c’est surtout plus difficile moralement et physiquement car le tournage est plus long. Dès qu’on a commencé à tourner les premières scènes, toute la pression est retombée et on a foncé.

Chris Colombus est une légende dans le domaine des films pour enfants, comment s’est passée votre collaboration ?

Comme c’était mon premier film hollywoodien, j’avais un peu peur que Chris soit trop sur mon dos et qu’il ne me laisse pas développer mes idées, mais tout s’est très bien passé. Il me laissait énormément de liberté tout en me donnant des conseils sur le casting et sur des petits détails. C’était vraiment une bonne surprise.

Le livre de Joe Kelly est très visuel, l’adaptation a t-elle été compliquée ?

En fait j’avais surtout envie de me concentrer sur le personnage de Barbara et d’en faire plus un drame qu’un film de science-fiction. Je voulais garder le film dans le monde réel et pour cela il y a des détails du livre que je n’ai pas gardés. Je tenais vraiment à me focaliser sur les relations entre les personnages car c’est avant tout ce qui m’a touché dans l’histoire. Et puis le budget du film n’était pas énorme donc nous ne pouvions pas non plus avoir trop d’effets spéciaux.

Racontez-nous votre collaboration avec Joe Kelly.

On a travaillé en étroite collaboration car Joe n’a jamais voulu céder ses droits, il voulait faire un bon film. Il a donc signé le scénario et il faisait confiance à l’équipe. Il a fait un boulot fantastique. Il était très impliqué et aurait pu me virer à tout moment (rires). Joe et moi sommes devenus de très bons amis, on s’est vraiment compris, on était sur la même longueur d’ondes. Il est venu sur le tournage, il était très respectueux et je l’ai aussi été avec son script. J’ai enlevé quelques pages et il a respecté mes choix. Je me suis un peu éloigné de lui vers la fin pour me consacrer sur mon ressenti.

Barbara, la petite héroïne a un look d’enfer ! Comment l’avez-vous imaginé ?

Elle avait déjà les oreilles de lapin dans le bouquin. Ses oreilles bougent dans le livre en fonction de ses émotions mais ça ne fonctionnait pas dans le film. Je trouve que ça définit bien son univers. Dans l’oeuvre originale l’histoire se déroule en été mais j’avais envie de situer mon histoire en automne, au bord de la mer. Il a donc fallu adapter son look. Je la voyais comme une petite fille très proche des éléments, qui n’a pas peur de se salir. C’est une petite guerrière qui ramasse des coquillages et qui met des protèges genoux. Son look fait partie intégrante du personnage.

C’est rare de voir une petite fille à la tête d’un film fantastique.

C’est ce qui m’a le plus emballé quand j’ai lu le script, il n’y avait que des personnages féminins qui se débrouillaient très bien sans hommes. Il n’y avait pas encore eu cette révolte des femmes de l’industrie, mais on peut dire que le film sort au bon moment. Barbara me rappelait beaucoup Matilda dans Leon, et je m’en suis d’ailleurs énormément inspirée. J’adore son côté rebelle et intrépide.

Le film sort après « Quelques Minutes Après Minuit » de J.A. Bayona, qui a une histoire similaire. Était-ce un handicap ?

Je n’ai pas vu le film, ni lu le livre, mais évidemment je suis au courant de l’histoire. On a commencé la pré-production du film en même temps que celui de Bayona, et j’entendais ça et là que les histoires étaient similaires. Mais je me disais qu’il faudrait peut être des années avant que notre film ne sorte. Alors j’ai foncé, j’adorais l’histoire. Je n’ai pas voulu lire « Quelques Minutes Après Minuit » qui est d’ailleurs paru 4 ans après « Chasseuse de Géants ». Nous avons été malchanceux que les deux films sortent à quelques mois d’intervalle et nous ne pouvons évidemment pas éviter la comparaison mais c’est comme ça.

Comment s’est déroulé le travail avec les enfants ?

Il est important d’être proche d’eux, de ne pas trop intellectualiser. Il faut plutôt devenir amis, se mettre à leur niveau pour avoir leur confiance. Madison (l’interprète de Barbara NDLR) avait une idée bien précise du personnage et je l’ai écoutée attentivement, c’était très inspirant. Je parlais avec elle des scènes, on a répété, mais je l’ai laissée libre. Les premières prises étaient souvent les meilleures. Il faut être plus concis avec les enfants qu’avec les adultes et ne pas trop les solliciter avec plein de conseils. Il faut choisir les bons acteurs au moment du casting, c’est le plus important lorsque l’on tourne un film, sinon le travail est trop difficile.