Un rapport propose de raccourcir la période d'exclusivité des salles

Un rapport propose de raccourcir la période d'exclusivité des salles

Ramener de 4 à 3 mois la période d'exclusivité dont disposent les cinémas pour diffuser la plupart des films : c'est l'une des principales propositions d'un rapport commandé par le gouvernement pour moderniser le système dit de la chronologie des médias.

Ce rapport dont les grandes lignes avaient été divulguées dans la presse ces derniers jours propose globalement de "raccourcir toutes les séquences d'exploitation (des oeuvres cinématographiques, ndlr)" et, "par voie de conséquence, les durées d'exclusivité théoriques" des différents canaux de diffusion, selon une synthèse présentée ce vendredi aux parties prenantes et que l'AFP a pu consulter.

Ainsi, la période d'exclusivité pour les salles après la sortie d'un film serait réduite à 3 mois "pour une large majorité des films".

La diffusion sur les plateformes de vidéo en ligne sur abonnement serait avancée de 7 mois, à 15 mois après la sortie en salle, mais uniquement pour celles dites "vertueuses", c'est-à-dire qui respecteraient une série d'engagements assez stricts en termes de financement de la création française. Des conditions que les groupes américains tels que Netflix ou Amazon sont loin de remplir.

Les plateformes non vertueuses verraient quant à elles leur période de diffusion commencer 27 mois après la sortie en salle, contre 36 mois actuellement.

Le système français dit de la chronologie des médias, qui encadre les délais de diffusion des films entre les différents modes d'exploitation - en salle, à la télé, sur les plateformes en ligne... - prévoit qu'un film sorte d'abord au cinéma, quatre mois après en DVD ou en vidéo à la demande à l'acte (VàD) et au bout de dix mois à la télévision. Il peut être diffusé sur une plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) 36 mois après sa sortie.

Ce système est considéré comme rendu en grande partie obsolète par l'essor du piratage et des plateformes de SVOD comme les Américains Netflix et Amazon, dont les pratiques bouleversent totalement ces règles.

Netflix avait fait scandale l'an dernier au festival de Cannes en refusant de diffuser en salles le film Okja qu'il avait lui-même produit, pour pouvoir le fournir sans délai à ses abonnés.

Mais les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel ont échoué jusqu'ici à adopter de nouvelles règles.

Pour tenter de débloquer la situation, la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait confié en octobre une mission de médiation à Dominique d'Hinnin, patron d'Eutelsat et ancien dirigeant du groupe Lagardère, et à François Hurard, ex-directeur du cinéma au CNC.

Les deux médiateurs recevront les réactions à leurs propositions jusqu'au 19 mars. En cas de consensus favorable, ils remettront un rapport final début avril, mais dans le cas contraire, ils mettront un terme à leur mission.