Dancer in the Dark : le calvaire de Björk sur le tournage

Elle n'a plus jamais voulu jouer dans un film après

Dancer in the Dark : le calvaire de Björk sur le tournage

Même si elle a raflé à Cannes le prix d'interprétation féminine pour son rôle dans "Dancer in the Dark" de Lars von Trier en 2000, Björk a vécu un cauchemar sur le tournage, allant même jusqu'à accuser le réalisateur de harcèlement sexuel, 17 ans plus tard.

Dancer in the Dark : le choc ciné de l'an 2000

Le 17 mai 2000, il y a quasiment vingt-deux ans jour pour jour, le réalisateur danois Lars von Trier présentait en compétition officielle son nouveau film, Dancer in the Dark, au 53ème Festival de Cannes.

Quelques jours plus tard, le 21 mai, le film était couronné de la Palme d'Or et du Prix d'interprétation féminine pour Björk. Il s'agissait de son premier grand rôle au cinéma.

Dancer in the Dark
Dancer in the Dark © Les Films du Losange

En plus d'interpréter le rôle principal du drame, Björk avait également signé la bande-originale du film. Mais cette dernière ne garde absolument pas un bon souvenir de cette expérience, bien au contraire.

Une expérience compliquée

Depuis le début du projet, le réalisateur danois avait une idée précise : que Björk interprète le rôle de Selma dans son film. Pour une raison simple : il aurait eu l'idée du scénario en regardant le clip It's oh so quiet réalisé par Spike Jonze.

Ainsi, en plus de lui demander de signer la musique, Lars von Trier avait insisté pour que Björk en soit le rôle principal, allant même jusqu'à faire du chantage.

En effet, au moment de la présentation du long-métrage à Cannes, elle confiait dans une interview au magazine Les Inrockuptibles :

Pendant des mois, j’ai tenu bon, j’ai refusé de jouer, me contentant de composer et lui répétant qu’il ferait mieux de penser à une vraie actrice. Mais au bout de deux ans, il m’a dit qu’il abandonnerait le film si je ne jouais pas dedans. Moi, j’avais déjà composé toutes les musiques et il m’a eue au chantage. Je n’avais pas envie de voir deux années de travail partir en fumée. Ça a été une période très difficile.

Toujours pour les Inrocks, Björk était revenue sur cette expérience de jeu qu'elle jugeait douloureuse, et qu'elle n'avait plus jamais envie de renouveler :

De tous les points de vue, cette expérience a été catastrophique pour moi. Me retrouver sur un plateau, entouré de centaines de personnes, jour après jour, quel cauchemar ! Chaque matin, je me réveillais et ils étaient là, sous mon nez, tous (...) Après une expérience aussi dramatique que celle que j'ai vécue en tant qu'actrice, j'ai envie de me replier à nouveau sur moi-même. J'ai détesté faire l'actrice. Vraiment, j'aurais dû me contenter de la musique.

Des accusations graves

Après l'expérience Dancer in the Dark, Björk n'a plus rejoué dans un film (jusqu'à cette année, où elle fait une brève apparition dans The Northman).

Mais en 2017, à l'aune du mouvement #MeToo, elle avait fait des révélations graves à l'encontre de Lars von Trier.

Björk dans The Northma
Björk dans The Northman © Universal Pictures

En effet, en octobre 2017, dans un post Facebook, elle souhaitait évoquer son "expérience avec un réalisateur danois" (elle ne le nommait pas directement, mais il s'agissait du seul réalisateur danois avec lequel elle avait collaboré).

Elle déclarait ainsi :

Toutes les femmes qui osent s'exprimer à travers le monde m'ont inspirée à raconter mon expérience avec un réalisateur danois. J'ai pris conscience que le fait qu'un réalisateur puisse toucher et harceler ses actrices à volonté et que l'institution du cinéma le permette était universel. Comme je repoussais à maintes reprises le réalisateur, il boudait et me punissait et donnait à son équipe l'impression que j'étais la personne à problèmes.

Le lendemain de la publication de ce texte, Lars von Trier s'était défendu face aux accusations de Björk dans le quotidien danois Jyllands-Posten et avait assuré qu'il n'y avait eu aucun harcèlement sexuel de sa part. Il avouait tout de même qu'ils n'étaient "vraiment pas amis".

Mais au troisième jour de ces attaques par écrans interposés, Björk avait donné des détails sur ses accusations. Ainsi, elle dénonçait dans un nouveau post Facebook six situations de harcèlement sexuel dont elle avait été victime :

Après deux mois, je lui ai dit de cesser de me toucher, il a explosé et a cassé une chaise devant tout le monde sur le plateau, comme quelqu'un qui a toujours été autorisé à caresser ses actrices, puis nous sommes tous rentrés chez nous (...) pendant toute la durée du tournage, il y avait sans cesse des situations gênantes et paralysantes de propositions sexuelles non consenties chuchotées à l'oreille, parfois en présence de sa femme.

Dix-sept ans après la sortie de Dancer in the Dark, Björk avait conclu ce témoignage en regrettant la façon dont la presse de l'époque l'avait traitée, la faisant passer pour une folle, qui avait même "dévoré un t-shirt".