Paramount, l'une des plus grandes sociétés de production cinématographique américaines, a annoncé mercredi la fin d'un accord de financement avec le groupe chinois Huahua Media, en raison des restrictions réglementaires imposées par Pékin.
Paramount avait signé début 2017 un accord de trois ans avec Shanghai Film Group (SFG) et Huahua Media, basé à Pékin, pour cofinancer et coproduire ses films. Selon la revue spécialisée Variety, cela devait se traduire par un investissement d'un milliard de dollars de la part des groupes chinois.
Cet accord devait, selon Paramount, couvrir le financement de 25% de ses films entre 2017 et 2019. Mais cette alliance est finalement tombée à l'eau :
Paramount Pictures et Huahua Media ont mutuellement décidé de mettre un terme à leur accord de financement (...) suite aux changements de la politique chinoise en matière d'investissements à l'étranger
A indiqué le studio américain dans un communiqué.
Paramount a assuré s'être entendu avec d'autres partenaires, dont le fabricant de jouets Hasbro, pour boucler le financement des films prévus en 2018 et 2019.
Pékin met le holà
Huahua Media, un producteur ayant déjà travaillé avec Paramount pour promouvoir ses films en Chine, de Transformers 4 à Star Trek 3, n'était pas joignable dans l'immédiat. L'accord semblait constituer un nouveau symbole de la volonté de Pékin d'étendre son influence à Hollywood, après l'acquisition en 2016 du studio Legendary (Jurassic World) par le conglomérat Wanda pour 3,5 milliards de dollars. La Paramount était une prise de choix : elle fait partie des studios historiques de Hollywood et a produit des succès comme Titanic, Le parrain, Indiana Jones, Mission Impossible ou Transformers... très populaires en Chine.
Mais depuis fin 2016, Pékin fustige la frénésie "d'investissements irrationnels" des entreprises chinoises à l'étranger, dans des domaines jugés non stratégiques, dont le divertissement, et souvent largement à crédit. Inquiet de l'envolée de l'endettement généré par ces investissements et soucieux d'endiguer l'hémorragie des capitaux hors du pays, le régime a durci les règles sur ces opérations, désormais soumises pour la plupart au feu vert des régulateurs.
L'abandon de l'investissement chinois dans Paramount est dévoilé alors que le président américain Donald Trump s'apprête à entamer mercredi à Pékin sa première visite en Chine. Il intervient par ailleurs alors que les studios Paramount, qui accumulent les pertes, cherchent à rebondir après avoir souffert ces dernières années d'un manque de blockbusters et de plusieurs échecs.