Deauville 2023 : ce qu'on retient de la 49e édition du Festival du cinéma américain

Deauville 2023 : ce qu'on retient de la 49e édition du Festival du cinéma américain

Retour sur la 49e édition du Festival du cinéma américain de Deauville, marquée par l'absence de star, mais avec une sélection de films intéressante pour les festivaliers. (Crédit image de une Olivier Vigerie – Camille Fermon)

Deauville 2023, festival du cinéma américain, mais pas que

Le 49e Festival du cinéma américain de Deauville s'est déroulé du 1er au 10 septembre. Durant une dizaine de jours, les festivaliers ont pu découvrir une variété de films américains, entre œuvres indépendantes et avant-premières de prestige, comme May December, porté par Natalie Portman et Julianne Moore (voir notre critique), ou le nouveau film de Luc Besson, DogMan (pas une grande réussite, mais un événement tout de même).

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C'était également l'occasion de voir plusieurs longs-métrages français et internationaux, venus pour certains du partenariat avec le Festival de Cannes et projetés dans la section L'heure de la croisette. C'est ainsi que le public a pu découvrir le superbe film italien L'Enlèvement de Marco Bellocchio, et la belle romance en finlandais Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki.

Ce n'est donc pas uniquement l'anglais qui s'est fait entendre durant ces quelques jours. Et ce, même au sein des films américains. La sélection de cette année mettant en avant différentes cultures pour présenter, dans le cas des films américains, un panel large de ce qui compose l'Amérique. Ainsi, la compétition de Deauville 2023 s'est ouverture avec le très beau premier film Past Lives, ou la romance impossible entre une femme d'origine coréenne installée à New York et son ami d'enfance qui vit à Séoul (notre avis).

Past Lives ©ARP
Past Lives ©ARP

Il en va de même avec l'étonnant Fremont (Prix du Jury ex æquo), qui propose de suivre une réfugiée afghane qui tra­vaille dans une fabrique de for­tune cookies et qui peine à s'acclimater. Une comédie dramatique en noir et blanc pouvant rappeler Jim Jarmusch et qui se sublime dans ses derniers instants.

Enfin, notons le thriller dramatique Fancy Dance, porté par une solide Lily Gladstone, qui suit une Amérindienne et sa nièce après la disparition de la mère de cette dernière. Sans oublier en avant-première cannoise le glaçant La Zone d'intérêt, film américain de Jonathan Glazer, en allemand et tourné en Pologne, qui présente la Shoah de manière unique en suivant le quotidien d'un officier d’Auschwitz et de sa famille.

Le rapport au corps, une des thématiques de la 49e édition

Cette année à Deauville, il aura également été intéressant de noter des thématiques et des représentations très actuelles. Le rapport au corps et à la sexualité étant questionné de deux manières bien différentes dans La Vie selon Ann et Fitting In.

Le premier est un film peu agréable, mais intéressant par son approche, présentant une femme adepte de la soumission et qui évolue dans un quotidien morne et ennuyeux. De ce sujet, le résultat aurait pu être sulfureux, mais c'est justement la volonté de la réalisatrice et actrice Joanna Arnow de montrer de la nudité sans aucun érotisme qui s'avère pertinent.

Fitting In - ©Nice Picture Inc.
Fitting In - ©Nice Picture Inc.

De son côté, Fitting In a une approche plus classique et facile d'accès dans sa forme, mais son sujet demeure important. Le film mettant en scène une adolescente qui apprend qu'elle ne dispose pas d'utérus. Elle ne pourra donc pas avoir d'enfant, et la jeune fille s'interroge alors sur sa sexualité, son désir et l'amour.

N'ayant également pas un vagin suffisamment développé, les médecins lui donneront des consignes pour l'élargir par elle-même, seule solution d'après elle pour avoir des rapports intimes avec son petit ami. Fitting In montre alors qu'il n'y a pas de corps type, qu'une règle à suivre tandis que l'adolescente apprendra à se réapproprier son corps.

Des rares coups de cœur

Enfin, cette année le Festival de Deauville était malheureusement dépourvu de stars américaines en raison de la grève à Hollywood. Même si Emilia Clarke a pu venir recevoir son Prix du Nouvel Hollywood, les absences se sont fait ressentir à l'extérieur du festival, mais pas dans les salles, avec un public toujours au rendez-vous pour la majorité des séances.

Dommage alors que la compétition n'ait pas été un peu plus mémorable, avec seulement quelques rares pépites, tel qu'Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, superbe film queer où deux adolescents mexicains d'El Paso explorent leur amitié.

Blood for Dust ©Originals Factory
Blood for Dust ©Originals Factory

Malgré cela (et Past Lives, évoqué précédemment), la compétition est restée un peu trop convenue avec plusieurs drames inoffensifs. Ce qui a cependant permis au film noir Blood for Dust de briller davantage par son efficacité du genre (notre avis), et à la comédie western Laroy de s'adjuger la majorité des prix. N'oublions pas enfin les quelques avants-premières qui sont sorties du lot, à l'image des sympathiques The Pod Generation avec Emilia Clarke et She Came to Me avec Peter Dinklage et Anne Hathaway.