Découvrez le Festival Cinéma Nouvelle Génération De Lyon...

Le cinéma a franchi une étape grâce à la technologie numérique, Marc Ferrieux, directeur artistique du 3e Festival International Cinéma Nouvelle Génération De Lyon en est intimement convaincu. Il parle d’une nouvelle génération de gens de l’image, la génération de l’écran unique pour télé, vidéo, internet, surveillance, etc…
Commeaucinema.com a voulu en savoir plus…

Le Festival Nouvelle Génération de Lyon, c’est quoi ?

Ça se passe du 16 au 20 juin à Lyon, c’est un festival accès sur le cinéma numérique. Mais attention, ce n’est pas un festival technologique ; ce que nous voulons, ce n’est pas défendre le numérique à tout prix. Pour nous le numérique est plutôt un outil pour défendre une nouvelle création cinématographique. Festival Nouvelle Génération, c’est une nouvelle génération de films qui existent grâce à cette révolution numérique qui vient de la légèreté de la production et de la légèreté de la diffusion.

On arrive à la troisième édition, qu’est-ce qui va se passer du 16 au 20 juin ?

Le mercredi soir, le 16 juin, il y a une soirée d’ouverture Place des Terreaux, c’est la grande place de Lyon, qui est à côté de l’Hôtel de Ville. C’est une place qui est bien refermée, c’est à la limite une grande salle de cinéma en plein air, et on a un écran géant de 20 mètres de base qu’on gonfle et on fait des projections toute la soirée : un florilège de tout ce que le public pourra découvrir pendant tout le festival. La soirée est ouverte à tous et gratuite.
Ensuite, du jeudi au dimanche, pendant toute la journée, de 10h du matin à minuit, il y a des projections à l’intérieur, dans un lieu qui s’appelle l’Embarcadère, qui se trouve en bord de Saône, et qu’on a équipé de deux salles de projections ouvertes au public. Les prix sont extrêmement peu chers : 2 euros la séance, 5 euros le passe journée, et 15 euros le pass festival. Et chaque soir, à côté de l’embarcadère, il y a un amphithéâtre où on met un écran gonflable en bord de Saône. Et là, ce sont des projections en plein air, publiques et gratuites tous les soirs. Puis le samedi soir, clôture.

Dites-nous, en quoi le support crée une nouvelle base artistique ?

On l’a assez vu sur certains films, du genre des films dogmes, danois, et pas mal d’autres films maintenant. Pour cette 3e édition, j’ai visionné à peu près 800 courts métrages et 100 longs métrages, des films DV la plupart du temps, et quelques-uns uns en HD. Une bonne partie des films n’ont effectivement pas un grand intérêt pour nous dans le sens où ils ont été tournés en numériques, mais ils auraient pu être tournés en 35 mm. Ca ne nous intéresse pas.

Ce n’est pas souvent le but du numérique, justement, de baisser les coûts ?

Oui, bien sûr, c’est une possibilité de baisser les coûts, mais c’est surtout l’idée de se dire que c’est adapté, le numérique, à un nouveau cinéma, à une nouvelle écriture du cinéma, à une nouvelle problématique de relation avec les personnages, les acteurs, une nouvelle possibilité de raconter d’autres histoires. Le festival est aussi basé sur le concept de films différents dans des lieux différents. Les films différents ; on prend les films qui utilisent le numérique et qui essayent de créer quelque chose. Les lieux différents ; c’est la première fois cette année où nous allons éviter totalement les salles de cinéma : nous allons faire des projections uniquement dans d’autres lieux, en plein air, mais aussi des projections dans un lieu qu’on équipe totalement de projecteurs numériques.

Revenons à la réalisation et à ces films numériques, en pratique, quelles sont ces nouvelles possibilités offertes par le numérique ?

Ce qui est intéressant, c’est qu’avant le numérique, un réalisateur mettait deux ans pour faire son court métrage, pour des problèmes financiers, de réunion d’équipe, de disponibilité…etc… Au bout du compte le réalisateur faisait 1 film, 1 court métrage de 10 minutes. Maintenant, grâce à la légèreté de la production numérique et des courts métrages par exemple. Un réalisateur peut faire peut être trois films dans l’année. La formation est ainsi beaucoup plus rapide. Je l’ai constaté sur trois ans. La première année je recevais beaucoup de films : il y avait des films totalement amateurs, dans le mauvais sens du terme. Maintenant, c’est très étonnant, mais il y en a de moins en moins. Donc soit ces personnes savent qu’ils ont pu faire un film, ce qui n’était pas le cas avant car ça coûtait trop cher, et qu’il y avait une sélection par le talent en plus que par l’argent et les connaissances. Maintenant la possibilité est plus importante de s’améliorer assez rapidement. Ca, c’est une amélioration technique. Une fois qu’on arrive justement à maîtriser l’outil, les réalisateurs vont pouvoir plus facilement ensuite se libérer de cette contrainte de l’outil et être libres artistiquement pour pouvoir réaliser et raconter d’autres histoires.

Quelles sont ces nouvelles tentatives, ces nouvelles histoires ?

C’est extrêmement large, et c’est même très subjectif, mais ce sont des sujets qui sont souvent pour l’instant plus proche du carnet intime, de l’humain, de réflexions…ou autres, mais qui sont plus proches de ce qu’on peut appeler la fiction réalité, proche du documentaire.
Il faut arriver à raconter autre chose. Quoi ? C’est très varié ! Mais il y a moins de barrières et on ressent une certaine liberté.
C’est la révolution du numérique qui apporte ça. C’est vraiment l’accessibilité, la démocratisation de l’outil qui a permis à tout le monde d’y arriver, à beaucoup de s’améliorer assez vite.

A Lyon, c’est donc ce côté fiction du réel qui vous intéresse, plus que le cinéma fait par ordinateur ?

Effectivement, c’est plutôt ça. Nous ça nous intéresse un jour ou l’autre si on arrive à avoir Shrek 3 un jour en première, ça serait bien de le montrer en plein air car c’est aussi ça le cinéma numérique. Mais c’est pas ce qu’on défend véritablement, et on le mettra toujours hors compétition. C’est pareil pour le cinéma HD encore très cher et surtout basé sur les grandes productions hollywoodiennes, françaises ou autres. Il n’y a pas d’intérêt, de révolution du cinéma avec la HD. Nous ce qu’on défend, c’est plutôt le cinéma DV dans le sens cinéma léger qui peut s’adapter assez rapidement à tout, être réactif sur des tournages et pas avoir forcément six ans de préparation, de recherche de financement, de préparation technique artistique.

Et tout cela donne une nouvelle génération...

Je pense que oui, il y a une nouvelle tendance dans le sens où les auteurs sont en train de créer autre chose, et le public, qui est de la même génération, a envie aussi de voir ces nouvelles choses. Ca se suit. C’est la même génération,
C’est la nouvelle génération du cinéma. C’est une génération touche-à-tout. Les mecs sont à la fois des pros de jeux vidéos, des cinéphiles –je ne sais pas de quelle manière on peut appeler ça-, mais aussi des mecs qui sont intéressés par l’art contemporain. C’est la génération de l’image, avec un grand I, où il n’y a plus qu’un seul écran pour l’ordinateur, la télé, les jeux vidéos, Internet… C’est la convergence des images et des médias qui fait que le public a envie de découvrir de nouvelles images.

Propos recueillis par Pablo Chimienti

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